Discours du 14 mars 2012 - Meeting de Clermont-Ferrand
Voici l'intégralité du discours préparé pour le meeting du Front de Gauche du 14 mars à Clermont-Ferrand.
Chers amis, Chers camarades,
J’ai le sentiment d’être celui qui reçoit à la maison ce soir. Un peu stressé par l’invité de marque qu’est Jean-Luc. Et par vous tous ici.
Et pourtant la table a été mise, méticuleusement. Les verres alignés pour le Saint-Pourçain et les Côtes d’Auvergne… En milieu de table, la belle dentelle ronde du Puy, récupérée chez la grand-mère. Dans la souillarde, le plateau de fromage où le Saint-Nectaire, le Bleu d’Auvergne et le Cantal essaient, laborieusement, de rivaliser avec la fourme d’Ambert. Et j’allais oublier la belle ménagère du mariage avec ses Thiers de table.
J’ai même un beau discours, bien pesé, bien lissé, que je ne lâcherai pas, comme l’Auvergnat d’Alexandre Vialatte, crée par Dieu, « avec les restes », le 8e jour, « assis dans l’antichambre, comprimant son parapluie contre son cœur ». Car, ajoutait Vialatte « il manquerait s’il n’était pas là. Il porte le charbon, il sert la limonade, il écrit des « Pensées », il libère l’Amérique, mange le lard et vend son torrent au détail. Ses routes sont pavées d’améthystes. Il a inventé le baromètre. On lui doit la fourme à points bleus. Bref, il est agréable à vivre et instructif à fréquenter ».
Tout repas de famille, chers Marie-Pierre et Jean-Luc, et chers voisins présents aujourd’hui, commence par une anecdote. Une forme de parabole à l’Auvergnate qui permet à celui qui accueille de se mettre en valeur.
Voilà un peu plus 5 ans, le 23 janvier exactement, je prenais la parole dans un autre Zénith, à Paris, pour une même élection, les Présidentielles de 2007, au côté de la candidate communiste, Marie-George Buffet. Le grand meeting national de lancement de notre campagne. Je ne suis pas sûr que nous étions aussi nombreux que ce soir à Cournon d’Auvergne. Nous étions pourtant 2 ans après la formidable mobilisation contre l’infâme traité constitutionnel européen… mais encore dans les bégaiements d’un rassemblement qui se cherchait.
J’avais alors repris ces belles paroles d’une chanson de mes amis de la Compagnie Jolie Môme évoquant les combats du Chiapas :
« Seul dans la nuit Marcos écrit.
Il écrit qu’il aime la vie.
La justice et la poésie.
Et quand souffle le vent d’en bas.
Le vent terrible des combats ».
Et alors que nous sentions si bien le vent se lever, la gauche que nous appelons « de transformation sociale » a connu un terrible échec. Un échec aux conséquences terribles.
« Faisant souffler le vent d’en Haut.
Celui qui fait courber le dos ».
Pour garder le moral, j’avais alors repris ces paroles d’un vieux révolutionnaire dans « Quatre-vingt-treize » de Victor Hugo : « Le moulin n’y est plus mais le vent souffle encore ».
En vous voyant si nombreux ce soir, je me dis que le vent d’en bas a enfin trouvé prise. Mieux encore, la marée humaine qui submerge les meetings du Front de gauche tient désormais de la tempête.
Cette force nouvelle, c’est surtout une soif de comprendre et de partager en venant à la rencontre de notre rassemblement, le Front de gauche, et surtout de son candidat aux Présidentielles : Jean-Luc Mélenchon.
Et nous le savons tous ici, je dirais même « nous le savourons avec gourmandise ». Nous avons avec Jean-Luc comme porte-drapeau un candidat hors du commun. Un candidat qui nous fait honneur. Un grand candidat à la Présidentielle.
Et un candidat qui bouscule si judicieusement la grammaire de notre école républicaine, faisant du « je » et du « vous » un « nous » rassembleur, conjuguant si bien l’histoire qui est la nôtre au future partagé qui sera le vôtre.
Et si ce soir, nous sommes ensemble à cette tribune, avec Marie-Pierre et Jean-Luc, c’est parce que nous savons que l’avenir des Français dépend de la complémentarité de notre rassemblement, de sa capacité à favoriser l’échange, et de sa constance à porter dans le débat public des propositions politiques communes fortes, qui répondent avant tout aux besoins des Français, à vos besoins.
