Comment sortir du chaos en Centrafrique ?

Publié le par André Chassaigne

 Le drame qui se joue actuellement en Centrafrique fait imploser l’unité d’un pays déjà fragilisé par la pauvreté, soumis à la violence de groupes armés que l’armée française n’arrive pas à contrôler dans une nième intervention depuis l’indépendance de cette ancienne colonie. Le gouvernement nous promettait une opération rapide. Mais, il a dû, cette semaine, demander au Parlement l’autorisation de prolonger l’intervention des forces françaises.

 Les parlementaires du Front de gauche avaient prédit ces difficultés, sans avoir été entendus. La situation sur le terrain, plus complexe que prévue, s’est au contraire dégradée ! Les exactions restent quasi quotidiennes dans la capitale Bangui. Les représailles se traduisent par des lynchages, des destructions de maisons, de mosquées. Amnesty international dénonce le « nettoyage ethnique de civils musulmans ». Les forces militaires françaises échouent à juguler cette violence populaire et s’avèrent donc inefficaces sur le terrain : le chaos ne cesse de s’aggraver. Car la solution n’est pas militaire mais politique.

 Aujourd’hui, plus de deux millions et demi de personnes ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Des épidémies sont à craindre. Les champs ne sont quasiment plus cultivés. La nourriture commence à manquer dans certains secteurs. Les Nations Unies ont dû établir un pont aérien pour acheminer des céréales.

 Force est de constater que l’échec est aussi diplomatique car la France n’a pas su rallier d’autres forces à sa mission d’interposition. Elle se retrouve encore seule en première ligne, avec un contingent africain qui s’avère finalement plus virtuel que réel. Les grandes puissances s’en satisfont cyniquement. Non seulement les appels à un déploiement de casques bleus de l'ONU ne sont pas entendus, mais les partenaires européens feignent de s’indigner sans offrir de réponse à la hauteur du drame qui se joue.

 Face à l’impasse militaire et au climat de terreur, les perspectives politiques peinent à se dessiner. Notre présence militaire ne réglera pas le problème sur le fond, et dans la durée. La France a la responsabilité de créer les conditions de la reconstruction d’un pays en pleine déliquescence. Elle le doit au peuple Centrafricain au regard de son implication durant la période coloniale et depuis l’indépendance. C’est pourquoi, elle doit agir pour une action multilatérale sous l'égide des Nations Unies en étant à l'initiative de l'organisation d'une Conférence internationale pour la paix et le développement en Centrafrique et dans la sous-région. Cette conférence devrait avoir pour objectif la construction d'une solution politique partagée, l'arrêt des ingérences extérieures, l'unité du pays face aux menaces de partition, la reconstruction de l’État, des services régaliens et des services publics. Mais il est aussi indispensable que la Centrafrique se réapproprie ses richesses pour mettre un terme aux ingérences et aux conflits. Aucune issue ne sera possible tant que la République centrafricaine n’aura pas retrouvé sa pleine souveraineté. Pour cela, les richesses du sol et du sous-sol doivent revenir au peuple centrafricain.

 La France, qui porte une très lourde responsabilité historique dans le désastre, doit agir en ce sens pour que le peuple centrafricain sorte de cette crise terrible et prenne enfin son destin en main. C’est cette voix de la sagesse et de la responsabilité que portent les parlementaires du Front de gauche.

 

Chronique publiée dans le journal La Terre

 

 

Intervention au nom des députés du Front de Gauche sur l’autorisation de la prolongation de l’intervention des forces françaises en Centrafrique

Mercredi 25 février 2014



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