Sécurité sociale en danger !
Non content de satisfaire aux injonctions de la Commission européenne et du MEDEF en baissant le budget de l’Etat, le Gouvernement marque un nouveau virage idéologique avec son projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015. Il s’attaque désormais aux principes fondateurs de notre système de sécurité sociale, véritable acquis de civilisation, qui veut que "chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins". Les deux parties de cette célèbre formule, reprise par le ministre communiste Ambroise Croizat pour mettre en place le système de protection sociale français en 1945 et 1946 sont indissociables. Elles fondent aussi le principe d’universalité qui veut que les prestations de sécurité sociale bénéficient à toutes et tous, sans distinction de revenus, puisque les recettes du financement de ces prestations sont précisément assises sur des cotisations fonction des revenus.
Ainsi, le gouvernement a décidé de ponctionner les familles en faisant sauter le verrou de l’universalité des allocations familiales avec une modulation en fonction de seuils de revenus. Se parant du faux-nez de la justice sociale, le discours véhiculé pour justifier son attaque contre notre modèle social tient de la plus grande hypocrisie. En effet, il ne s’agit pas d’améliorer les prestations pour les plus modestes, mais seulement de couper arbitrairement des allocations de familles bénéficiaires !
Le plus dangereux réside dans la remise en cause de l’universalité des allocations familiales. C’est une brèche ouverte. Car ceux qui ont bâti notre sécurité sociale, avec ses branches assurance maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, retraites et famille l’ont conçu comme une couverture globale contre les risques et aléas de la vie. En commençant par attaquer les prestations universelles de la branche famille, qui nous dit que demain, on ne remboursera pas les frais médicaux de manière différente en fonction de tel critère de revenu ou de situation ? C’est aussi remettre en cause le consentement à cotiser de celles et ceux qui pourraient être exclus du bénéfice universel de ces prestations. En quelques mots, voilà dévoilé le cœur du projet du Gouvernement. Briser les grands principes de solidarité pour passer à une société du chacun pour soi et de l’assistanat pour les plus pauvres. Triste et dangereuse réalité !
Ainsi, les futurs gouvernements à la recherche de nouvelles économies pourront baisser progressivement les seuils, jusqu’à faire de notre système universel de sécurité sociale "une sécu pour les pauvres" qui entrainera inéluctablement la réduction du nombre de cotisants. Voilà aussi de quoi ouvrir les portes et les fenêtres aux champions de l’assurance privée, qui pourraient trouver progressivement de nouveaux débouchés spéculatifs sur le dos de la couverture sociale et de la branche famille.
Voilà pourquoi les communistes, comme tant d’autres à gauche, tiennent comme "à la prunelle de leurs yeux" aux principes fondateurs de la sécurité sociale. Il s’agit du socle de notre modèle social, arraché de haute lutte par les combats du mouvement ouvrier et traduit dans notre Constitution et notre législation à la Libération. Oui, nous devons conforter notre modèle, en posant la question de la création de recettes nouvelles basées sur les revenus financiers et sur une fiscalité plus juste. Pas en tentant de liquider ce qui fait sa force depuis 70 ans comme le propose ce Gouvernement !