A Doha, la crise climatique passe encore après la finance…

Publié le par André Chassaigne

 Copenhague, Cancun, Durban et maintenant Doha : les conférences sur le changement climatique se suivent… sans que les engagements internationaux en matière de réduction des émissions de CO2 ne progressent vraiment. Pourtant, à chaque fois, les hypothèses les plus pessimistes des scientifiques sur l’accroissement de la température moyenne de la planète se confirment. Les signaux sont tous au rouge. La banquise a atteint son plus bas niveau jamais enregistré en septembre. Les évènements climatiques extrêmes se multiplient. La montée du niveau de la mer est toujours plus rapide. Les réfugiés climatiques se comptent déjà par dizaines de millions.

 Même la Banque mondiale s’alarmait en novembre dernier d’un risque de hausse de la température mondiale de + 4°C d’ici 2060, soit près du double du plafond de + 2° C retenu par la communauté internationale pour limiter tout risque d’emballement climatique et d’effets non maîtrisables. Et quand le Président des Etats-Unis, fraîchement réélu, ose à nouveau publiquement s’inquiéter des menaces sur son pays liées « au pouvoir destructeur d’une planète qui se réchauffe », on se disait que la conférence de Doha pouvait permettre de sortir enfin du brouillard de la politique climatique…

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 Mais les résultats de 15 jours de tractations sont particulièrement décevants. La prolongation des accords de Kyoto jusqu'en 2020, actée en fin de sommet pour ne pas sortir à vide de cette conférence, ne concerne plus que 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Au final donc, une coquille vide, sans réelles contraintes, ni précisions chiffrées. Et aucun autre objectif contraignant envisagé pour les principaux pays émetteurs. Quant aux moyens de financer l’aide des Pays du Sud en faveur de la lutte et de l’adaptation au changement climatique, elle demeure dans le flou. La finance du Nord avant tout !

 Devant de tels échecs successifs, l’attitude de la France et de l’Union européenne doit être exemplaire. En demandant d’abord que la crise du capitalisme mondialisé ne serve plus de prétexte au renoncement politique, et d’alibi pour continuer à masquer aux peuples l’ampleur des dangers que cette position hypocrite fait peser sur l’avenir de l’humanité et des plus pauvres. Notre pays doit aussi pousser vers une action diplomatique résolue pour faire avancer l’ensemble des Etats sur la voie de la responsabilité commune et des engagements internationaux contraignants. Avec aussi comme exigence fondamentale la concrétisation d’un droit fondamental de tous les êtres humains à l’énergie « décarbonée », c’est-à-dire une énergie non productrice de gaz à effet de serre. Un tel objectif implique de définir une grande politique de coopération énergétique mondiale pour limiter très rapidement et drastiquement le niveau de nos émissions.

 Voilà quelques pistes à défricher dès maintenant pour un Gouvernement qui cherche à faire de Paris le siège de la conférence des Nations-Unies sur le climat en 2015. Cette conférence sera chargée de parvenir à un nouvel accord cadre mondial. Saura-t-elle répondre aux enjeux ?

 

Chronique publiée dans la journal La Terre. 

 

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C
Plein accord avec l'article: il faut préciser cependant ce qu'on entend par "coopérations en matière énergétique". Dans l'industrie, il faudrait fixer des "benchmarks" en matière d'émissions de CO2<br /> par tonne de produit ou de consommation d'énergie par tonne de produit. Les entreprises des pays développés et émergents seraient tenus de les respecter en 2020.Une bonne efficacité énergétique est<br /> signe d'efficacité industrielle et préserve l'emploi. Les entreprises du monde ont tout intérêt à montrer qu'elles sont bien placées par rapport à leur concurrentes dans l'atteinte de ces<br /> benchmarks.<br /> Des coopérations doivent se faire en matière de recherche développement pour accélérer la mise en oeuvre de technologies plus "propres".Une conférence sur la coopération internationale pour la<br /> réduction des émissions de CO2 de l'industrie devrait être organisée sous l'égide de la prochaine conférence des parties.Ces actions impliqueraient les pays émergents (certes difficiles à<br /> définir)et pourraient être considérées comme des armes contre les délocalisations pour raisons environnementales (qu'on ne doit pas par ailleurs surestimer) et les risques de fuite de carbone.<br /> <br /> Il faut ressortir en partie la notion de "politiques communes et coordonnées" abandonné avant Kyoto.<br /> <br /> Il faut par exemple prévoir une action coordonnée des différents pays en faveur d'une électricité à bas carbone par l'énergie nucléaire, les énergies renouvelables, avec des objectifs graduels et<br /> progressifs de réduction de Co2 par KWh.<br /> <br /> Christophe EWALD
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C
Non ! Evidement Non ! Cette prochaine conférence et les suivantes ne sauront en aucun cas résoudre les problèmes climatiques de la planète.<br /> Personne ne peut les résoudre sauf s'il se résoud (c'est le cas de le dire...) à résoudre le seul, l'unique problème de la planète : le CAPITALISME.<br /> J'affirme que la seule cause du réchauffement climatique est l'existance de groupes privés (ou d'états) qui ne souhaitent que s'enrichir au plus vite avant ce qu'à défaut de "Solution finale", on<br /> devra appeler "Conséquence finale".<br /> <br /> J'autorise la reprise de ce texte ( et j'espère que conformément à vos critères que je trouve justifiés, il sera approuvé ).<br /> Claude chollet<br /> 35 rue Kennedy<br /> 59940 Estaires<br /> Tél. : 06 86 98 03 69
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M
C'est d'autant plus consternant que j'apprends par la radio que le charbon va devenir la première source d'énergie mondiale désespérant !<br /> http://www.letelegramme.com/ig/generales/france-monde/monde/charbon-la-premiere-source-d-energie-d-ici-10-ans-18-12-2012-1947681.php<br /> <br /> Merci pour vos billets André Chassaigne et tous mes vœux à vous.
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