Dans l’Aude, des luttes qui construisent l’avenir

Publié le par André Chassaigne

 

 Mon déplacement dans l’Aude, la semaine dernière, m’aura permis de confirmer que l’intelligence collective des salariés et la lutte commune des élus et des citoyens constituent une des clés du changement.

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 Ce sont d’abord les syndicalistes et salariés de l’usine Pilpa de Carcassonne, en lutte depuis juillet 2012, qui m’ont accueilli. Les dirigeants de l’entreprise de crème glacée s’acharnent à vouloir fermer un site qui est pourtant « compétitif » et rentable, pour répondre uniquement à la stratégie financière des actionnaires du fonds de pension anglo-allemand Oaktree. Scandalisés par le captage du savoir-faire audois pour délocaliser ensuite la production, j’ai pu mesurer avec les salariés combien est devenue incompatible l’ambition d’un redressement industriel en France avec les contraintes financières qu’imposent des actionnaires qui ne considèrent l’emploi que comme une variable d’ajustement. C’est une nouvelle fois la preuve bien réelle, que c’est à la question du coût du capital que nous devrions nous attaquer.

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 En lien direct, il nous faut aussi avancer rapidement pour ouvrir de nouveaux droits aux salariés pour réorienter les choix productifs et commerciaux des entreprises. Dans le cas de Pilpa, la mobilisation sans faille des 120 salariés permet aujourd’hui de mettre sur la table des solutions alternatives concrètes, avec un projet de SCOP, où l’engagement des pouvoirs publics et du Gouvernement sera déterminant. J’ai été véritablement enthousiasmé par la qualité de la réflexion des salariés, ces forces vives, éclairées, que le MEDEF veut confiner au seul rôle de main d’œuvre adaptable et flexible. Oui, les salariés sont capables de redresser une entreprise, de faire des choix de gestion et d’adaptation de leur outil de production bien plus efficaces en terme d’emploi et d’avenir que les détenteurs des capitaux. Pour peu qu’on leur en donne le droit !

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 Les « ouvriers bâtisseurs d’avenir » méritent plus qu’une simple considération. Leur action, comme celle des Fralib, devrait pourvoir servir d’exemple pratique pour de réelles avancées législatives. Je m’y suis engagé, en rapport direct avec les débats à venir sur le projet de loi dit « de sécurisation de l’emploi », et le dépôt des deux propositions de loi, la première portant sur l’interdiction des licenciements boursiers ou abusifs, et la seconde sur de nouveaux droits de préemption des salariés lors de la cession d’une entreprise. Notre tâche est maintenant de gagner des majorités d’idées autour de ces mesures indispensables au développement de l’emploi et au renouveau industriel de notre pays. Pilpa vivra, Pilpa vaincra !


 Après une réunion publique à Carcassonne sur le thème de l’égalité femmes-hommes, où la qualité des échanges a permis de souligner l’ampleur du travail à mener pour réduire les inégalités, mon itinéraire audois s’est aussi arrêté dans le village de Camplong d’Aude. Son maire communiste, Serge Lépine, fêtait 30 années de mandat, avec toujours au cœur son combat pour la défense des services publics et le développement rural. Une fois encore, son appel pour refuser le délitement de la présence du service public postal, suivi par quelques 120 maires audois, a forcé La Poste, en ce début d’année 2013, à mettre en place une expérimentation avec le rétablissement des facteurs-receveurs. C’est le fruit, là-aussi d’un vrai travail collectif et de conviction.

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 Oui, dans l’Aude, les luttes construisent l’avenir… non sans faire penser à celles du Midi Rouge au début du XXème siècle.

 

 

Chronique publiée dans le journal La Terre. 

 

