75ème anniversaire du Conseil National de la Résistance - Lettre ouverte au Premier ministre
Monsieur le Premier Ministre,
Le 27 mai 1943, se tenait la première réunion du Conseil National de la Résistance (CNR) sous la présidence de Jean Moulin.
La France vivait alors ses heures les plus sombres sous le joug de l’occupant nazi. Malgré cette période de chaos, les responsables et militants, tout en œuvrant pour la libération de la Nation, avaient à cœur de construire un nouveau monde solidaire. Ainsi, ils ont co-élaboré le programme du CNR, instaurant une réelle solidarité entre les différentes classes socioprofessionnelles et intergénérationnelles. La mise en œuvre de ce programme ambitieux a notamment permis la création de la Sécurité Sociale, de nombreuses nationalisations d’entreprises dans différents secteurs et a donné de nouveaux droits aux salariés. Ce nouveau monde social a été longtemps loué et envié par les peuples étrangers. « Cet air de liberté au-delà des frontières, Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige, Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige », chanté par Jean Ferrat, a fait honneur à notre pays.
Le Général, Charles de Gaulle, déclarait : « La France est résolue à des profondes transformations, elle veut faire en sorte que demain, la souveraineté nationale puisse s’exercer entièrement sans les pressions corruptrices d’aucune coalition d’intérêt privé ».
75 ans après, force est de constater que les derniers gouvernements ont conduit des politiques diamétralement opposées aux visées des membres du CNR et du Général.
Cette obstination est également la vôtre. Votre politique a détruit notre modèle social en asséchant les finances des caisses de protection sociale, par l’exonération des cotisations sociales à tour de bras, avec pour seul but le transfert de cette solidarité aux groupes financiers. Depuis votre accession au pouvoir, vous avez privatisé et dérégulé sans relâche, tout en malmenant notre système de santé publique, système auquel nos concitoyens sont pourtant si attachés.
Cette période de crise sanitaire a montré les limites de votre politique libérale. Elle a aussi montré la vulnérabilité de la France. Les nombreuses pénuries de produits manufacturés à l’étranger, ont ainsi pu révéler notre dépendance, qu’elle soit sur des produits stratégiques ou de première nécessité.
Indubitablement, la souveraineté nationale prônée par le Général de Gaulle se trouve aux antipodes du dogme économique poursuivi par votre gouvernement.
L’heure appartient peut-être au changement : le lundi 13 avril, dans sa quatrième allocution, le Président de la République en a appelé au retour des « Jours Heureux », en référence à l'intitulé du programme du Conseil National de la Résistance.
En ce jour d’anniversaire, je vous exhorte à prendre en compte les paroles présidentielles et à revoir votre politique, à la recentrer, à l’instar de la volonté des membres du CNR, sur les besoins de la population et non plus sur les seuls résultats boursiers. Il est temps de rebâtir la République sociale que nos glorieux prédécesseurs ont souhaité mettre en œuvre.
Ainsi, le temps des promesses est désormais révolu, celui de l’action est devenu impérieux. Il est enfin temps d’œuvrer pour le peuple qui vous a élu et oublier les intérêts des privilégiés, tenants du grand capital. Votre nouveau monde promis ne doit pas être celui d’un nouveau retour en arrière !
Je vous prie de croire, Monsieur le Premier Ministre, en l’expression de mes sentiments les meilleurs.
André Chassaigne