Je crois pouvoir m’avancer en disant que notre rassemblement et l’incroyable mouvement qu’il crée, traduit une première conviction partagée : notre peuple en a assez des défilés mondains, où le podium est toujours orienté dans la même direction : vers l’étoile des riches et des puissants.
Notre étoile à nous est différente, elle est beaucoup plus belle, elle est belle et rebelle, elle peut être rouge mais aussi des couleurs de l’arc-en-ciel, c’est celle de Guevara.
Alors, à vous tous qui êtes venus à la rencontre du Front de gauche ce soir, vous qui voulez mieux connaître nos idées et notre engagement, à ceux qui parmi vous participent à leur premier meeting publique, je veux vous dire une chose : vous avez frappé à la bonne porte.
La porte de l’intelligence collective.
La porte de ceux qui veulent travailler pour le bien commun.
La porte de ceux qui privilégient l’intérêt général aux intérêts privés.
La porte de ceux qui veulent retrouver le sens du partage et de la solidarité.
La porte de ceux qui veulent reprendre leur vie en main, en claquant fermement la porte aux intérêts de la finance !
Et puisque vous avez frappé à la bonne porte. Je vous le dis d’emblée. Sans chi-chi. Comme on dit chez nous au pas du logis : « Finissez donc d’entrer ». Finissez donc d’entrer pour partager ce combat avec nous. Parce que nous partageons une certitude commune : comme le chantait si bien Jean Ferrat, « la porte du bonheur est une porte étroite, qu’on ne nous dise plus que c’est la porte à droite ! »
Humiliée par 5 années de mensonges et de mauvais coups, la France du travail, la France qui fait vivre nos villes et nos campagnes veut tourner la page de Nicolas Sarkozy.
Je veux parler de la France des ouvriers, des employés, des techniciens et des cadres qui font vivre nos usines ;
De la France des chercheurs, des enseignants, des agents qui font vivre nos services publics.
De la France des paysans qui nourrissent notre peuple.
De la France des artisans qui embellissent notre quotidien.
De la France de tous ceux qui sont privés de travail.
De la France de la jeunesse, qui sert aujourd’hui de cobaye au système de la précarité généralisée.
Cette France-là n’en peut plus de tous les sacrifices imposés.
Elle n’en peut plus d’un homme qui ressert avec le même culot, les mêmes recettes qu’en 2007, avec le soutien du même aéropage de financiers.
Et elle n’en peut plus d’un Président de la République qui a cassé la France.
Parce que la France, « notre France », c’est aujourd’hui un pays ou 5 millions de nos compatriotes sont réduits durablement au chômage.
C’est un pays où 80 % des embauches se font aujourd’hui sur des contrats précaires, CDD, intérim, temps partiel, emplois aidés…
C’est un pays où 1 salarié sur 4 touche moins de 1 000 euros par mois, où près d’un salarié sur deux travaille à temps partiel !
C’est un pays où 8,5 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté.
C’est un pays qui vient de perdre un quart de ses agriculteurs en moins de dix ans.
C’est un pays où désormais personne ne peut être certain demain d’avoir un emploi décent, avec un salaire décent, pour offrir une vie décente à sa famille.
C’est un pays où désormais les personnes âgées ont peur du coût de leur vieillesse, du prix de leur fin de vie.
C’est un pays qui sacrifie son avenir, en sacrifiant d’abord sa jeunesse, ses études, ses projets de vie meilleure.
Mais où sont donc passées toutes nos richesses ?
Où sont-elles donc passées ? Où ?
En 1984, notre pays comptait 110 milliardaires. Il en compte 1 300 aujourd’hui.
C’est un pays où les entreprises du CAC 40 réalisent chaque année entre 80 et 100 milliards d’euros de bénéfices nets, qu’elles distribuent aux actionnaires.
C’est un pays où les rémunérations des grands patrons du CAC 40 ont augmenté de 34 % en un an en 2010, avec une moyenne annuelle de 4,1 millions d’euros, plus de 300 SMIC chacun.
C’est un pays où une poignée d’hyper-riches mène une vie de luxe indécent, alors que des millions de personnes n’arrivent plus à manger correctement.
La France de 2012, c’est ce pays où les richesses produites sont pillées par la bande du Fouquet’s, plutôt que de servir l’intérêt général.
Ce racket d’une petite oligarchie de l’argent ne peut plus durer.
