Mon intervention au Conseil National du Parti Communiste du 1er décembre 2016
Pierre Laurent a dit il y a quelques jours que « la reconstruction d’une force de gauche doit avoir lieu maintenant, pas après 2017, pas après le désastre ».
Il a raison. Et pour au moins « 3 raisons » !
1) Avec le morcellement de la gauche le pire est, en effet, à craindre.
Soyons clairs : le premier responsable de ce morcellement est le Gouvernement et sa majorité. Il a ouvert la porte au libéralisme économique débridé, contrairement à tous les engagements pris en 2012. Quant à la droite, totalement décomplexée, elle n’avait plus qu’à pousser la porte et nous promettre pour demain un ultra-libéralisme économique qui piétinera non seulement les plus fragiles mais aussi les classes moyennes. Le Gouvernement a aussi banalisé le discours identitaire, laissant ainsi s’installer la xénophobie décomplexée qui fait le bonheur de l’extrême-droite. Dans ce contexte : le pire est à craindre. C’est de laisser le choix aux électeurs entre une droite terrible de dureté et une extrême-droite brutale (je renvoie à mon blog de début de semaine : "Une nécessité absolue : battre la droite ultralibérale et l’extrême-droite").
2) Nous ne pouvons attendre que le désastre soit passé pour proposer une gauche forte et généreuse.
Il ne nous reste que très peu de temps et reste à savoir maintenant quelle voie emprunter pour éviter ce désastre. Le dépouillement du scrutin de samedi dernier a fait apparaître que la majorité des militants de notre parti ont tranché pour un ralliement à Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle « tout en menant une campagne communiste autonome ». J’ai pris acte de ce qui est sorti de nos urnes. Je le regrette mais j’en respecte le résultat. Pourtant, je me demande encore comment, concrètement et matériellement, nous pourrons mener et réussir cette campagne autonome. Je ne demande qu’à y croire. Aussi, je mettrai toute mon énergie pour que notre parti puisse cependant être visible dans le paysage politique et porter sa conception du rassemblement. Je sais que l’ensemble des militants partagent ce souhait tant ils sont fiers de nos valeurs humanistes, de notre identité généreuse et de nos propositions de transformation de la société. Chacun d’entre eux a fait son choix entre l’option 1 et l’option 2 avec ce seul souci. Je souhaite, très sincèrement, qu’ils ne soient pas déçus par le résultat de ce week-end... Cependant, j’interprète différemment de Pierre les propos de Jean-Luc Mélenchon au lendemain du résultat de notre scrutin.
3) La présidentielle, on le sait, est ultra-personnalisée (nous l’avons suffisamment dénoncé). Malgré cela, la reconstruction de la gauche et l’espoir qui existe encore à gauche ne peuvent se réduire à la personne d’un homme, voire d’un nouveau mouvement en construction avec certains d’entre nous. Cette reconstruction doit se faire autour d’un projet progressif, collectif, respectueux des différents acteurs et composantes de cette reconstruction. Les législatives sont une des voies pour y parvenir. Elle doit être pour nous « l’élection majeure » comme le dit encore Pierre Laurent. Nous devons en effet nous mobiliser pour que notre voix soit entendue au Parlement.
La preuve en est : peu nombreux au cours de cette législature, nous avons été en capacité de porter haut notre voix et rendre visibles nos valeurs et propositions. Pour prendre simplement le dernier exemple en date : sans nous, le combat contre la Loi El Khomri au Parlement, en appui de la mobilisation sociale, aurait été réduit à sa portion congrue. Sans notre détermination, la fronde des députés socialistes n’aurait vraisemblablement pas eu lieu. Sans notre appel à une motion de censure de gauche, nul doute qu’elle n’aurait simplement pas été imaginée. Cette bataille a été menée avec des socialistes, des écologistes, des progressistes, et dans le respect de chacun. Elle a échoué certes, mais elle a donné à voir ce qui était possible. Que les communistes ne soient pas gênés d’être fiers de ce bilan que nous mettons à la disposition de tous ! Il est explicite sur ce qui a été possible avec très peu de forces. Et imaginons ce qui aurait été possible avec un groupe plus fort que celui issu des élections de 2012, ne serait-ce que celui de 2007 après le traumatisme des présidentielles.
Dans notre groupe, nous n’avons pas toujours été tous d’accord. Mais c’est aussi ce qui nous a enrichi et ce qui nous a permis d’exister. Si nous avions fait le choix de soumettre à un choix majoritaire chacun des membres de notre groupe – qui existe, je le rappelle, grâce à nos 5 députés ultra-marins – nous n’aurions survécu que quelques pauvres petits mois. Et nous aurions totalement disparu du paysage parlementaire durant plus de 4 années.
Nous avons aussi, avec nos très faibles forces, et si peu de moyens, su toucher un nombre toujours plus grand de citoyens. Notre page Facebook, par exemple, est celle qui compte le plus d’abonnés de toutes les pages dédiées aux groupes parlementaires et elle nous permet aujourd’hui d’atteindre près d’un million de personnes en moyenne chaque mois !
Je sais que vous en êtes tous convaincus : ne négligeons pas cette force de frappe qu’est un groupe parlementaire pour défendre et porter haut et fort nos idées, pour construire dans la durée un front uni contre les forces de l’austérité et de la xénophobie. Et aussi résister, résister en s’appuyant sur la mobilisation sociale, résister avec une immense responsabilité devant l’histoire.