« Commission Mobilité 21 et Auvergne » : commentaires sur le rapport final

Publié le par André Chassaigne

 En acceptant, en octobre dernier, la proposition du ministre des transports de participer à la Commission « Mobilité 21 », chargée de préciser les conditions de mise en œuvre du Schéma National des Infrastructures de Transport (SNIT), j’avais conscience des enjeux complexes de cette mission. J’avais aussi mesuré la difficulté de la tâche au regard des attentes et des contraintes financières. Bien évidemment, j’avais anticipé les incontournables mises en cause partisanes à assumer à la livraison du rapport, avec un classement des projets d’autant plus soumis à contestation qu’il hiérarchise des domaines aussi divers que les lignes ferroviaires, les grands itinéraires routiers, le réseau fluvial, les accès aux ports et aéroports...

 Mais j’ai toujours pensé que l’intérêt général devait l’emporter sur toute autre considération, ce qui impliquait de ma part un engagement objectif, écartant tout parti pris lié à mon ancrage régional. Cependant, en levier des attentes locale, je m’étais fixé l’objectif de porter des exigences fortes : desserte des territoires les plus fragiles, exigences environnementales, satisfaction des besoins des populations, développement économique. Ce sont ces orientations que j’ai défendues inlassablement durant 8 mois, avec une charge de travail qui a considérablement pesé, chaque semaine, sur mon agenda de député et président de groupe.

 A l’issue de cette mission, je tiens à saluer l’approche éthique qui a été celle des membres de la Commission et son Président : chacun a eu la volonté de se dégager des multiples pressions extérieures et intérêts locaux, dans une écoute mutuelle et respectueuse d’avis divergents, expression de nos sensibilités différentes.

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 Pour autant, les choix majoritairement retenus n’ont pas échappé aux orientations politiques, sociales et économiques mises en œuvre en Europe et dans notre pays, marquées du sceau du libéralisme : chacun sait que je ne les partage pas. Et elles ont malheureusement marqué aussi de leur empreinte le résultat de notre travail :

 - Limitation des dépenses publiques et donc des services à la population en faisant le choix de l’austérité pour le plus grand nombre, sous le prétexte de la compétitivité économique, retenue comme levier de la sortie de crise. Corsetés par les contraintes financières, les transports n’échappent pas à la rigueur !

 - Développement sélectif des territoires en privilégiant les métropoles à dimension européenne, au détriment de l’aménagement des régions plus enclavées et aux moyens plus modestes. La rentabilité des investissements a été une donnée prioritaire dans la hiérarchisation des projets : la prise en compte de la performance économique a davantage pesé que les bénéfices sociétaux attendus ou les effets sur l’environnement.

 Au final, l’insuffisance des ressources financières dédiées aux infrastructures de transport et une approche territoriale entérinant les inégalités territoriales auront été les deux marqueurs dominants. Ils ont conduit inéluctablement à un rapport final source de frustrations, voire de colère pour les populations et acteurs économiques laissés pour compte. A chacun d’en analyser les causes et d’agir en conséquence. Au pouvoir politique de l’assumer en toute responsabilité.

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 Le rapport dégage cependant un élément particulièrement positif : la volonté d’une meilleure prise en compte de l’existant, en entretenant et modernisant des réseaux indispensables à l’irrigation de nos territoires. Cela concerne en premier lieu la régénération du réseau ferroviaire, en particulier au profit du fret. Concernant la route, cela se traduit, pour l’Auvergne, par l’inscription au Schéma National des Infrastructure de Transport de plusieurs itinéraires routiers d’importance :

 - La RCEA (Route Centre Europe Atlantique) a été retenue comme un axe de première priorité pour un coût estimé entre 640 M€ et 1 Md€. Je précise que nous ne nous sommes pas prononcés sur les modalités d’aménagement (en particulier le choix du péage) qui relèvent de décisions concertées à prendre avec les départements traversés (Allier et Saône-et-Loire).

 - Quatre autres axes majeurs ont été inscrits au PDMI (Programme de Modernisation des Itinéraires Routiers) : en Haute-Loire, la RN 102 (entre Le Puy-en-Velay et l’A75) et la RN 88 (entre Yssingeaux et l’A75) ; dans le Cantal, la RN 122 (entre Massiac et Figeac) ; dans l’Allier, la RN7 (mise à 2X2 voies Roanne-Moulins).

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LGV-et-Pocl-le-deraillement reference

 En ce qui concerne la desserte ferroviaire actuelle Paris-Clermont-Fd, deux opérations prioritaires auront un impact important sur la qualité du service :

 - Le renouvellement des trains de la ligne Paris-Clermont-Ferrand par « du matériel neuf et plus performant ». Quatre lignes structurantes du réseau TET (Trains d’Equilibre du Territoire) ont en effet été retenues pour leur rôle majeur avec une enveloppe globale de 1,2 Md € pour ce renouvellement.