Fort heureusement, avec nous, avec vous, avec tous ceux qui se lèvent, le peuple commence à dire : ça suffit.
***
J’en veux pour preuve les luttes dans les entreprises et les services publics qui se multiplient.
Il y a dans cette salle des travailleuses et des travailleurs en lutte, ou qui ont été en lutte ces derniers mois. D’autres aussi plus démunis, plus isolés, plus écrasés.
Celles et ceux de Delbard dans l’Allier, celles de Lejaby dans la Haute-Loire, celles et ceux de la T2C, de Régional ou de Trelleborg dans l’agglomération clermontoise, celles de Luminox à Riom, celles et ceux de Jacquet à Saint-Beauzire, de Constellium à Issoire, de Preciturn et Rexo à Thiers, que je connais si bien…
Les salariés de toutes ces entreprises en ont fait le constat : à chaque fois les militants communistes et du Front de gauche sont venus à leur rencontre.
Ce sont les élus communistes et du Front de gauche qui ont travaillé d’arrache pied pour relayer leurs revendications et pour faire gagner l’emploi, les salaires et les conditions de travail.
Pour faire gagner l’humain. L’humain d’abord ! Et pas le profit et la finance !
C’est à cela que nous servons, les élus du Front de gauche. A soutenir, mais surtout à relayer et à appuyer la justesse des luttes des salariés ! Oui, nous servons. Humblement, sans tambour ni trompettes, mais avec détermination, en défenseurs du peuple.
Et croyez-moi, cela fait la différence.
Certains ont gagné sur leur salaire. Certains ont gagné sur leur emploi. D’autres n’ont qu’arraché une prime supra légale en contrepartie de leur sacrifice. Certains n’ont pas obtenu ce qu’ils voulaient dans leur combat. Mais, disait Victor Hugo :
« Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front ».
Alors oui, tous, tous, peuvent avoir la fierté de ne pas s’être laissé faire devant cette arrogance insupportable qui condamne des salariés au chômage, en réalisant des millions d’euros de bénéfices.
Cette arrogance qui ne veut pas augmenter d’un centime les salaires de ceux qui produisent les richesses de l’entreprise, alors qu’elle se distribue tous les ans des dividendes insolentes.
Je le dis et le redis : quand le peuple dit « ça suffit ». Quand il dit : « stop ». Il sort grandi.
Quand les salariés luttent pour leur salaire, quant ils luttent pour leur emploi, ils luttent en même temps pour une bien plus grande cause : le bien commun.
Et je veux leur dire mon sentiment : la fierté qu’ils ont à se défendre nous fait tous honneur, parce qu’en se défendant eux-mêmes, ils nous défendent tous !
Ils nous défendent tous, pour un droit fondamental, inscrit en 1946 dans le préambule de la Constitution de la IVe République. Cette constitution écrite par l’Assemblée nationale constituante issue de la France libérée et du Conseil national de la Résistance. Une Assemblée nationale constituante à l’image de celle que nous voulons créer pour écrire une nouvelle page de notre République.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, dans une France ruinée, voici ce que le peuple français avait décidé d’inscrire comme préambule dans sa loi fondamentale :
« Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances.
Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.
Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.
Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises.
Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ».
Chers amis, voilà ce que défendait le peuple français en 1946…
Voilà ce que les communistes et les progressistes avaient arraché de leur lutte et de leur sang, et qu’ils avaient poussé à inscrire dans le programme du Conseil National de la Résistance.
Voilà ce que pouvait apporter au pays une force politique qui, au sortir de la guerre, était la première force politique du pays.
Yvon Chotard, ancien vice-président du CNPF, l’ancêtre du MEDEF, l’avait bien compris lorsqu’il déclarait en 1986 : « on ne gouverne pas la France de la même façon quand le PCF fait 10 % ou 20 % des voix aux élections. »
Et dans la même logique, 20 ans après, un autre ancien numéro deux du MEDEF, Denis Kessler, se laissaient aller à la confidence dans la revue Challenges, disant que le gouvernement français s'employait « à sortir de 1945, et à défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ».
Voilà ce que la droite veut nous arracher !
Voilà ce qui aujourd’hui les effraie à nouveau : qu’un rassemblement comme le Front de Gauche porte à nouveau les droits des salariés comme le grand enjeu politique de notre temps.
