Indispensable mutation
Bien que la campagne électorale soit lancée, je maintiens ma « montée » à Paris tous les mardis matin. La réunion hebdomadaire des députés communistes et du Parti de Gauche, suivi de l’échange avec les autres députés du groupe, notamment les Verts, est un moment d’analyse et de confrontation enrichissant.
Durant les séances de questions au gouvernement, je profite aussi de la proximité des ministres pour leur communiquer directement des dossiers ou pour des interventions urgentes. Cela a été le cas ce mercredi après-midi avec deux mots manuscrits durant la séance des questions d’actualités, envoyés respectivement à Brice Hortefeux et Eric Besson. Je leur ai décrit la situation de Salima et Salma, ces deux jeunes majeures marocaines de Clermont-Ferrand, menacées d’expulsion.
Le premier m’a fait signe qu’il s’en occupait. Quant au ministre de l’immigration, il m’a répondu par écrit : « C’est entendu, je vais faire regarder vite ce dossier que je ne connais pas ». Est-ce que je serai vraiment « entendu » ?
En ce qui concerne le travail parlementaire, il est difficile de suivre le rythme, volontairement effréné, des projets de loi qui se succèdent. Mais, quel que soit le sujet, l’objectif gouvernemental est toujours le même : casser notre organisation sociale dans tous les domaines, mettre progressivement en miettes les acquis de luttes sociales et des avancées politiques, servir la soupe aux privilégiés au détriment de l’immense majorité. Sur les bancs de l’hémicycle, il me faut continuellement dominer ma colère pour ne pas crier à quel point cette politique a des effets inhumains.
Le combat que je mène dans mon activité parlementaire est le prolongement de mon action sur le terrain des luttes collectives. J’ai continuellement en tête les conséquences concrètes, palpables, pour ne pas dire ignobles, des politiques gouvernementales pour ceux qui sont les plus en difficultés.
Encore davantage qu’en temps normal, la campagne électorale me place quotidiennement aux cœurs des conséquences de cette politique. Plus que jamais, au fil des rencontres, je mesure les difficultés, les souffrances, je constate les colères contenues ou affirmées. Mais je fais aussi un autre constat : la confiance manque, conduisant au rejet de la politique. Un rejet global qui ne nous épargne pas, bien que nous ayons le sentiment de faire pour le mieux.
C’est sans doute cette réalité qui me fait accorder autant d’importance à cette exigence de faire de la politique autrement.
La simple écoute ne suffit pas. Bien évidemment, apporter des réponses toutes faites encore moins. Il nous faut réfléchir ensemble, analyser, chercher des pistes de solutions, proposer, partager le doute… et construire, coélaborer la politique à mettre en oeuvre .
C’est justement ce que nous essayons de faire dans la préparation de ces élections régionales. Avec nos faiblesses, nos insuffisances. Avec quelquefois aussi l’incompréhension de certains de nos partenaires dont la culture politique est différente de la nôtre.
Mais je suis quant à moi persuadé que c’est au prix de cette indispensable mutation que nous ferons avancer ce qui nous unit : l’exigence d’un changement de société… et « l’humain avant tout ».