Courrier à Nicolas Sarkozy sur la commémoration du 11 novembre
Le 11 novembre 2011
André CHASSAIGNE
Député du Puy-de-Dôme
4, place Jean-Antoine Pourtier
63890 ST-AMANT-ROCHE-SAVINE
Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS
Objet : commémoration du 11 Novembre
Nos références : AC/CO/2980
Monsieur le Président de la République,
J’apprends, ce jour de commémoration du 11 Novembre, votre intention de changer le sens de cet anniversaire, destiné jusqu’ici à célébrer la victoire et le sacrifice de tous ceux qui sont tombés pendant la guerre de 1914-1918 pour défendre le sol de notre nation. Vous prétendez en faire une journée nationale pour tous les militaires morts sur les champs de bataille où notre drapeau est, et a été présent.
Je pense tout d’abord qu’une telle décision ne peut pas être prise sans que les associations d’anciens combattants et victimes de guerre ne soient consultées. Cette initiative interpelle sur le fond la société française dans son ensemble. Aussi, exigeait-elle une large concertation en amont.
Pour ma part, je considère que cette suggestion n’est pas conforme à l’intérêt de l’histoire et donc à celui du peuple de France. En mêlant ainsi indistinctement tous les champs de batailles, vous signifiez, de facto, que toutes les guerres se valent. Vous accréditez l’idée que le combat des « Poilus », sacrifiés à Verdun en 1916, aurait le même sens que la mort de nos malheureux engagés militaires français tombés à Dien Bien Phu en 1954 en Indochine. Pensez-vous aussi que mourir sous les balles et les obus nazis, dans le verrou de Sedan ou au Mont Mouchet, a la même signification que d’être, hélas, tué sur les rives du Canal de Suez en 1956, ainsi que lors des guerres coloniales passées et actuelles ?
Monsieur le Président, j’ose espérer que vous conviendrez que mourir contre l’oppression et pour la liberté n’a pas le même sens que de mourir, que l’ont soit appelé ou volontaire, au service de l’oppression, quelle que soit son origine.
Si l’on commémore des événements aussi importants que le 11 novembre 1918, c’est non seulement pour se souvenir des faits mais surtout pour les comprendre. Aussi, je crains vraiment, Monsieur le Président, que votre proposition précipite nos jeunes dans la confusion plutôt que de les éclairer.
Je me tiens à votre disposition et vous prie de croire, Monsieur le Président de la république, en l’expression de ma haute considération.
André CHASSAIGNE