Non à la loi macro-libérale
Débuter l’examen de la loi Macron ce lundi, quelques heures après l’annonce de la victoire retentissante de Syriza en Grèce, aurait pu relever de l’anecdote si ce texte ne portait pas en lui les mêmes recettes que celles imposées au peuple grec depuis 2009 : libéralisation de nouveaux secteurs de l’économie parmi lesquels le commerce et les transports, attaque frontale contre le droit social avec la remise en cause des juridictions prud’homales, de l’inspection et de la médecine du travail, extension du travail du dimanche, facilitation des licenciements, financiarisation des professions réglementées et de l’accès au droit… Au total, les 200 pages d’articles du texte constituent une véritable bombe sociale et économique.
Et comment ne pas revoir aussi en entamant son examen à l’Assemblée nationale, cette lumineuse illustration que Charb avait réalisé pour le journal l’Humanité (voir ci-dessous), montrant le « Macron sarkozyste » remettant ses propositions au « Macron hollandiste », avec le même sourire. Car en effet, l’immense majorité des dispositions de ce texte ne forment rien d’autre qu’un recyclage des vieilles recettes libérales que le rapporteur de la commission Attali, Emmanuel Macron, avait alors remis au Président Nicolas Sarkozy.
Ce projet de loi est le prototype même de la loi d’inspiration libérale en se nourrissant tout autant des trois cent seize propositions de réforme du rapport Attali que des préconisations de Bruxelles. Curieuse coïncidence, rappelons que le rapport Attali demandait pêle-mêle « d’ouvrir très largement les professions réglementées » ; de « réduire dès 2008 la part des dépenses publiques dans le PIB » à hauteur de 1 % par an ; « d’assouplir les seuils sociaux » pour le plus grand bénéfice du patronat et notamment dans les PME ; « d’autoriser plus largement le travail le dimanche » ; de déréglementer le Code du travail en autorisant « la rupture à l’amiable » du contrat de travail ; de « favoriser l’émergence de fonds de pension à la française ».
Le projet de loi est quasiment le décalque de ce rapport. Nous y trouvons le même cocktail de mesures disparates que l’on imagine ardemment soutenues par le cercle de patrons et des penseurs néolibéraux qui entourent le Ministre de l’Economie. Son seul talent est de parvenir à enrober ces pilules amères d’une rhétorique édulcorée et démagogique sur la « croissance et l’activité », voire de répondre aux aspirations « des plus fragiles » ou de « lutter contre la rente ». La réalité est bien différente. C’est un texte de régression sociale, de déréglementation généralisée et de soumission aux marchés financiers.
Face à ce nouveau recul de civilisation, l’enjeu des débats dans l’hémicycle se trouve bien dans la capacité de bâtir un front du refus, démontrant les conséquences bien concrètes qui se cachent derrière chaque disposition, chaque article. C’est aussi, par ce travail, contribuer à construire un large rassemblement de la gauche et des écologistes pour rejeter une nouvelle loi au service de la finance.