 - Le traitement « dans les meilleurs délais » du nœud ferroviaire du secteur parisien gare de Lyon – gare de Bercy « pour améliorer la capacité d’accueil et les conditions d’exploitations ».

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 Pour l’important et emblématique dossier de la LGV POCL (Paris-Orléans-Clermont-Lyon), je me suis évidemment opposé à sa relégation en deuxième priorité (2030-2040). Mais la majorité des membres de la Commission a estimé que le coût de 14 Mds € ne permettait pas son inscription en première priorité, quel que soit le scénario retenu (le premier scénario limite le total des premières priorités à 10 Mds €, le deuxième scénario à 30 Mds €). D’autant plus que le projet n’a pas été inscrit comme itinéraire structurant au réseau européen du transport (RTE-T) ouvrant droit au soutien financier de l’Union Européenne. De plus, la date de saturation de la LGV Paris-Lyon a fait l’objet de fortes controverses avec des délais allant de 2025… à 2050 !

 Quatre décisions allant dans le bon sens ont cependant pu être obtenues :

 - Reconnaissance du caractère indispensable de la LGV POCL, avec un double objectif : répondre à la saturation de la LGV Paris-Lyon mais aussi améliorer la desserte des territoires du centre de la France en les intégrant au réseau de la grande vitesse.

 - Création d’un observatoire indépendant pour clarifier objectivement l’horizon réel de saturation, qui conditionne le commencement des travaux de POCL (en tenant compte, avec un débat contradictoire, des données les plus récentes et des projections les plus actualisées).

 - Inscription d’une « réserve de précaution » de 2 Mds € pour engager, en tant que besoin, des premiers travaux avant 2030 pour des projets concernés par une saturation accélérée (par exemple pour un engagement des premiers travaux de POCL dès 2028 si la LGV Paris-Lyon devait être saturée en 2035).

 - Réalisation en première priorité du nœud ferroviaire lyonnais, opération indispensable pour l’intégration ultérieure de POCL et sa jonction avec le réseau rhôdanien.

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 Au regard de la qualité des travaux, tout en ayant exprimé mon opposition à certaines décisions prises majoritairement, j’ai accepté d’apporter ma signature au rapport final que je considère comme un document d’orientation soumis au pouvoir politique, c’est-à-dire à l’examen du Parlement et aux choix gouvernementaux.

 

