Budgets de l’agriculture : où est la volonté ?

Publié le par André Chassaigne

 

 C’est l’heure des budgets pour l’agriculture, qu’il s’agisse de celui de la PAC pour la période 2014-2020, ou du budget français pour 2013. Les grandes lignes de ces deux budgets seront adoptées en ce mois de novembre, avec les négociations sur le budget pluriannuel de l'UE lors du sommet européen des 22 et 23 novembre, et avec l’adoption du projet de loi de finances pour le Parlement français dans les semaines à venir.

 L’heure des choix serait-on en droit de penser ?

 Au contraire, dans les deux cas, on s’achemine vers une politique dans la continuité de ce qui a déjà été acté pour l’agriculture dans les précédentes réformes : la libéralisation poussée par les précédentes négociations de 1992, de 1999, ou de 2003, n’est pas remise en cause. Pour schématiser, on continue la règle des « 3 laisser » : le « laisser-faire » sur les prix, avec l’ajustement sur les exigences des marchés agricoles ; le « laisser-aller » en matière de gestion des productions et des volumes avec l’abandon des derniers outils européens comme les quotas laitiers, ou les menaces sur les droits de plantation et les quotas sucriers ; le « laisser-croire » en matière de renouvellement des exploitations, de présence agricole sur les territoires, de prise en compte de l’environnement ou de réorientation vers un modèle agricole européen durable.

 Cette politique sans perspective nouvelle se traduit bien entendu par un cadre budgétaire contraint. Bien sûr, on n’en finira pas de se féliciter du budget stable pour la politique européenne, avec un probable accord sur un gel des dépenses à leur niveau nominal de 2013. Mais en y regardant de près, il s’agira d’un recul conséquent en tenant compte du rééquilibrage des soutiens en faveur des derniers pays entrant, et de l’inflation. Bien sûr, on nous expliquera aussi que le budget national, en repli de près de 10 %, répond à l’indispensable besoin de « redressement des comptes publics », mais n’entame en rien notre capacité à rebondir.

 Dans la réalité, derrière ces arbitrages budgétaires, ce sont des questions de fond qui sont occultées. Voulons-nous poursuivre sur la voie d’une agriculture soumise aux pressions des marchés et de la grande distribution, qui broient les hommes comme les liens étroits qu’ils entretiennent avec leur territoire ? Voulons-nous continuer à pressurer les revenus d’une majorité de paysans, qui, sans perspectives, font le choix d’abandonner leur activité au profit d’une concentration et d’une spécialisation toujours plus poussée des exploitations ? Voulons-nous abandonner toute intervention publique sur un secteur déterminant pour l’avenir de l’humanité ?

 Sur ces choix fondamentaux, qui devraient pourtant agiter le débat sur la politique agricole et alimentaire en cette fin 2012, bien peu se prononceront et avanceront des propositions concrètes. Parmi les responsables européens, on se contentera sans doute d’en appeler à un énième bilan de santé de la PAC en 2016 ou 2017. « Les volontés faibles se traduisent par des discours ; les volontés fortes par des actes », disait Gustave Le Bon. Où est donc la volonté dans ces budgets ?


Chronique publiée dans le journal La Terre. 

 

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S
ancienne habitante de la ville de billom et sensible à l'environnement et bien sûr aux cultures environnantes, je suggère une idée de collecte des déchets verts de ses habitants afin que chacun de<br /> nous participent à l enrichissement de notre très beau terroir.
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A
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