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A
André, ce n’est pas par hasard si la côte de ton efficacité augmente.<br /> Ah ! Oui, c’est par là, que tout peut et que tout doit devenir possible.<br /> Changeons de base, partons d’en bas. Nous pouvons aller très, très loin. J’imagine !<br /> <br /> Créer le lien entre production et politique, oui mais pourquoi et Comment ?<br /> C’est une évidence, c’est là ou se crée les richesses que tout peut se construire autrement. Pour mieux me faire comprendre j’appelle un chat un chat. Le Prolétaire/Citoyen c’est lui qui a tout en<br /> main pour tout changer. Rien de ringard au retour du mot Prolétaire, surtout si on lui accole le mot citoyen, cela donne de la perspective sur le comment faire et autrement. Le prolétaire n’est pas<br /> uniquement l’ouvrier, mais c’est celui qui produit, pour lui et pour le bien commun. C’est avec l’intelligence collective du sens du bien commun dont tu parles André que tout peut se faire. Cette<br /> intelligence collective se nourrit de la conscience individuelle de chacun et réciproquement. Cet inconscient collectif c’est lui qui fait les révolutions. Il ne demande qu’une chose vivre,<br /> innover, inventer, éclater, exploser, mais dans le calme, la sérénité et donc avec une démocratie qui a le sens du bien commun.<br /> <br /> Nous le savons, le monde de la finance non maîtrisé, non démocratisé c’est lui le problème. Les financiers ne savent pas et ne veulent pas gérer les entreprises. Leurs préoccupations sont ailleurs<br /> à cent lieux du monde du travail. Pourtant elles tournent les entreprises, si la finance ne vient pas tout casser. Elles tourneraient mieux, si le prolétaire/citoyen avait démocratiquement la<br /> maîtrise du travail et de la finance. Toutes les entreprises sont concernées par les enjeux financiers, mais à des niveaux et des degrés très différents et extrêmement complexes. Aujourd’hui seul<br /> le prolétaire/citoyen ne peut rien faire, il ne voit rien, on lui cache tout. Mais demain ?<br /> <br /> Que lui manque-t-il à ce Prolétaire/Citoyen pour réussir, pour innover, pour se sentir utile et efficace dans l’espace de l’intelligence collective ?<br /> La reconnaissance de la valeur de son travail dans l’entreprise et la reconnaissance de la valeur de sa conscience politique dans la citoyenneté. C’est donc une évolution qualitative de la<br /> démocratie dans la citoyenneté et l’émergence de la démocratie dans le monde du travail et celui de la finance, que nous pouvons envisager.<br /> <br /> Dépasser la Démocratie Libérale. Comment ?<br /> La conquête du pouvoir par le haut est devenue obsolète. La compétition politique entre professionnels et entre Partis Politiques, fait barrage. Elle oblige le Prolétaire/Citoyen à choisir entre le<br /> libéralisme et le social-libéralisme, mais lui interdit de décider, lui interdit de désigner par reconnaissance ceux qui font les lois, et ceux qui dirigent dans tous les lieux de pouvoirs. Ce<br /> prolétaire/citoyen il veut que se déploie le sens du bien commun. C’est à l’entreprise qu’il doit et qu’il peut évaluer tout ce qui s’y passe. Collectivement ces prolétaires/citoyens peuvent<br /> décider des lois dont ils ont besoin et décider par reconnaissance qui doit en être porteur. Tout en protégeant l’outil de travail, en prenant conscience de la réalité de l’entreprise, ils pourront<br /> la déconnecter de la voracité des capitaux spéculatifs si des lois appropriées qu’ils ont contribuées à faire émerger, voient le jour. En effet, ce n’est pas seulement les entreprises en grandes<br /> difficultés qu’il nous faut protéger aujourd’hui, mais c’est également l’ensemble des entreprises qu’il faut préserver de la spéculation, des transferts de capitaux et de l’évasion fiscale. Cela<br /> exige de partir à la conquête de cette démocratie là, celle du sens du bien commun. C’est voir qu’il nous faut dépasser la Libérale celle qui justifie, qui cautionne le capitalisme celle qui lui<br /> permet de continuer ses gros trafics. N’est-ce pas ce processus qu’il nous faut engranger ? Cette rencontre du Député avec la réalité d’une entreprise dans l’Aude n’annoncent-elles pas déjà la<br /> possibilité de faire autrement la politique.<br /> <br /> Non la Démocratie Libérale ne peut pas nous sortir ni de la crise ni du capitalisme. Le libéralisme et le social-libéralisme régresseront si chacun prends conscience de sa force politique en<br /> alimentant lui-même l’inconscient collectif et qui nous fait grandir individuellement. C’est l’enthousiasme d’André qui me permet de réagir ainsi et ici. Je suis persuadée que nous pouvons aller<br /> beaucoup plus loin. Toutes ces questions traversent l’esprit de chacun que l’on soit dans l’Aude, le Puy de Dôme, la Vienne ou Paris, comment sortir de la crise comment en finir avec<br /> capitalisme ? Chacun imagine, invente, et si c’était par le bas, par le prolétaire/citoyen que tout peut changer ? Imaginer une autre démocratie, celle du sens du bien commun, aller j’ose<br /> le mot : une Démocratie Communiste pour qu’elle soit clairement identifiable, qu’elle puisse dépasser la démocratie Libérale, celle qui nous fait subir le capitalisme celle qui se couche<br /> devant sa prépondérance. Et si ensemble on y réfléchissait ?<br /> <br /> Quel que soit ce que nous produisons, quel que soit notre activité, que nous soyons à la retraite ou au chômage nous sommes tous des citoyens avons-nous conscience du comment le capitalisme se joue<br /> de nous, dans notre quotidien ? On en voit les dégâts, mais on n’en comprend pas ses mécanismes et pourtant tout gravite autour de nous, à l’hôpital, à la Poste, à la Banque, partout<br /> vous-dis-je. Il nous faut ébranler le capitalisme financier, en priorité à sa racine là où il se crée, à l’entreprise, mais aussi partout où il se déploie tout autour de nous. Capter le capital, le<br /> recycler avec intelligence en capital d’épargne utile au développement de la société pour le mieux vivre et le mieux être, c’est l’affaire de chacun donc celle de tous. Ce n’est plus alors le<br /> combat entre Partis politiques ou leur union éphémère, qui sont prioritaires, mais bel et bien la construction d’une autre société en partant du bas, en partant de la réalité de ce que chacun vit,<br /> mais avec une autre démocratie celle qui la reconnaissance de la valeur et de la souveraineté du prolétaire et du citoyen.<br /> <br /> Suggestion urgente : S’il n’y a plus de liquidités pour les échanges où sont-elles passées ? Obama fait tourner la planche à billets. Pourquoi pas l’Europe ? La vraie valeur de<br /> l’Euro doit s’accrocher à l’étalon "travail non divisé ", c'est-à-dire le travail non aliéné, complètement démocratisé, complètement maîtrisé de A à Z, par le prolétaire. Aller au-delà des<br /> nationalisations, au-delà des coopératives, investir tous les lieux de productions et de créations pour maîtriser le capital, mais avec une démocratie qui ose dire son nom, est-ce impossible ?<br /> Ne peut-on pas y réfléchir ?<br /> <br /> N’ayons pas peur des mots : inventons l’avenir.
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