Changer de politique
Les résultats de ces élections municipales confirment le désaveu massif des Françaises et des Français vis-à-vis de la politique conduite par le Gouvernement. Face aux choix libéraux, qui rendent la vie toujours plus difficile pour des millions de personnes, la sanction s’exprime de façon différente : par une très forte abstention de l’électorat de gauche, avec des niveaux encore jamais atteints pour un scrutin municipal ; par le basculement à droite et une implantation du Front national dans de nombreuses villes traditionnellement ancrées à gauche.
Au regard de ce désaveu massif, le Parti Communiste Français n'est pas épargné par les gains de la droite, mais maintient globalement son implantation après avoir fait élire 94 maires de villes de plus de 3500 habitants au premier tour, et enregistré, au second tour, le gain de villes importantes comme Aubervilliers et Montreuil. Dans le Puy-de-Dôme, le gain de Thiers et Courpière, dont je suis le député, est aussi un signe fort. Ces milliers d’élus PCF, du Front de Gauche, progressistes constituent le troisième réseau national d’élus municipaux et de maires. Ils continueront à être des relais efficaces et utiles des luttes sociales et des attentes fortes des habitants au sein des collectivités.
Là où ils seront présents, là où ils seront en responsabilité, nos élus devront pleinement prendre leur part dans la construction de politiques municipales répondant aux besoins de celles et ceux qui sont les plus en difficultés. Il s’agit également de structurer des champs de résistance aux politiques d’austérité en promouvant des politiques publiques locales exprimant les valeurs de la gauche. Je pense notamment à la défense des services publics locaux qui seront les premiers dans la ligne de mire d’une droite revancharde qui voudra solder ces piliers essentiels du vivre ensemble, et offrir de nouveaux marchés juteux aux entreprises privées. Quelle que soit notre position, dans des majorités de gauche, ou a fortiori dans les oppositions municipales, notre rôle d’élu progressiste doit être rendu visible, en contact permanent avec la population, pour donner de la force à notre façon de faire de la politique, plus humaine, au service de la justice sociale. Je n’ai aucun doute sur l’engagement de nos élus dans cette démarche.
Comme l’affirment l’ensemble des forces du Front de Gauche, et beaucoup de militants de gauche, l’autre constat à tirer de cette élection est « l'urgence absolue de changer de politique, à commencer par le pacte d’irresponsabilité dicté par le MEDEF et la commission européenne ». La pire des choses serait désormais d’assister autour d’un remaniement ministériel, simple tentative de trompe l’œil, à un déni de sanction et à un repli mortifère sur une politique libérale contraire à l’aspiration du peuple de gauche et du monde du travail. Sans changement politique, rien ne sera possible pour la gauche demain. C’est en ce sens que le 12 avril prochain, le PCF et le Front de gauche donnent rendez-vous dans la rue, pour un sursaut politique, à toutes les forces progressistes et à tous celles et ceux qui ont le cœur à gauche.
Chronique publiée dans le journal La Terre.