Chers amis, chers camarades, il ne faudra avoir aucune crainte à le dire en sortant de ce meeting qui va marquer les esprits auvergnats : dans ces campagnes présidentielle et législatives, voilà un rassemblement, le Front de gauche, qui porte nos idéaux de progrès social conquis de haute lutte tout un siècle durant !
Le droit de travailler.
Le droit d’obtenir un emploi.
Le droit de se syndiquer et de se défendre.
Le droit de participer à la détermination de ses conditions de travail et à la gestion des entreprises.
C’est le programme du Front de gauche, pour les femmes et les hommes de notre pays, et bien au-delà !
Des droits pour reprendre son avenir en main !
Des droits pour éradiquer la pauvreté et abolir l’insécurité sociale. Voilà notre ligne de conduite.
Chers amis, chers camarades, pourquoi est-ce que j’insiste autant sur cet enjeu ?
Parce que derrière ce droit à l’emploi, se profile notre droit à une vie digne, heureuse, épanouie, pour nous-mêmes et pour nos proches.
Oui, ce droit au travail, dans de bonnes conditions, c’est d’abord ce droit-là auquel s’attaquent les capitalistes qui n’ont d’autre objectif que de mettre la concurrence entre les hommes, d’insinuer l’idée d’une lutte de tous contre tous, de briser la solidarité de la classe ouvrière.
Ne soyons pas dupes.
Si face à la bande du Fouquet’s, à l’oligarchie du CAC 40, les salariés de ce pays se dressent pour imposer leurs droits, leur droit au travail, le même qu’en 1946, ils reculeront.
***
Partie du discours non prononcée.
Ces derniers mois, je me suis beaucoup impliqué, sur le terrain et à l’Assemblée nationale, pour défendre et développer des droits nouveaux pour les travailleurs en lutte de ce pays.
Je pense bien sûr aux salariés de Continentale Nutrition dans le Vaucluse, à ceux de M-Real dans l’Eure, à ceux d’ArcelorMittal à Gandrange et Florange, à ceux de Delbard dans l’Allier.
Je pense en particulier à ceux de Fralib - le Thé l’Elephant, dans les Bouches-du-Rhône, pour stopper les plans de la multinationale UNILEVER qui ne cherche qu’à délocaliser l’activité pour se gorger de profits. Cela fait 534 jours qu’ils se battent.
Ils ont construit avec intelligence, avec leur organisation syndicale, un véritable plan alternatif de relance de l’activité de leur site.
Je vous pose la question : ne se battent-ils pas pour un droit constitutionnel, ce droit d’intervention des salariés, inscrit dans la Constitution de 1946 ?
Et c’est toujours ce droit que leur refuse la droite, en ne répondant pas à leurs appels pour soutenir la poursuite d’activité de l’entreprise !
Depuis 1982 et les lois Auroux, rien n’a changé dans ce domaine pour les salariés.
Je le dis tout net : il va falloir dépoussiérer tout çà.
Et pour dépoussiérer tout çà, il faudra changer les lois.
Et pour changer les lois dans ce sens, il faudra des députés du Front de gauche, en grand nombre sur les bancs de l’Assemblée nationale.
Seuls les députés du Front de gauche, appuyés par cet immense élan populaire qui grandit jour après jour, pourront imposer par la loi ces nouveaux droits pour les salariés en matière d’orientation, de gestion ou de reprise des entreprises.
C’est cela qui nous fait rêver, c’est cette noble et efficace articulation entre des élus du peuple et le peuple qui les a élus. Ce n’est pas quelques maroquains ministériels que certains voudraient nous coller à la peau pour réduire notre action à quelque ambition personnelle. Notre cuir n’est pas celui-là. Il se tanne ailleurs, au plus près du peuple, dans les luttes et la construction collective.
Je ne peux conclure sur cette exigence sans faire référence à ce qui est sans doute un clin d’œil de l’histoire à notre meeting de ce soir.
Il se trouve qu’il y a 129 ans, jour pour jour, le 14 mars 1883, Karl Marx succombait à Londres. Permettez au communiste que je suis, de dire : « le grand Karl Marx ».
Il laissait derrière lui une œuvre scientifique et une pensée politique qui résonnent aujourd’hui avec une étonnante actualité.
