Je crois à la chaleur rouge de l’espoir !
Du porte à porte aux réunions publiques, des marchés aux relations de proximité, le constat est toujours le même : jamais la défiance des Françaises et des Français envers le pouvoir politique n’aura été aussi profonde. Comme nous ne sommes pas épargnés, la globalisation de ce rejet est souvent une blessure pour les militants et élus que nous sommes, alors que nous mettons au quotidien toute notre énergie pour défendre les plus démunis et pour l’avenir de nos territoires de vie. Parfois même, cela tient de l’irrationnel, venant de personnes proches et de catégories sociales pour lesquelles nous n’avons jamais relâché nos efforts : un agriculteur qui connaît notre combat incessant pour le monde paysan et des campagnes vivantes, un intermittent du spectacle dont on a partagé les luttes depuis des années, l’ouvrier d’une entreprise locale au salaire de misère alors que l’augmentation du SMIC est pour nous une revendication quotidienne. Nous pourrions, la rage au ventre, multiplier les exemples de tous les combats que nous conduisons, avec le sentiment aujourd’hui « de ne pas être payés en retour » pour n’avoir pas su nous faire comprendre.
Dans le même temps, les puissances d’argent et tous les relais du néolibéralisme font le pari de la désespérance populaire pour activer les ressorts de l’abstention ou du vote en faveur de l’extrême-droite, quant il ne s’agit pas d’instrumentaliser les peurs au service de votes par défaut, sans projet alternatif aux choix actuels. Il faut bien l’avouer, les candidats communistes et du Front de Gauche doivent faire face dans ces derniers jours de campagne électorale à une puissante machine médiatico-politique, qui consiste avant tout à effacer les luttes et leurs conquêtes sociales et reléguer le plus loin possible des consciences toute possibilité de construction transformatrice et progressiste de la société, toute perspective de sortie du carcan de l’austérité.
Disons-le très clairement aussi, c’est au cœur des zones périurbaines et rurales, parmi les victimes au quotidien des politiques néolibérales et de leur cortège de relégations - sociale, territoriale, économique et professionnelle - que cette stratégie politique du pire produit ses plus visibles effets. Comment donc, dans les jours qui restent, dans les derniers contacts, et par les messages que nous pouvons transmettre, essayer de mobiliser des citoyens-électeurs sur l’importance de leur choix ? Comment faire sentir, et toucher concrètement du doigt, notre différence et notre apport politique indispensable dans le contexte actuel ? Ces questions, tous ceux qui sont en mouvement à nos côtés dans cette campagne, se les posent. Mais ils disent aussi que les consciences évoluent et que des blocages sautent quand le débat s’établit. Ce sont des retours qu’il faut prendre en compte. J’en ai fait le constat ce matin même, dans une discussion informelle à l’issue d’une cérémonie commémorative du 19 mars 1962, dans une commune qui vit ses derniers jours de chef-lieu de canton. Certes, j’ai encore une fois mesuré l’ampleur des « dégâts » (c’est bien le mot qu’il faut employer !), mais j’ai aussi senti la forte attente de perspectives d’espoir, d’une confiance qui peut renaître. Aussi, dans ce moment historique très grave pour notre pays, je souhaiterais apporter, à nouveau aujourd’hui, quelques éléments de réflexion qui me paraissent utiles.
Rappeler d’abord, que nos candidates et candidats portent sur l’immense majorité des nouveaux cantons où ils sont présents, trois principes élémentaires de respect des citoyens.
Le premier de ces principes élémentaires, c’est celui de se présenter en habitants et citoyens des communes de ces nouveaux cantons, et par conséquent, avec une valeur chevillée au corps : celle du refus des parachutages de circonstance et des postures politiciennes qui font tant de mal à la politique. Ils sont tous identifiés et reconnus comme des élus locaux, des syndicalistes, des responsables associatifs, des ouvriers, des salariés, des fonctionnaires, des demandeurs d’emploi, des retraités qui participent à la vie commune, et sont très souvent, concrètement, les premiers relais de ceux qui ont des difficultés de vie, de ceux qui se battent pour leur emploi, de ceux qui agissent pour vivre mieux.
