Prix à la consommation : sans régulation et intervention publique, nous ne sortirons pas de la spirale inflationniste

Publié le par André Chassaigne

Comment répondre à l’envolée des prix à la consommation ?
Alors que le pouvoir macroniste s’en tient à des discours, de plus en plus d’élus et de représentants politiques avancent des solutions, parfois contradictoires, pour limiter les conséquences de l’inflation. Alors, comment répondre à l’envolée des prix à la consommation ?

Tribune publiée dans le journal L'Humanité du 4 mai 2023.

Sans régulation et intervention publique, nous ne sortirons pas de la spirale inflationniste. Encadrer les prix et les marges est une priorité.

ANDRÉ CHASSAIGNE. Député PCF du Puy-de-Dôme, président du groupe GDR

Nous devons d’abord relever le décalage croissant entre l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé de l’Insee, approchant les 7 %, et l’évolution des prix alimentaires qui grimpent de près de 19 % sur un an glissant. Ce constat se double d’une flambée des « premiers prix » et des produits d’hygiène et d’entretien. Or le poids des dépenses alimentaires et d’entretien n’est pas du tout le même selon que l’on soit un foyer modeste ou aisé. La conjonction de l’envolée générale des prix, avec la hausse encore plus spectaculaire des produits de base, pèse très lourdement sur le budget des ménages.

L’analyse de cette hausse des prix tient à deux phénomènes qui coexistent : la transmission de l’envolée des cours de l’énergie et des matières premières tout au long de la chaîne de valeur et la poursuite d’une stratégie de rentabilité des plus grands groupes de l’industrie agroalimentaire et de la distribution. Je crois qu’il nous faut agir sur ces deux déterminants structurels. Car même si elles sont aujourd’hui indispensables, les réponses de court terme, qui consisteraient à déployer uniquement une « politique des petits chèques », ne portent pas les réorientations nécessaires à même de calmer l’emballement. Quant à l’engagement volontaire des distributeurs à bloquer les prix d’un panier de produits qu’ils sélectionnent eux-mêmes, on sait par avance qu’il ne comporte aucune assurance dans la durée, voire qu’il peut conduire à des transferts de marges vers d’autres produits en rayon.

PRIVILÉGIONS L’INTERVENTION PUBLIQUE AVEC LE RETOUR DES TARIFS RÉGLEMENTÉS.

Notre engagement politique doit donc être très ferme sur la maîtrise des prix et des consommations énergétiques. Il faut sortir l’électricité et le gaz des mécanismes concurrentiels actuels. Ils ont exercé une pression considérable sur l’évolution des coûts de production de la chaîne de transformation dans la dernière période. Privilégions immédiatement l’intervention publique à destination de notre tissu de TPE et PME avec le retour de tarifs réglementés, en remettant ainsi en cause des contrats signés ces derniers mois avec le pistolet sur la tempe.


De la même façon, il faut se défaire au plus vite du dogmatisme libéral qui consiste à ne rien exiger des plus gros acteurs de la filière alimentaire et de la distribution. L’encadrement des marges et de la rentabilité de ces acteurs, souvent mondiaux, est une priorité. Des mécanismes efficaces ont déjà fait leurs preuves par le passé, comme l’instauration d’un coefficient multiplicateur entre prix d’achat et prix de vente.

L’urgence n’est-elle pas de prendre à bras-le-corps les changements à l’œuvre ? L’instabilité géopolitique, la croissance des contraintes climatiques et d’approvisionnement en matières premières vont peser plus lourdement sur les productions agricoles et les filières agroalimentaires. Soit nous courons derrière les marchés en les laissant piloter les prix aux consommateurs par la rentabilité, soit nous faisons le choix de l’intervention et de la régulation pour sortir des spirales inflationnistes. 

 

 

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