Politique agricole commune : "Ne cédons rien" - Tribune

Publié le par André Chassaigne

 L’avenir de la PAC 2020 est actuellement conditionné par l’incertitude du Brexit, mais également par la mise en place de politiques communautaires nouvelles. 
Au début du mois de juin, la Commission européenne a proposé une diminution importante du budget de la PAC et a renvoyé à une forme de renationalisation. Cela porterait atteinte à son caractère intégré et remettrait en cause l’idée des pères fondateurs d’une politique agricole véritablement commune. 
 Le 28 juin dernier, l’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité une proposition de résolution européenne que nous avons portée. Nous réaffirmons le caractère stratégique de la PAC. 

 Tout en évoluant pour tenir compte des enjeux de développement durable, elle doit rester fidèle à sa philosophie générale : celle d’une politique européenne structurelle, au service d’une agriculture créatrice d’emplois et de richesse et garantissant à 510 millions d’Européens des produits de qualité. Les propositions faites par la Commission européenne nous en éloignent. En déléguant des pouvoirs de plus en plus importants aux États membres, l’UE en serait réduite à devenir une instance de coordination entre vingt-sept politiques agricoles nationales différentes.

 Nous devons rester attentifs à ce que la position de la Commission européenne n’aboutisse pas à une simple renationalisation en matière de politique agricole et au transfert  des charges vers les administrations nationales. 
Cette réforme pourrait entraîner les États membres dans un cercle concurrentiel sans règles communes  et sans la critères exigibles en matière environnementale ou sanitaire.
 Alors que nos concurrents investissent massivement dans les agricultures régionales, en particulier en Amérique du Nord et en Chine, s’engager dans une compétition intra-européenne ne servirait qu’à affaiblir nos agricultures. 
Il s’agit d’une trajectoire que nous ne pouvons pas accepter et que les consommateurs ne peuvent, à juste titre, soutenir. 

 Le 16 juillet dernier, Paris et Berlin ont publié une déclaration commune pour exiger le maintien du budget de la PAC à son niveau actuel pour le prochain cadre financier pluriannuel post-Brexit. Accompagné d’ambitions environnementales fortes, cet accord entre en cohérence avec les désormais 22 pays du mémorandum de Madrid qui s’opposent aux recommandations de la Commission européenne. 
 Souveraineté et sécurité alimentaires, Brexit, revenus agricoles, renouvellement générationnel, protection sociale et sanitaire de nos agriculteurs, transition environnementale : la PAC est confrontée à des enjeux majeurs qui ne pourront être résolus à la seule échelle nationale. 
 Avant la seule discussion budgétaire, la définition de la future PAC doit  trouver une ambition stratégique et de long terme. Cette politique ne peut se contenter d’être une simple politique de soutien ou de régulation de la production. Elle doit intégrer des objectifs alimentaires, sociaux, environnementaux et sanitaires de haut niveau.
 Redonnons du sens à la PAC. Définissons une perspective incluant à la fois les intérêts des agriculteurs, les attentes des consommateurs, les spécificités productives régionales, en agissant dans la durée sur l’ensemble des problématiques induites par une agriculture conventionnelle. 
 Refondons la PAC post-2020 sur des outils communs et simplifiés au service de la l’amélioration de la qualité des produits, de la protection environnementale et de la juste rémunération des agriculteurs. Une telle ambition est possible. 
L’agriculture de demain réclame du souffle, pas un projet qui s’essouffle.

 

Tribune cosignée avec Alexandre Freschi, député LREM de Lot-et-Garonne parue dans le journal Ouest-France le 4 octobre 2018

 

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