André Chassaigne répond aux questions de La Montagne

Publié le par André Chassaigne

L'entretien n'a été publié que partiellement dans l'édition du 10 novembre du journal La Montagne. 

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1) Comme les député-e-s Front gauche l'ont fait voici quelques semaines, vos collègues Front de gauche du Sénat ont voté contre le projet de loi de programmation budgétaire 2012-2017. Pourquoi?

 

Cette loi de programmation budgétaire est en fait la mise en musique du traité européen Sarkozy-Merkel, qui a pu être adopté par un vote convergent des parlementaires socialistes et de l'ancienne majorité de droite. Notre refus de soutenir cette programmation budgétaire est donc dans la logique de notre rejet d'un traité qui a mis en place le corsetage des budgets nationaux en faisant le choix d'une sortie de crise par l'austérité.

 

2) Le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, a estimé qu'après ce vote les élus Front de gauche n'étaient plus dans la majorité? Que répondez-vous ?

 

Etre dans la majorité de gauche ne se définit pas par le soutien à des mesures qui renient les valeurs et engagements de la gauche ! La majorité de gauche, c'est celle qui est sortie des urnes, permettant l'élection du François Hollande avec l'apport des 4 millions de voix du Front de gauche. Après avoir été acteurs de la victoire au printemps dernier, nous avons aujourd'hui la responsabilité de tout mettre en œuvre pour que la gauche réussisse en répondant aux attentes d'une population dont les difficultés sont croissantes. Or, nous pensons que la rigueur budgétaire aggravera la crise en accentuant la spirale infernale « austérité-récession », c'est-à-dire replis économiques et régression sociale. Bien au contraire, nous portons d'autres perspectives de redressement par le pouvoir d'achat, l'emploi, notamment industriel, et le maintien de nos services publics.

Nous ne sommes donc pas sur une posture d'opposition stérilisante mais nous portons au contraire des propositions constructives par des mesures de relance qui sont justement les éléments d'une vraie politique de gauche.

 

3) Vous ne ménagez pas le gouvernement. En une semaine, vous avez écrit à Manuel Valls pour vous "indigner" de l'extradition d'Aurore Martin et avez critiqué les mesures annoncées suite au rapport Gallois. Cette position ne sert-elle pas la droite ?

 

Soyons clairs : notre adversaire, c'est le système financier défendu par les privilégiés de l'argent, relayé par les politiques de droite qui ont laissé la France dans un état pitoyable. Notre positionnement est sans ambiguïté : nous avons toujours combattu la droite et continuons à le faire. Aussi nous approuvons les mesures gouvernementales qui vont dans le sens du progrès pour le plus grand nombre. Mais nous nous opposons à ce qui répond davantage aux exigences de la finance qu'aux aspirations populaires.

Notre fil rouge, c'est bien la réussite de la gauche. Pour illustrer notre ligne de conduite, je me plais à dire que les parlementaires communistes et du Front de gauche ne sont pas là pour écrire la chronique d'un échec annoncé mais le chronique d'un échec refusé.

 

4) Bousculer le gouvernement actuel, est-ce une stratégie pour entrer au gouvernement ?

 

Si nous avons décidé de ne pas entrer dans le gouvernement, c'est parce qu'il ne se donnait pas les moyens de rompre avec les politiques antérieures. Nous n'avons pas changé d'avis et restons une force autonome, mais que nous voulons constructive au sein de la gauche.

Nous rejetons toute posture politicienne. Notre unique ligne de conduite, c'est tout mettre en œuvre pour surmonter les difficultés de notre pays et de ses habitants. C'est ce que nous avons rappelé au Premier Ministre jeudi soir : certes, nos divergences sont fortes puisqu'elles portent sur les solutions à mettre en œuvre et nous les exprimons par nos votes parlementaires.

Nous maintiendrons notre ligne de conduite que je qualifie d'honnête, intellectuellement et moralement : soutenir tout ce qui va dans le bon sens, en enrichissant par voie d'amendements les textes proposés, mais aussi rejeter, en développant d'autres perspectives, ce qui nous apparaît contraire aux intérêts des populations et suicidaire pour l'avenir de notre pays.

 

5) Le Front de gauche lui-même ne risque-t-il pas d'y perdre en crédibilité ?

 

Bien au contraire, le Front de gauche perdrait toute crédibilité en reniant ses engagements et en renonçant à porter des propositions dont la mise en œuvre est indispensable pour répondre aux besoins sociaux et sortir le pays de la crise.

Ainsi, pour reprendre une maxime de Pascal, en l'adaptant à l'actualité politique de la gauche au pouvoir, nous refusons la formule : « Vérité en deçà des élections, erreurs au-delà ». Voilà pourquoi les propositions budgétaires que nous portons sont strictement celles que l'opposition de gauche portait ensemble à l'automne dernier, contre la majorité de droite, dans le débat budgétaire pour 2012.

 

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J
Bonjour camarade.<br /> Dans ton entrevue sur France3 avant hier soir, tu as déclaré que les parlementaires du groupe Front de Gauche que tu présides voteront sans doute l'abstention sur la loi de finance 2013. Les<br /> parlementaires ont sans doute de bonne raisons de s'inscrire dans cette ligne. Mais il faut que tu saches que nombreux sont les militants de base qui pensent que ces atermoiements face au P.S. ne<br /> permettent pas de soutenir notre cause. Comment expliquer à nos concitoyens que nous luttons contre l'austérité mais que nos parlementaires ne s'opposent pas clairement aux budgets qui mettent en<br /> place cette même austérité? Il y a là une contradiction qui ne pourra pas durer très longtemps sans nuire gravement à la clarté de notre engagement politique. Le P.S. court tout droit à la<br /> catastrophe. J'espère que le P.C.F. ne l'accompagnera pas dans la déroute comme ce fut trop souvent le cas par le passé. Fraternellement
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J
bonjour Mr le Depute:<br /> tout à fait d'accord avec vous consernant la filiére bois.<br /> Des enjeux importants sont à prendre tout de suite en cpt<br /> (j'ai personnellement une maison àossature bois 15 ans!!! on m'appelais le trappeur pour toutvous dire.ceci étant c'est toute une filière economique d'amont en aval qui doit etre prise en cpt.<br /> Les acteurs sont souvent de petites entreprises tissu de notre région.Ils ont besoin de soutien sur les élus mais pas tout.<br /> Je me tiens à votre disposition pour en discuter et avancer de l'avant.<br /> Nous nous étions rencontrer aux 200ans d'ARBALETE(papa de peirre).<br /> Salutations Distinguées.<br /> Jean-Luc Morin
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