Agriculture : halte au déni de crise libérale !

Publié le par André Chassaigne

 Les producteurs de fruits et légumes français sont dans le rouge. Le ministre de l’Agriculture vient de répondre par une énième mesure d’exonération de cotisations patronales sur les bas salaires. Mais ces soutiens au coup par coup ont bien du mal à soulager les victimes de ce qu’il faut bien appeler une véritable crise agricole européenne. Car la chute des cours touche un nombre croissant de productions : viande bovine, lait, beurre, céréales… Avec les 240 millions d’euros d’aides au retrait du marché ou au stockage dégagés pour la filière fruits et légumes en Europe, on ne répond pas aux problèmes de fond qui minent l’agriculture européenne.

 Ainsi, les difficultés de revenus et de trésorerie qui s’accumulent pour plusieurs millions d’exploitations européennes ne peuvent être évacuées par de simples gestes ou soutiens d’urgence. Au risque de se répéter, il est indispensable de réaffirmer qu’au-delà des contrecoups de l’embargo russe sur certaines productions, les producteurs français récoltent aujourd’hui les fruits de la libéralisation forcenée des marchés, poussée depuis 20 ans par la Commission européenne.

 Ce qui ruine l’avenir des paysans européens, c’est d’abord l’inconscience des décideurs à Bruxelles. Quel paradoxe en effet de voir le Conseil des ministres de l’Agriculture se préoccuper subitement de la gestion des volumes, quand les dirigeants européens et les commissaires successifs ont défendu des années durant la liquidation de tous les outils de régulation des volumes et des prix ! Et quel déni de volonté que de se préoccuper uniquement de compenser les pertes, sans jamais s’attaquer à la formation des prix et à la répartition de la valeur ajoutée au sein des filières agricoles !

 La seule réponse à la crise que nous vivons ne peut objectivement résider dans la mise en place des mêmes palliatifs qui sont accordés à l’agriculture depuis 20 ans. Il faut refuser le déni de crise libérale pour dégager une vision d’avenir pour l’agriculture européenne. Seule une refondation de la politique agricole commune, centrée sur le retour d’une régulation publique des marchés, des volumes et des prix d’achat, est aujourd’hui à même de maintenir nos capacités de production, l’emploi agricole et rural et de concrétiser un nouveau modèle d’agriculture durable.

 Au niveau national, c’est maintenant qu’il faut changer de cap et regagner des marges de manœuvre politiques face à la toute puissance des grands acteurs économiques et financiers. Les pouvoirs publics ne peuvent plus laisser les producteurs subir des prix d’achat souvent inférieurs aux coûts de production. Pour la distribution, la croissance des importations est une véritable stratégie de fond pour compresser toujours plus les prix d’achat aux producteurs. Dans ce cadre, il ne suffit pas d’en appeler à la simple « responsabilité » pour « ne pas spéculer sur une baisse des cours ». Ce que veulent nos producteurs qui voient les prix plonger, ce sont des mesures concrètes et efficaces pour ne pas mettre la clé sous la porte. La garantie des prix d’achat, notamment, doit être prise en urgence. Elle n’a sans doute jamais été d’une si urgente nécessité. C’est ce type d’annonces courageuses que les agriculteurs français attendent, ce jeudi 2 octobre, de la bouche du Ministre de l’Agriculture, au Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand.*

 

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Je serai à la rencontre des agriculteurs sur le sommet de l'élevage à Clermont-Ferrand, vendredi 3 octobre à partir de 15 h 30.

Agriculture : halte au déni de crise libérale !
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B
merci pour tous ces détails sur l'agriculture et la crise libérale qui est un vrai soucis en 2017
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M
Aubrac ou Salers ? Plutôt Aubrac , en tous les cas elle regarde fièrement et ne se fait aucune illusion dans cette "modernité " et de "réformes"et elle n' est pas prête à mâcher des protéines animales , elle tient a être herbivore et goûter la gentiane , trèfle et graminées non trafiquées .par deux fois en ruminant . Ah la vache ils sont devenus fous de passer outre aux productions ancestrales de qualité où le fumet n' a rien à voir avec le poulet au chlore et autres "vacheries" balancées pour le plus grand nombre . L" élite" , la poignée se réservant tous les pouvoirs eux de becqueter du must , du luxe du meilleur ...C' est dire que ton intervention de 2011 à l' Assemblée Nationale sur -la garantie du prix d' achat - et par là assurer à la production de qualité issue du savoir-faire appris et transmis un avenir certain , même le repeuplement de nos campagnes avec une synergie et échanges villes /campagnes . Là les services publics les activités , la vie avec la jeunesse , seraient en grande résistance contre ces directives de Bruxelles avec les complicités des gouvernements successifs kif-kif , bonnet blanc/blanc bonnet dans les "réformes " qui ne sont que des casses de nos savoir-faire de qualité payés au lance-pierre et -c' est caillou plat pour ricochet -. Donc avec ton intervention en 2011 à l' Assemblée Nationale indique que la République et toutes ses instances le sait et les choix de cette U.E./OTAN/GMT/TISA/TAFTA/BCE...et de cette Politique Agricole Commune ont été catastrophiques pour le monde rural en dérégulant et en brutalisant tous les savoir-faire , une vraie casse anarchique au mauvais sens engraissant des capitalistes lorgnant sur nos terres et produits si variés et si divers en qualité que ça fait qqs envieux suspects , ah la concurrence libre et non faussée , là aussi c' est un sacré déni , paradoxal , et tant que le salariat du Crédit Agricole avec les mutualistes avec la citoyenneté et les élues , élus du Peuple de ta trempe n' auront pas pris le pouvoir , ça ira mal car ce CA plus grande banque mondiale avec un potentiel de financement énorme a été rincé par les spéculations financières de rêves du fric facile , abandonnant la glaise aux sabots pour jouer dans la cour mafieuse du libéralisme forcené , débridé en folie caractérisée . Oui pour tes propositions qui sent bon la gentiane , l' aligot et chou farci , la charcuterie sans colorant et conservateurs chimiques artificiels avec le cantal arrosé de piquettes pour centenaires et autres produits vivants de qualité extrême . Et dire que certains de la tendance capitalo/écolo du capitalisme vert nous mettent dans les productivistes et de la croissance à tout prix , ces petits bourgeois feraient bien de manier le compost et de savoir nos racines car nous sommes pour la croissance avec des produits de qualité et non de se partager l' aligot ou le chou farci en une part pour toutes et tous et tout le reste pour les capitalo.verts ou bleus .
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