Dans son plus célèbre ouvrage traitant de l’économie, il disait ceci : « Le capital est du travail mort, qui ne s'anime qu'en suçant, tel un vampire, du travail vivant, et qui est d'autant plus vivant qu'il en suce davantage ». C’est bien cela : « sucer le travail vivant ». C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la performance, la compétitivité, la rentabilité.
Prendre le pouvoir dans l’entreprise et dans la société, ou servir de simple capital vivant disponible pour une poignée de milliardaires, voilà l’alternative, la seule alternative qui vaille, voilà l’essence même de notre combat au Front de gauche.
***
Chers amis, ce combat quotidien, je le connais bien, comme communiste, parce que c’est le combat d’une vie…
C’est le combat de tant et tant de communistes et de progressistes, qui n’ont jamais renoncé, et qui s’engagent une nouvelle fois à fond dans la bataille collective pour le bien commun.
Quel bonheur de voir grandir à nouveau la gauche qui ne se plie pas devant la finance et les puissants, la gauche qui ne renonce pas, la gauche fière d’être à gauche !
Et c’est en artisan convaincu de la nécessité de nous réunir, dans notre diversité, avec nos sensibilités et nos histoires propres que je vous parle ce soir.
Vous le savez, j’ai été un de ceux qui avaient fait offre de candidature pour être le candidat du Front de gauche dans ces élections présidentielles.
A chaque fois où j’ai eu l’occasion de m’exprimer dans le débat sur cette candidature, je n’ai eu qu’un seul objectif : faire avancer notre rassemblement, le faire grandir, pas seulement par l’adjonction de forces constitués, mais par l’adjonction de consciences, d’intelligences, de forces humaines qui ne demandaient qu’à se joindre à notre cause.
C’est encore plus dans cet esprit que je suis aujourd’hui, au milieu de vous qui êtes des milliers, au côté de Marie-Pierre et Jean-Luc.
Mais je voudrais en particulier m’adresser aux jeunes, qui sont nombreux ce soir comme dans tous nos meetings.
Vous vivez le drame social le plus profond. Privés de ressources, privés des moyens de vous loger, d’étudier, et parfois de manger.
Vous êtes trop souvent confinés à la débrouille du quotidien pour ne pas sombrer. Asphyxiés par la précarité et le chômage de masse.
Vous êtes privés de rêves et de projets d’avenir.
Vous êtes étouffés par un dogme, le libéralisme, broyés par un système, le capitalisme.
Mais qui sont ces fous qui pensent que l’on pourra continuer encore sur ces chemins de misère pour nos jeunes générations ?
Nous le sentons, face au fléau du fric pour le fric, vous avez soif de solidarité et de valeurs collectives.
Vous en avez assez d’être tout juste considérés comme la chair à profit la plus facile, la plus immédiate.
Pour en finir avec cette triste France, qui méprise ses forces d’avenir, le Front de gauche vous ouvre les portes et les fenêtres pour vous rendre maîtres de votre destin.
Envahissez le Front de gauche !
Faites-en votre outil pour changer votre avenir !
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Chers amis, si nous sommes décidés, collectivement, à nous appuyer sur nous tous, sur le plus grand nombre, pour porter dans la durée, dans les années qui viennent, le changement de société que propose le Front de Gauche, alors je crois que nous sommes capables de renverser la table politique dans ces élections présidentielles et législatives de 2012.
Si nous sommes prêts à accompagner sur le terrain notre candidat commun, Jean-Luc Mélenchon, dans les 40 jours qui viennent, nous donnerons à notre rassemblement la force qu’il mérite.
Si nous sommes convaincus qu’avec nos candidats aux élections législatives qui suivront de quelques semaines l’élection présidentielle, nous avons des porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, qui méritent toutes et tous de devenir des députés du Front de gauche, alors nous serons capables de porter l’alternative politique dont la France a besoin.
Ce que notre rassemblement d’organisations politiques et de forces citoyennes porte, c’est l’enjeu d’une lutte de fond et du quotidien pour les années qui viennent.
Chers amis, je crois qu’il nous faut tous, les milliers qui sommes réunis ce soir à ce meeting, se dire simplement les choses.
Si nous voulons que notre rassemblement s’installe dans la durée, il faut qu’il porte un très haut niveau d’exigence, celui du pouvoir du peuple.
Cela implique que nous soyons persuadés que l’intervention populaire et citoyenne est indispensable pour conduire à bien notre action au service du bien commun.
Pour nous, prendre le pouvoir, c’est d’abord le redonner à tous ceux qui ne l’ont jamais eu, ou qui l’ont si peu.
