Famine dans la Corne de l'Afrique : l'hypocrisie des grandes puissances est décidemment sans limites !
925 millions de personnes souffrent de sous-alimentation dans le monde, dont près du quart en Afrique subsaharienne. Les trois quarts sont des paysans.
Cette réalité n’est pas nouvelle. Et pourtant, c’est ce que semblent découvrir les grandes puissances, placées à chaque famine d’ampleur devant leurs responsabilités.
La situation dans la Corne de l’Afrique n’est pas le seul fait d’une sécheresse exceptionnelle. Elle tient d’abord à l’hypocrisie politique et financière des pays riches, qui continuent d’entretenir le mythe des bienfaits du libre-échange, qui encouragent la spéculation sur les échanges agricoles mondiaux, et qui refusent de permettre aux pays du Sud endettés de mener des politiques publiques de développement agricole ambitieuses.
Derrière les effets d’annonces médiatiques, c’est bien cette politique qui creuse chaque jour un peu plus les ventres et laisse mourir de faim les peuples qu’ont confirmé les ministres de l’Agriculture du G20 en juin dernier organisé sous l’égide de la France.
Ainsi, le texte final d’accord des pays riches était on ne peut plus clair : « il faut renforcer l’information et la transparence du marché pour donner des bases plus solides aux anticipations des gouvernements et des opérateurs économiques et améliorer le fonctionnement des marchés dérivés de matières premières », « les politiques qui faussent la production et les échanges de matières premières agricoles peuvent faire obstacle à l’objectif de sécurité alimentaire sur le long terme. Il existe encore des barrières notables dans le commerce agricole international qu’il convient de réduire. »
L’instabilité des prix et la spéculation sur les marchés agricoles n’ont donc pas fini d’affamer les peuples du monde.
Le message adressé aux peuples du monde tient dans ces quelques mots : il ne faut pas toucher au grisbi des financiers quel qu’en soit le prix en vies humaines !
Aujourd’hui, après avoir injecté sans contrepartie des centaines de milliards de dollars pour renflouer les grandes institutions bancaires privées, le portefeuille ne serait plus assez garni pour trouver les quelques milliards nécessaires pour sortir de la faim plusieurs dizaines de milliers d’enfants africains.
Hier encore, après la réunion d’urgence convoquée par la FAO, le ministre français de l’Agriculture avait beau jeu de déclarer que « la seule façon d’éviter ces épisodes de famine est d’investir massivement dans l’agriculture locale des pays en développement ».
Dans ce cas, pourquoi ces dernières années le Gouvernement n’a t-il eu de cesse de restreindre sa participation à l’aide publique au développement ?
Pourquoi des entreprises et des fonds d’investissements français participent-ils sans vergogne à l’accaparement de centaines de milliers d’hectares de terres cultivables en Afrique afin d’y pratiquer une agriculture de rente et d’exportation ?
L’impérialisme des grandes puissances, fondé sur la maîtrise de l’arme alimentaire, l’extension des marchés et le pillage des ressources naturelles, est incompatible avec la lutte contre la faim dans le monde.
Pour en finir avec cette terrible hypocrisie politique, il est grand temps de considérer l'agriculture comme un bien commun de l'humanité.
Une véritable réforme agraire de dimension internationale s’impose pour construire un nouvel ordre alimentaire, avec pour principes fondateurs la souveraineté alimentaire des peuples et la protection de marchés communs régionaux fondés sur le développement d’une agriculture paysanne, la coopération et la complémentarité des productions.