Impressions de campagne - 2
Quelque propos sur la semaine passée, qui me conforte dans les orientations que nous avons retenues pour les élections régionales : le rassemblement sur la base du Front de Gauche, le choix de candidats proches des gens et de leur vécu, une priorité de campagne qui est celle de la co-élaboration des politiques régionales à mettre en œuvre.
Mais d’abord un ressenti à l’issue de nombreux échanges que j’ai eus en participant à diverses manifestations marquant le début d’année, notamment les cérémonies de vœux ou audiences solennelles de la rentrée judiciaire, mais aussi les échanges avec les salariés en lutte de Sanofi-Aventis. Le capital de sympathie pour notre liste est réel, je dirais même important avec, déjà, cette idée forte que nous sommes « différents ». Mes interlocuteurs soulignent très souvent cette marque de fabrique à laquelle je tiens tant : faire de la politique autrement. Je me dis que ma façon de porter le mandat de député depuis mon élection en 2002 n’est pas étrangère à cette appréciation. Mais je suis aussi convaincu que notre lancement de campagne a bien traduit que c’était là le fondement de notre rassemblement, un fondement naturel qui n’a rien d’une construction artificielle.
Les deux réunions tenues jeudi 14 janvier au Donjon, dans l’Allier, ont confirmé que notre démarche répondait à une forte attente. Les participants à nos rencontres n’attendent pas que nous sortions de la poche le paquet bien ficelé d’un programme régional pré-établi. J’étais par exemple inquiet sur notre capacité à bien articuler notre positionnement politique, avec l’objectif de transformer la société, et les politiques que nous aurons à conduire dans la gestion régionale. Les réponses se sont construites autour de la table avec l’apport particulier de chacun sur la base de son vécu et de son analyse propre : élus locaux, syndicalistes, citoyens, militants des différentes organisations du Front de Gauche, et bien sûr les candidats, ont posé les premières pierres de l’élaboration collective de notre programme régional. Présent, mon ami Jean-Paul Dufrègne, Président du Conseil Général, a marqué cet échange de son expérience à la tête de la collectivité départementale. Ce soir-là, « j’ai bu du petit lait » et je me suis pris à rêver que les multiples rencontres programmées dans la pré-campagne seraient du même tonneau, avec ce frisson que provoque « le vent d’en bas » quand on le sent monter, souffler et gonfler les voiles.
Après avoir écrit ce texte, je me suis mis à dévorer le dernier CQFD, reçu la veille (n° 75 du 15 janvier 2010). Un vrai bonheur chaque mois que la lecture de ce mensuel (si vous ne connaissez pas, renseignez-vous : www.cequilfautdetruire.org ou essayez d’en dénicher un exemplaire, souvent bien caché, chez votre marchand de journaux). Je ne peux résister au plaisir de citer les dernières phrases de l’article « faux ami » p. 7 : « Par goût, on préfère les rencontres de hasard, au coin d’une rue, d’un comptoir ou même d’une file d’attente, avec des inconnus sans discours prémâché, à la tchatche vengeresse, à la saine colère, à la curiosité gourmande… Ceux et celles avec qui on a envie de faire un bout de chemin, de construire des rapports de force à notre avantage, d’inventer d’autres façons d’exister ensemble ». Quant à la première page, le dessin et le texte valent des tonnes de discours et me font même regretter les heures passées à écrire mon «abécédaire » sur Copenhague : « Cochons de pauvres ! » ... tout un programme !