Si nous voulons changer durablement la donne, il faut donc élargir sans cesse les frontières de ceux qui s’engagent dans nos organisations et à nos côtés. Il faut maintenant que l’engagement quotidien aux côtés du Front de gauche se concrétise vraiment, et soit une réalité durable.
Aussi, avec vous ce soir, je voudrais faire un rêve.
Que tous ici, à la mesure de nos moyens et de nos charges quotidiennes, nous nous mobilisions, dès demain, contre les dizaines de fermetures de classe et d’école dans nos communes, dans nos cantons, dans notre département, dans notre région. Que nous appuyions sans faille, les mobilisations des parents et élus qui ont eu le courage de s’élever contre l’arbitraire éducatif et l’injustice social appliqués à nos enfants ?
Est-ce que ça doit rester un simple rêve ?
Que tous ici, à la mesure de nos moyens, nous nous mobilisions pour défendre nos hôpitaux locaux, nos services publics de transport, nos universités publiques, nos services publics de proximité face à l’obsession absurde de la rentabilité financière ?
Est-ce que ça doit reste un simple rêve ?
Que tous ici, nous nous mobilisions sur les pas des salariés victimes de l’amiante dont la lutte a pris racine, ici, à Clermont-Ferrand, à Amisol précisément.
Alors que l’on connaissait les dangers de l’amiante depuis plus d’un siècle, il a fallu que des ouvrières se mobilisent et entament une lutte terrible pour dire stop et mettre ou jour cet effroyable crime industriel aux 3 000 morts par an. Mais les départs anticipés des victimes de l’amiante, arrachés par la lutte, doivent servir d’exemple pour obtenir un droit à la retraite anticipée lié à la pénibilité du travail en poste, au rendement, dans des atmosphères polluées. Le Front de gauche porte ce besoin de justice là.
Est-ce que ça doit rester un simple rêve ?
Il faut que tous ces combats deviennent l’affaire de chacun, dans le cercle familial, dans sa commune, dans son département, dans son entreprise.
Et je crois que nous devons d’abord faire voir que notre engagement n’est pas seulement celui d’une simple parenthèse de campagne électorale. Car dès le 6 mai, puis dès le 17 juin au soir, et au regard de notre résultat qui va en surprendre beaucoup, les Français nous demanderons : et maintenant que faites-vous ? Comment faites-vous ?
Alors permettez-moi de nous projeter dans quelques semaines. Le Front de gauche aura été le révélateur électoral des attentes de nos concitoyens.
Le Front de gauche avec le talent et la pugnacité de son candidat « hors du commun », hors du commun de cette politique politicienne que l’on voulait une nouvelle fois nous imposer, aura marqué la campagne de son empreinte.
Le Front de gauche sera de plein pied dans la campagne législative, sur le terrain pour amplifier le mouvement. Et surtout, surtout, pour avoir à l’Assemblée nationale, le plus de relais possible pour changer la vie.
Projetons-nous encore plus loin, avec un Front de gauche comptant plusieurs dizaines de députés.
Il faudra nous appuyer partout dans le pays, de la moindre petite commune rurale jusque dans les quartiers populaires, sur un maillage de militants, de sympathisants et de citoyens qui donnent à voir une autre société.
C’est aussi cela que nous devons construire.
Et je me plais à imaginer ce que sera alors le travail de ce groupe renforcé…
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Chers amis, chers camarades, pour appuyer et conclure mes propos, je voudrais aussi témoigner de la modeste expérience qu’a acquise notre Front de gauche dans ses trois années de vie commune dans notre région, et dans ce département du Puy-de-Dôme.
Quand nous avions débuté notre campagne des élections régionales en 2010, je me souviens des premiers commentaires politiques de la presse, qui nous voyait comme une petite force d’appoint, pour ne pas dire plus. Nous avons dû alors expliquer qu’il n’y avait pas de socle immuable à gauche, pas de pré carré ou de réserves dédiées à telle ou telle sensibilité.
Nous avons dû expliquer la dynamique collective et populaire qui se mettait en place dans nos quatre départements, et au-delà dans d’autres régions de France.
C’est cette dynamique de construction populaire, avec des citoyens actif, qui nous a permis de progresser et d’avancer au-delà de tous les pronostics.
Le soir du premier tour, nous avons frôlé les 15 % des voix sur toute la région, le meilleur score national du Front de gauche.
