Ce sont les charges financières qui pèsent sur les petites entreprises
Après le « pacte de compétitivité » et ses 20 milliards de ristourne sans contrepartie ni objectif, le mois de janvier aura donc vu éclore un nouveau pacte avec le grand patronat, au nom fumeux de « pacte national de responsabilité ». C’est une trouvaille qui « va très bien » au président du Medef. Il s’agit d’exonérer à terme le patronat du paiement de sa part des cotisations famille de la protection sociale, nouveau cadeau de 37 milliards d’euros pris sur les droits des salariés.
Ce pacte s’inscrit aussi dans le vieux rêve revanchard du patronat français, pour que les employeurs ne participent plus au financement de la protection sociale. Pour le MEDEF, l’horizon est de mettre à bas, par touche successive, les acquis du programme du Conseil national de la résistance. Le marché proposé par le Président de la République à la grande oligarchie financière est un marché de dupes : « moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur les activités » en contrepartie de « plus d’embauches et plus de dialogue social ». Cela fait près de quarante ans que cette logique est à l’œuvre avec les désastreux résultats que l’on connaît.
Le mythe entretenu est celui d’un « coût du travail » excessif, à cause de l’existence d’un salaire minimum, de la protection sociale et jusqu’à la protection de l’emploi inscrite dans le code du travail est un mythe. C’est à partir de cette logique que l’idéologie dominante tente de gagner les travailleurs et tous nos concitoyens à la thèse qu’il faut baisser les salaires. Celle-ci permet de redoubler l’exploitation du travail et d’alimenter les dividendes versés aux actionnaires. Mais c’est elle qui mène l’Europe et notre pays dans le mur d’une crise sans fin.
Nous le savons, ces politiques ne réduisent pas les dettes publiques. Au contraire, elles tuent dans l’œuf tout projet de relance économique, et contribuent à alimenter toujours plus le cercle vicieux des déficits avec toujours moins de recettes fiscales, toujours moins de consommation. A ceci s’ajoute, avec les déréglementations, l’incitation à spéculer plutôt qu’à investir. Les banques ne s’y trompent d’ailleurs pas. Non contentes de bénéficier elles-mêmes de toutes ces ristournes gratis sur leurs cotisations, elles ferment comme jamais le robinet du crédit bancaire pour les créations d’entreprises, et vont à nouveau alimenter une spéculation inouïe sur les marchés dérivés.
Ainsi pour ne prendre que le département du Puy-de-Dôme, on ne compte plus les projets de création ou de développement de TPE-PME ou de commerces avortés faute de crédit bancaire. Il s’agit pourtant souvent de montants relativement limités, de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d’euros. Trop souvent, les porteurs de projets se heurtent au mur du refus bancaire, sans d’ailleurs jamais connaître les critères de rejet. S’il y a donc des leviers à actionner pour le développement de l’emploi, notamment en milieu rural, actionnons d’abord celui du crédit bancaire et de la baisse des charges financières, intérêts versés aux banques et dividendes versés aux actionnaires qui pèsent pour plus de 300 milliards d’euros chaque année sur les entreprises. Regardons la réalité économique locale en face, et faisons le choix d’aider l’investissement, la création d’emploi, le développement des PME-TPE plutôt que d’encourager une nouvelle gabegie financière sans contrepartie pour l’économie du pays.
Chronique publiée dans le journal La Terre.