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V
Monsieur,<br /> J'ai pu voir sur un autre site la vidéo de votre intervention à l' assemblée nationale contre une intervention militaire .<br /> Assez globalement , je vous ai trouvé excellent .Défendant avec fougue et brio un certains nombres de points essentiels que je partage avec vous :Le respect du droit international , le caractère<br /> illégal d' une intervention militaire,le non sens et l'aventurisme d'une guerre en Syrie,la nécessité de saisir l'assemblée nationale par un vote , le martyr subi par le peuple syrien .<br /> <br /> Par contre je n' ai nullement apprécié votre passage sur Bachar El Assad quand vous le définissez comme tyrannique et sanguinaire et vous lui collez la quasi totale responsabilité du drame que vit<br /> le peuple syrien . En cela on voit que vous cédez à l' invraissemblable pression que nous subissons tous de la part de la propagande des médias impérialo libéralo sionistes depuis ( je m' intéresse<br /> à la géostratégie depuis 1973 et il m' est tout de suite apparu que les Assad étaient dans le collimateur : Tant que l' URSS existait les impérialistes ne pouvaient se permettre une agression dont<br /> ils rêvaient . L' affaiblissement de la Russie leur a donné une opportunité stoppée par le réveil russo- chinois suite à la crise lybienne)trés longtemps .<br /> <br /> Alors permettez moi de vous dire un certain nombre de faits ou de réalités qui infirment en trés grande partie vos propos :<br /> -Grace à Assad , la Syrie est un pays où cohabitaient en bonne entente 30 religions et ethnie et c'est tellement vrai qu' une majorité de libanais souhaitaient la présence militaire syrienne afin<br /> que cette réalité soit également permise au Liban (on notera que des pays comme L' Arabie Saoudite ou le Quatar qui sont dans cette crise les alliés de la France et qui avec elle depuis 30 mois<br /> arment et financent les islamistes qui cherchent à renverser Assad sont de ce point de vue l' antithèse de la Syrie ).<br /> -Avant cette crise la Syrie d' Assad accueillait 2 millions de réfugiés irakiens et 500.000 réfugiés palestiniens .<br /> -Certes l' accueil de ces réfugiés a créé des difficultés économiques en Syrie ,certes une certaine dérive libérale a entraîné des disparités de développement dans la société syrienne ( de ce point<br /> de vue , la France est championne et peut se permettre de donner des leçons ),certes les apparences de démocratie ne sont pas aussi "travaillées "qu' en France ( pour ce qui est de la démocratie<br /> réelle qui est tout autre chose que ce que nous vivons en France rien ne vous permet de dire que la Syrie vivait une situation si déplorable .....a bien des égards , la Lybie de Kadhafi était<br /> probablement plus démocratique que la France .....et puis faire front commun sur un thème comme celui ci avec l'Arabie Saoudite et le Quatar ...bravo!)<br /> -Beaucoup se sont réjouis de voir des manifestations en Syrie contre ces dérives que je viens de citer . Mais dans le même temps des manifestations pro bachar avaient lieu et dépassaient trés<br /> largement en nombre les manifs anti bachar .<br /> -Ces manifestations furent -elles réprimées ( oui pour certains comme Bahar Kimiongur non pour d' autre comme un observateur tunisien de la ligue arabe dont j' ai perdu le nom)? En tout cas , les<br /> gouverneurs de Homs et Deraa furent limogés pour une trop grande dureté avec les manifestants .<br /> -Dés la seconde manifestation anti Bachar ( fin mars début Avril 2011) ,surgissaient des hommes en arme inconnus et qui s'en prenaient aux forces de police et tuaient 9 policiers et en blessaient<br /> 45 autres ). En juin 2011 ,les mêmes massacraient à Jisr El Chogour 115 policiers et soldats . Et vous auriez sans doute que Bachar s' en aille comme Ben Ali et Moubarak et laissent son peuple<br /> entre les mains de ces bandits dont l' unique but est d' imposer la charia à la Syrie ....Vous allez bien?!<br /> -En dépit de tout cela dés 2011 , Bachar introduit le multipartisme en Syrie , modifie la constitution approuvée par référendum par le peuple syrien . Des élections municipales ( 2011) ,<br /> législatives ( 2012 ) avec multipartisme ont lieu et le parti de Bachar les remporte . Les sondages d' opinion récents en vue des présidentielles de 2014 donnent Bachar vainqueur à 75 % des voix<br /> .<br /> - Sur les prés de 110000 morts depuis le début du conflit , prés de 50.000 sont ou des soldats ,ou des policiers, ou des combattants loyalistes . Prés de 40.000 sont des civils tués par les 2 camps<br /> et au vu des sinistres exploits que les" rebelles " mettent en vidéo probablement beaucoup plus du fait du camp rebelle que de l' armée syrienne . Le nombre de rebelles tués (25000 )est<br /> probablement sous éstimé . .....pour rappel ,en avril 1947 , l' armée française réprimait durement les manifestations des malgaches pour leur indépendance et faisaient 90.000 morts en un seul mois<br /> . ( les ministres PCF quittèrent le gouvernement de l' époque en partie pour cette raison).<br /> -"Les rebelles"sont pour les 2/3 des djihadistes étrangers ( prés de 10.000 ont été tués et donc "répertoriés ")et leur djihad est "travaillé" par des immams au profit des puissances impérialistes<br /> qui se servent de ces antagonismes religieux qui ne concernent qu' eux ....pour info , la femme d'El Assad est sunite , l'armée syrienne est majoritairement sunnite .<br /> <br /> Le général W.Clark a révélé que l' OTAN ( il fut commandant pour l' Europe des forces de l'OTAN) s'était donné comme programme d' intervenir dans 7 pays dont la Syrie ,croyez vous que cela puisse<br /> se faire sans démolir l'image de la cible .<br /> <br /> Je vous suis reconnaissant d' avoir défendu le point de vue pacifiste , mais je dis et répète qu' il n'est pas juste de présenter Bachar el Assad comme tyran sanguinaire : Il a juste le tort de<br /> faire front aux visées expansionnistes d' Israël ,de s' opposer aux projets quataris concernant un gazoduc et d' être le président d' un pays qui se trouve doté depuis peu d' immenses réserves de<br /> gaz que les impérialistes veulent s' approprier
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G
D'après le site transportrail, le rapport prévoit le transfert sur route de nombreuses lignes TET reliant Clermont au reste du territoire: c'est la fin programmée du "Cévenol" (relation Clermont-<br /> Nimes) et des Tours-Lyon (cars ou remplacement par des TER avec allongement des temps de parcours)<br /> Les Bordeaux -Lyon n'existent déjà plus...
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J
Le tout-TGV pour une petite élite circulatoire, c'est dépassé. Tant pis pour l'ego surdimentionné des élus.<br /> Il faut des trains intermédiaires entre TET et TGV roulant à 220 km/h sur le réseau classique. Le TGV-avion sur rails est fait pour des distances de 500 à 800 km, pas pour desservir les villes<br /> moyennes du grand Centre-Auvergne.
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