Dans le Puy-de-Dôme, avec près de 20 % des voix, le Front de gauche devenait une des premières forces politiques du département.
Lors des élections cantonales, l’année passée, nous avons démontré qu’il ne s’agissait pas d’un simple coup électoral, mais bien d’un mouvement de fond, en réalisant 18,5 % des voix dans l’ensemble des cantons où nous étions présents dans ce département.
Dans le département voisin de l’Allier, le Front de gauche est sorti avec une majorité renforcée pour accompagner la politique que conduit son président Jean-Paul Dufrègne, que je salue.
Alors aujourd’hui, je vous le dis très tranquillement : nous avons la responsabilité de faire encore progresser notre rassemblement dans les deux élections nationales à venir !
Pour cela, nous avons besoin d’amplifier le mouvement de nous organiser, de nous déployer partout.
Soyons persuadé que si nous allons au devant du monde, nous changerons la donne, nous changerons la vie. Allons au devant de nos voisins, de nos amis, de nos familles. Avançons sans retenue.
Disons que voter pour Jean-Luc Mélenchon, que voter pour le Front de gauche, c’est la meilleure assurance sur l’avenir : l’assurance que la gauche gagne, et qu’elle portera une politique bien à gauche !
Un peu plus d’un mois nous sépare du 22 avril, premier tour des élections présidentielles.
Un peu plus de 2 mois nous séparent du 10 juin, premier tour des élections législatives.
Dans les deux cas, il faut mettre la tête dans la mêlée !
Il faudra dans les deux cas marquer et transformer l’essai !
Oui, chers Jean-Luc et Marie-Pierre, chers amis ici présents, je suis convaincu que dans ce département, et au-delà dans la région, nous obtiendrons une fois de plus les meilleurs résultats nationaux du Front de gauche.
Cela vaut d’abord pour cette élection présidentielle.
Imaginez nationalement un Front de gauche à plus de 15 %, voire plus de 20 % au soir du premier tour de l’élection présidentielle, comme cela sera le cas en Auvergne !
Imaginez ce que serait la France de demain, si notre candidat était au second tour de l’élection présidentielle !
Imaginez le SMIC à 1 700 euros !
Imaginez le rétablissement de la retraite à 60 ans pour tous et à taux plein !
Imaginez le rétablissement de la sécurité sociale, de nos services publics !
Imaginez une nouvelle répartition des richesses au service du bonheur commun !
Oui, c’est pour cette France, belle et fraternelle, que l’on se bat !
Chers amis, cela vaut aussi pour les élections législatives.
Il n’y a pas de citadelles imprenables.
Les candidats du Front de gauche dans toutes les circonscriptions d’Auvergne qui sont là, au premier rang, en ont bien conscience.
Ils sont aujourd’hui les porte-parole de notre candidat commun dans vos circonscriptions. Ils peuvent être demain vos représentants nationaux.
Oui, j’en ai assez d’être le seul député représentant du Front de Gauche dans cette région ! Avec Mireille Schurch, sénatrice de l’Allier, nous ne sommes que deux parlementaires de notre gauche de transformation sociale !
Parmi celles et ceux qui sont là, en bas, nous en voulons le maximum à nos côtés, demain, sur les bancs du Parlement.
Et puis croyez-moi chers camarades, nous le sentons bien dans cette campagne présidentielle, si nous amplifions notre démarche collective, elle dépassera le simple cadre électoral.
Oui, notre dynamique populaire doit devenir, « ce mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses ». Un mouvement durable qui marquera notre histoire.
Alors oui, résistance !
Résistance, dès demain sur le terrain des luttes.
Résistance dès demain, en allant au devant de tous ceux qui hésitent autour de nous.
Résistance, dès demain contre toutes les injustices quotidiennes qui minent le moral de nos familles, de nos voisins, de notre jeunesse.
Résistance dès demain, devant nos écoles, devant nos gares, devant nos hôpitaux.
Résistance, dès demain aux portes des usines ou des salariés luttent pour leur pain et celui de leur famille.
Résistance dès demain, pour construire avec le plus grand nombre les réponses politiques qui s’imposent.
Résistance, résistance, résistance !
Résistance et construction d’un monde meilleur !
Sur la terre des volcans endormis, croyons à l’éruption de l’impossible !
Vive le Front de Gauche !
Vive la France !