Des revenus pour bien manger, c’est alimentaire !
Une nouvelle fois les associations et organisations caritatives viennent de dénoncer la situation critique de nos concitoyens pour satisfaire un des besoins humains les plus fondamentaux : se nourrir. Ils sont des milliers de bénévoles et de permanents au contact quotidien des populations les plus en souffrance. Secours populaire, Restaurants du Cœur, Secours catholique, Banque alimentaire… et bien d’autres. Ils nous font part de l’explosion des demandes d’aides et de la montée de la faim, qui reflètent la réalité sociale et économique de notre pays en 2012.
Les médias relaient la plainte des associations en ne parlant que de « triste record ». Ils accréditent ainsi souvent l’idée qu’il s’agit d’une conséquence inévitable de la crise. En guise de réponse convenue, les forces politiques de droite font les yeux de Chimène aux mêmes associations, en soulignant le mérite qu’elles ont à s’occuper de la misère humaine avant l’élection. Ce sont pourtant leurs politiques qui viennent de plonger plusieurs centaines de milliers de Françaises et de Français dans la dépendance alimentaire en 5 ans. Quelle hypocrisie !
Oui, les responsables de cette situation dans toute l’Europe existent. Ce sont ces commissaires européens obnubilés par le dogme de la libre concurrence. Ce sont ces conservateurs au pouvoir qui sont toujours plus prompts à tailler dans les dépenses qui servent les plus pauvres. Après avoir tenté en 2011 le coup de force de la suppression du programme d’aide aux plus démunis, ils se sont présentés comme des « chevaliers blancs de la compassion alimentaire », pour avoir obtenu la prolongation pour deux ans des 500 millions d’euros dévoués à cette politique. Que sont ces 500 millions d’euros destinés à 13 millions d’Européens, face à l’océan des profits de géants de l’agroalimentaire comme le groupe Nestlé, qui vient de réaliser à lui seul près de 8 milliards d’euros de bénéfices nets en 2011 ?
La situation alimentaire de l’Europe ne cesse de se dégrader pour les plus modestes. Et le choix de l’austérité va encore creuser les ventres. Nous ne pouvons plus accepter de laisser la gestion de l’alimentation au simple jeu du marché. Nourrir les hommes, n’avons-nous pas là une activité de la plus haute importance pour l’humanité, qui mérite une grande politique publique au niveau européen ?
Nous le savons, plus les revenus baissent, plus les déséquilibres alimentaires s’accroissent, plus la qualité des produits alimentaires consommés laisse à désirer. Cette inégalité devant l’assiette n’est pas tolérable. Nous sommes aujourd’hui en capacité d’offrir à tous les Européens, une alimentation diversifiée, saine et de qualité. C’est une simple question de volonté politique.
Il faut répondre par des mesures à la hauteur de l’urgence sociale en agissant prioritairement sur deux leviers qui permettent à tous les citoyens de se nourrir convenablement : celui des revenus disponibles d’abord, en augmentant les salaires et les minimas sociaux, celui des prix aussi, en encadrant ceux des produits alimentaires. Il faut aussi pousser à la création d’un véritable fonds d’alimentation populaire qui pourrait appuyer la reconstitution de vrais stocks alimentaires à la hauteur des besoins au niveau communautaire. Ces choix doivent impliquer le monde agricole et associatif, comme tous les citoyens européens, pour construire un nouveau pacte alimentaire commun.
Chronique publiée dans le journal La Terre du 13 au 19 mars 2012.