Hercule, Astrid : la finance au-dessus de l’intérêt général énergétique et climatique
Ces deux prénoms incarnent le passage de l’Etat stratège à l’Etat-finance dans le secteur énergétique.
Hercule, comme la commande inédite de l’Elysée visant à la déstructuration de l’entreprise intégrée EDF au profit des intérêts privés. Astrid, comme l’abandon de la recherche-développement sur le prototype de réacteur nucléaire du futur, permettant de réduire considérablement la production de déchets ultimes et de ne pas gaspiller l’uranium naturel. Dans les deux cas, la logique de rentabilité financière et le fanatisme de marché se sont imposés.
Ainsi, personne n’est dupe de l’ambition du projet Hercule : briser ce qui fait la force de l’entreprise EDF en entamant sa vente à la découpe. Un « EDF bleu », restant dans le giron de l’Etat, assurerait la production d’électricité nucléaire et hydraulique. Un « EDF vert », ouvert aux capitaux privés, capterait les activités rémunératrices de la direction Commerce, d’Enedis et d’EDF Renouvelables. C’est le prêt à penser néolibéral en actes : socialiser les productions nécessitant des investissements de long terme, et privatiser les activités les plus juteuses à court terme !
Hercule sera officiellement présenté en début d’année, mais ses conséquences sont dénoncées par les agents et syndicats d’EDF : fin des synergies internes et de la mutualisation des risques et des moyens du groupe, nouvelles attaques contre le statut des agents des industries électriques et gazières, accélération de l’externalisation de services, prise de contrôle par les investisseurs privés des activités d’ « EDF vert » avec imposition de nouvelles exigences tarifaires et de rentabilité…
Quant à l’arrêt brutal du programme de recherche Astrid, sans aucune justification scientifique, c’est la démonstration que ce sont bien les intérêts financiers qui commandent désormais la politique de l’énergie de la France. Le chef de l’Etat a beau ergoter sur le maintien de la puissance publique sur la production nucléaire et hydraulique, en réalité il sacrifie leur avenir. Il fait fi de l’impérieuse nécessité de disposer des moyens de renouvellement des investissements dans la production d’électricité décarbonée, que seule permet la maîtrise de l’ensemble de la filière depuis la production jusqu’à la distribution.
Pour les communistes, de telles manœuvres financières sont non seulement inacceptables mais contreviennent frontalement aux objectifs énergétiques et climatiques de la France et de l’Union européenne. L’Etat organise sa propre impuissance énergétique, tout en claironnant sur la scène internationale qu’il compte répondre aux recommandations du GIEC pour contenir la hausse du réchauffement climatique sous les + 2°C. Au contraire d’une déstructuration d’EDF, le simple principe d’efficacité nous impose la construction d’un grand pôle public de l’énergie à l’échelle nationale, puis européenne. Il faut refuser la soumission de l’Etat aux lobbys bancaires et financiers, qui voient l’accès au secteur de l’électricité comme une nouvelle valeur refuge pour leur rentabilité financière.
Sur cet enjeu d’avenir pour les générations futures et la planète, les députés communistes se mobilisent aux côtés des agents du secteur, pour défendre l’outil industriel et de distribution que constituent EDF et la recherche publique. Le 11 octobre dernier, j’ai saisi l’Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques (OPECST) suite à l’annonce de l’abandon du projet Astrid, en relais de l’indignation d’une grande partie du milieu scientifique. Ce jeudi 9 janvier, le groupe Gauche Démocrate et Républicaine a pris l’initiative d’un débat à l’Assemblée nationale sur le projet Hercule.
Tribune à retrouver dans le journal L'Humanité le 21 janvier 2020 dans le cadre des pages Débats et Controverses sous le titre : ABANDON D’ASTRID, PROJET HERCULE, ETC.. QUELS ENJEUX POUR LA PRODUCTION ÉLECTRIQUE EN FRANCE ? Alors que les défis liés au réchauffement climatique sont grands, le gouvernement prend des décisions lourdes de conséquences. Débat avec Sylvestre Huet, Journaliste et auteur, Sébastien Ménesplier, Secrétaire général de la FNME CGT, et André Chassaigne, Député PCF du Puy-de-Dôme et président du groupe GDR.
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Retrouvez ici l'intégralité du débat sur le projet Hercule qui s’est tenu le 9 janvier 2020 à l’Assemblée nationale à l’initiative du groupe des député-e-s communistes.