Le projet communiste doit être porté dans le débat présidentiel

Publié le par André Chassaigne

Notre pays va sortir exsangue de la crise.

Des millions de Français supplémentaires auront basculé dans le chômage, la pauvreté et le désespoir.

Notre Sécurité sociale, réceptacle d’une partie de la dette contractée pour les soutiens publics sera attaquée frontalement, dans ses moyens comme ses fondements.

Nos services publics seront la cible prioritaire pour rembourser la dette et offrir de nouveaux marchés au privé.

Notre tissu industriel aura subi « l’ajustement structurel » imposé par le capital entraînant perte de savoir-faire et de centaines de milliers emplois indispensables au redressement du pays.

Partager ces constats, c’est déjà nous projeter sur l’utilité des communistes.

Cela doit nous conduire à préciser l’originalité et l’efficacité des mesures politiques que nous sommes à même de présenter au pays, en faisant en sorte que notre projet communiste soit en lien direct avec les urgences de notre temps.

Pour cela, y a-t-il d’autres moyens plus efficaces pour répondre à l’urgence sociale que l’extension de la Sécurité sociale et la maîtrise collective de ses financements, que des services publics confortés et étendus, de nouveaux droits sociaux pour les jeunes, les actifs et les retraités, qu’une action déterminée contre les prédateurs de la finance et l’évasion fiscale ?  

Estimons-nous qu’il y a d’autres mesures plus efficaces pour répondre à l’urgence climatique qu’une planification énergétique contraignante et un mix électrique totalement décarboné grâce à la reconstruction d’un service public unifié et le maintien de nos filières nucléaire et hydraulique ?

Y-a-t-il d’autres moyens plus efficaces que de grands chantiers publics en faveur du ferroviaire et de la rénovation des logements, qu’une reconquête industrielle fondée sur des droits nouveaux pour les salariés, indispensables pour assurer la maîtrise des productions, le contrôle des investissements et mettre en œuvre une sécurité d’emploi et de formation ?

Y a-t-il d’autres moyens plus efficaces pour répondre à l’urgence économique que des réorientations « systémiques » en matière de politique de crédit et de création monétaire par les banques centrales ?

Estimons-nous enfin qu’il y a d’autres moyens plus efficaces pour relever la démocratie et la citoyenneté que de redonner des pouvoirs depuis les lieux de travail jusqu’à nos institutions les plus proches que sont nos 35 000 communes ?

Ce projet communiste doit être porté dans le débat présidentiel.

Voilà pourquoi je n’ai jamais été partisan de corseter le débat des communistes derrière des analyses qui invoquent la « raison » ou les choix « par défaut ».  

Aussi, je rejette l’attitude qui consiste simplement à commenter les sondages plaçant la gauche autour de 25 % (en y incluant les forces écologistes), pour en déduire la nécessité de construire une offre présidentielle unique à gauche, censée séduire par elle-même un électorat qui ne se reconnaît plus dans la gauche ou qui ne voit plus l’intérêt de se déplacer au bureau de vote.

Ne répondons pas à cette échéance présidentielle par de vieux réflexes en mettant en avant la difficulté de faire les choses et prenons plutôt en compte la nécessité de les faire.

Notre travail doit inscrire dans une perspective de long terme des propositions novatrices dans tous les interstices encore ouverts au débat démocratique dans le moment si particulier qu’impose le scrutin présidentiel.

Ma conviction, c’est que les mesures transformatrices du Parti communiste français sont plus que jamais indispensables dans la construction d’une alternative politique réelle. D’abord parce que jamais notre société n’a été autant imprégnée par la culture néolibérale. Ensuite parce que nous sommes une force en capacité de faire vivre et de retravailler ces propositions au contact du terrain, avec notre forte capacité de rassemblement.

Il est temps de se projeter sans plus tarder dans ce travail de présentation et de confrontation d’idées, en premier lieu avec les classes populaires et le monde du travail, véritable Quart-monde pour la monarchie présidentielle.

Et j’ai aussi la conviction que ce travail communiste ne peut s’enclencher et s’incarner qu’avec l’annonce de la candidature à l’élection présidentielle du premier représentant des communistes, Fabien Roussel.

D’autant plus que ce travail immédiat sera non seulement le plus utile pour rendre crédibles toutes les campagnes électorales à venir, départementales, régionales et législatives, mais aussi le plus efficace pour affronter toutes les péripéties et incertitudes qui peuvent encore accompagner notre trajet vers 2022.

Intervention prononcée lors du Conseil national du PCF du 30 janvier 2021.

 

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