Rassemblons sans relâche pour une autre politique
L’été 2014 aura décidemment douché tous les espoirs du Président de la République et de son Gouvernement, qui a dû démissionner, sur un terrible constat d’échec, cinq mois après son entrée en fonction. La morosité climatique n’y est pas pour grand chose, tant les nuages noirs de l’austérité budgétaire et les cadeaux faits à la finance ont produit leurs effets. On pourrait d’ailleurs tirer un premier bilan des derniers privilèges accordés au patronat début 2014. Car le résultat ne s’est pas fait attendre : une hausse de 30 % des dividendes versés aux actionnaires au deuxième trimestre… alors même que les grandes entreprises françaises touchaient quelques 7 milliards du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Ne cherchez pas ! Ce que les communistes et le Front de Gauche n’ont eu de cesse de dénoncer est arrivé : plus on exonère les grandes entreprises et leurs actionnaires de leur responsabilité économique et sociale, plus on laisse libre court à leur boulimie financière.
Le plus inquiétant dans cette gabegie d’argent soutiré aux salariés, ce sont bien les effets qui en découlent pour l’ensemble des Françaises et des Français. Des salaires et une consommation en berne, des dizaines de milliers de personnes supplémentaires privées d’emploi, une pauvreté qui explose, une économie en panne. Mais le plus dangereux, c’est d’entendre et de voir les promoteurs de cette politique au service de la finance faire leur rentrée politique avec les mêmes recettes libérales, et procéder à un remaniement ministériel dans le seul objectif d’aller toujours plus loin, toujours plus vite dans l’erreur. En plus de rendre l’immense majorité des Français plus pauvre, la finance rendrait donc aveugle et sourd ceux qui la soutiennent !
Au regard des faits, la bataille politique prioritaire à mener est bien la lutte contre le coût exorbitant du capital. Ou devrais-je plutôt dire, contre les coûts du capitalisme financier tant ils sont nombreux, des salaires indécents aux profits démesurés. Car les moyens d’une véritable relance de notre économie sont d’abord là, dans les 300 milliards d’euros versés annuellement en dividendes aux actionnaires et en intérêts aux banques. Plutôt que de continuer à nourrir le pillage de richesses produites en courbant l’échine à chaque nouvelle demande du MEDEF, il est urgent de revenir à la raison économique.
Car la France n’a pas besoin de nouvelles coupes budgétaires. Elle a un besoin urgent de nouveaux investissements dans ses services publics, dans sa recherche, dans son système d’éducation et de formation, dans l’accompagnement d’investissements d’avenir et d’infrastructures performantes. Les Françaises et les Français n’ont pas besoin d’une sécurité sociale au rabais, affaiblie par la baisse de ses cotisants et privée des moyens de répondre à leurs souffrances ; ils ont besoin d’une protection sociale renforcée par des emplois plus nombreux, par plus de cotisants et par une mise à contribution du capital. Le pays n’a pas besoin d’une réforme territoriale qui l’amputera de la vitalité de ses territoires et de l’investissement des collectivités ; il a besoin d’une démocratie locale renouvelée, proche des citoyens, et qui réponde à leurs besoins.
Lutter contre le coût du capital, s’attaquer frontalement à l’évasion fiscale et aux gâchis financiers, mener une grande réforme fiscale au service d’un impôt juste et progressif, créer des emplois utiles dans les services publics, dans l’industrie, dans la recherche, planifier et assurer les moyens d’une transition écologique vertueuse… voilà les grands axes d’une politique que l’ensemble de la gauche devrait porter et qui redonnerait les moyens d’une véritable relance. Alors que l’Assemblée nationale va reprendre ses travaux avec un gouvernement marqué par une droitisation accrue, c’est sur ces sujets déterminants que les députés communistes et du Front de gauche, fidèles à leurs engagements, continueront de porter leurs efforts. C’est sur ce terrain-là qu’ils continueront d’appeler à converger à gauche, à mobiliser toutes les volontés au service du redressement du pays, à rassembler sans relâche pour une autre politique que celle de l’austérité.