50ème anniversaire du Traité de l'Elysée
Discours au Bundestag - 50ème anniversaire du Traité de l'Elysée
(Discours des Présidents de groupe parlementaire)
Messieurs les Présidents, Madame la Chancelière, Mesdames, Messieurs,
Il me revient donc les propos de la fin, les trois, peut-être quatre minutes finales, de cet hommage que nous avons rendu avec émotion à l’amitié des peuples franco-allemands, en célébrant et revivifiant le Traité de l’Elysée. Ce texte a scellé le rapprochement de nos deux pays, nos deux pays dont les pages sombres de l’histoire commune n’étaient pas une fatalité.
19 ans plus tôt, en février 1944, quelques heures avant d’être fusillé, Missak Manouchian, militant communiste et résistant, écrivait à son épouse : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, (…). Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. »
Nos deux peuples ont su répondre à son espoir en faisant de notre réconciliation un symbole pour tous les militants de la paix et de l’amitié entre les peuples.
Chers collègues, « C’est la douce loi des hommes de changer les ennemis en frères », écrivait le poète Paul Eluard.
Rappelons que cette relation d’amitié puise aussi ses racines dans l’histoire du mouvement ouvrier et des idées portées des deux côtés du Rhin par des figures comme Rosa Luxembourg et Jean Jaurès. Avant eux, Victor Hugo, dans un discours visionnaire, prononcé le 1er mars 1871 à l’Assemblée nationale, liait déjà le destin de l’Europe à « la fraternité » entre la France et sa « sœur », l’Allemagne.
Pour continuer à faire vivre cette amitié, nous avons une responsabilité collective à assumer. C’est ce que prévoit notre déclaration commune, en confiant l’entretien de ce bien si précieux à cette flamme si belle qu’est la jeunesse.
Cet esprit de responsabilité implique que nous surmontions ensemble les obstacles à la fraternité et à la solidarité entre les peuples. Le pouvoir exorbitant de la finance et l’aggravation des inégalités sont autant de facteurs de divisions qu’il nous faut combattre. La crise économique et sociale que nous traversons, alimentée par le choix de l’austérité et par les inégalités croissantes entre les Etats et entre les citoyens, entretient les égoïsmes et les replis identitaires au détriment des peuples européens. Pour tous, malheureusement, la guerre économique est devenue une réalité. Les salariés français, allemands, européens, en paient le prix fort.
Le courage, le souffle et la force qui avaient accompagné la signature du traité de l’Elysée doivent aujourd’hui nous inspirer pour réorienter la construction européenne et bâtir un nouvel avenir. En quelque sorte, pour reprendre une image de mon collègue et camarade Gysi, il est grand temps de "remettre la table", celle d’un nouvel avenir, celui d’une Europe sociale et solidaire, une Europe plus respectueuse des intérêts des peuples et plus respectueuse de leur souveraineté.