La victoire du peuple cubain
En juillet dernier, au retour de la mission parlementaire que j’avais conduite à Cuba, je dénonçais « le scandaleux blocus » de Cuba. C’est dire le grand bonheur qu’a été pour moi l’annonce d’une levée prochaine de l’embargo et de l’établissement de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la République cubaine issue de la Révolution de 1959 et du renversement du régime du dictateur pro-américain Batista. Il faut en effet mesurer ce qu’avait représenté alors, pour l’impérialisme et l’hégémonie étatsuniens, le succès d’une révolution comme celle du peuple cubain, à 150 km de la Floride et dans la plus grande île des Caraïbes.
Depuis 55 ans, l’Empire américain a pourtant tout tenté : interventions armées jusqu’à la tentative d’invasion par la Baie des cochons, en avril 1961, et le bombardement des aéroports du pays ; multiples tentatives d’assassinat de Fidel Castro (638 selon les archives de la CIA) ; énormes moyens pour financer les plans de subversion, infiltrer la société cubaine et déstabiliser le pays de l’intérieur ; édition régulière d’ouvrages présentant Fidel Castro comme une bête immonde et sa famille comme un clan perverti ; guerre idéologique ininterrompue pour dévaloriser les acquis de la Révolution et discréditer la démocratie cubaine en la réduisant à la dictature du parti unique ; et bien évidemment l’arme terrible d’un blocus totalement illégal, condamné 23 fois par l’Assemblée générale des Nations Unies, à la quasi-unanimité en octobre dernier, à l’exception des Etats-Unis et d’Israël.
Malgré tout cela, non seulement Cuba a tenu bon grâce à la détermination de son peuple, mais son exemple a ouvert la voie à un nombre croissant de gouvernements progressistes latino-américains, dans cette Amérique du Sud qui était le « pré-carré » de l’impérialisme nord-américain. Mieux encore : cette influence cubaine est allée bien au-delà du seul continent américain, comme l’a si bien traduit Nelson Mandela, dans son mémorable discours du 26 juillet 1991, alors qu’il avait fait le choix si symbolique, après avoir passé 27 ans en prison pour la liberté de son peuple, de réserver à Cuba son premier déplacement international. Il avait alors eu des phrases fortes : « Aujourd’hui, voici la Cuba révolutionnaire, la Cuba internationaliste, le pays qui a tant fait pour les peuples d’Afrique […] Dès les premiers jours, la Révolution cubaine a elle-même été une source d’inspiration pour tous les peuples épris de liberté. Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour préserver leur indépendance et souveraineté face à une campagne impérialiste féroce, orchestrée pour détruire les avancées impressionnantes réalisées par la Révolution cubaine. […] Je sais que votre pays connaît de nombreuses difficultés aujourd’hui, mais nous avons confiance que le peuple résistant de Cuba les surmontera car il a aidé d’autres pays à surmonter les leurs. »
C’est dire la joie qui a été celle de tous les amis de Cuba, ce 17 décembre 2014. Car la victoire du peuple cubain est aussi celle de tous ceux qui sont à ses côtés. Je pense en particulier à l’investissement remarquable d’associations comme Cuba Si, Cuba Coopération ou France Cuba, qui ont tant fait depuis des décennies. Je suis aussi fier de l’action du groupe d’amitié France-Cuba que je préside à l’Assemblée nationale. Mais je sais aussi qu’il reste énormément à faire pour que se concrétisent les mesures annoncées et la levée effective et totale du blocus américain !