Le deuxième de ces principes élémentaires, c’est de s’engager à être totalement présents et disponibles, dans les responsabilités qui pourraient être les leurs dans nos départements après le 29 mars, pour accompagner les luttes des travailleurs, en faveur du maintien des services publics, des services de proximité… Par leur humanité et leur dévouement reconnus, par leur expérience de la résistance face aux logiques capitalistes, par leur pratique citoyenne faisant appel à l’intelligence collective et à la participation du plus grand nombre, ils se situent aux antipodes des démagogues sans visage de l’extrême-droite dont on ne retrouve jamais la trace quand il s’agit de porter les combats du quotidien.
Le dernier de ces principes élémentaires, qui découle fort logiquement des deux précédents, c’est de porter des propositions politiques cohérentes du niveau local jusqu’au niveau national et européen. C’est de parler vrai, sans arrangements politiques de circonstance. Ainsi, ils refusent l’austérité appliquée aux communes, aux départements, comme au budget de l’Etat. A l’opposé de tant d’autres, et à ce moment de précis de l’histoire de notre pays, ils considèrent que l’on ne peut plus se parer de vertu dans les cantons, tout en étant soutenus par des forces qui conduisent nationalement des politiques contraires à l’intérêt du plus grand nombre. Ils ne sont pas de ceux qui votent à Paris le transfert massif des compétences communales vers les intercommunalités en se disant les défenseurs des communes quand ils sont dans nos villages (comme cela a été le cas mercredi 4 mars avec le vote d’un amendement socialiste rendant obligatoire le transfert aux intercommunalités des compétences eau, assainissement, collecte et traitement des déchets ménagers). De même, ils n’entendent pas poursuivre le siphonage financier de nos communes et le limogeage massif des fonctionnaires, ces personnes si utiles pour répondre à nos difficultés dans les territoires. Ils n’entendent pas non plus laisser dire que la France n’a plus d’argent pour subvenir aux besoins les plus fondamentaux de tous, comme ceux auxquels répondent les départements, quand, dans le même temps, on ne fait rien, ou si peu, pour aller chercher les dizaines de milliards d’euros qui s’enfuient, année après année, vers les paradis fiscaux. Partout, ils disent, avec humilité mais lucidité, comment, dès demain, il est possible de construire dans le pays un véritable front de résistance face aux forces d’argent, aux gros actionnaires et aux financiers, ces voleurs permanents, qui gangrènent par leur cupidité sans limites, l’avenir même de nos enfants, de notre pays.
Dans ce scrutin, où tout a été fait pour conforter la résignation, l’abstention, ou la sourde colère, voter pour les candidats communistes et du Front de Gauche, c’est d’abord voter pour ces valeurs et ces principes fondamentaux. Mais c’est aussi voter pour ceux qui nous défendent !
Et puis, je ne peux laisser de côté un besoin bien réel, un besoin indépassable au regard de l’immense abattement qui guette le pays. Plus que jamais, j’ai la conviction que nous ne sortirons pas la France de l’ornière néolibérale dans laquelle elle se trouve, sans un puissant sursaut citoyen et populaire dans les jours, les semaines et les mois qui viennent, autour des valeurs de partage des richesses et de justice sociale, celles de l’humain d’abord.
Il est temps de poser les premières fondations d’un nouveau chemin politique rejetant les valeurs de l’argent-roi et du tous contre tous. Il est temps de semer les graines d’un renversement des rapports de force entre le capital et le travail, de retrouver l’offensive civique, culturelle, sociale et politique face aux dominations qui humilient et rabaissent chaque jour des millions de nos concitoyens. Ce basculement peut commencer à prendre forme les 22 et 29 mars prochains en donnant du poids à ces femmes et ces hommes qui portent nos aspirations dans cette campagne des départementales. Il peut ensuite prendre de la consistance par un mouvement social renforcé reprenant l’initiative avec un printemps de lutte.
Clairement, ce 22 mars, un choix est ouvert : celui de l’émergence d’une force de rassemblement alternative et transformatrice à gauche, ou celui d’une résignation coupable, donnant encore plus de force à ceux qui entendent liquider définitivement notre héritage social commun.
Imaginons un instant ce que produirait un vote rééquilibré en faveur de des candidates et candidats des rassemblements que nous avons initiés, contribuant à briser la prophétie politique autoentretenue par des mois de matraquage politico-médiatique.
Je crois pour ma part à cette chaleur rouge de l’espoir qui renaît, étouffant la colère bleue nuit de la résignation.