Intervention au Conseil National du PCF
Voici le texte de mon intervention devant le conseil national du PCF, ce mercredi 25 avril 2012.
Je m’associe à l’essentiel de ce qui a été dit sur le résultat très prometteur de la présidentielle, à l’issue d’une campagne exaltante, et sur la nécessité d’appeler clairement à voter François Hollande pour battre à plate couture la droite de Nicolas Sarkozy, le 6 mai prochain. Au-delà d’un 6 mai décisif, mon intervention portera sur les élections législatives.
Au regard des événements que nous venons de traverser. Deux questions majeures se posent aujourd’hui à chacune et chacun d’entre nous :
➢ Dans le cadre d’un président socialiste, sommes-nous capables d’établir un rapport de force favorable aux intérêts du peuple, c’est-à-dire influencer concrètement les choix qui seront faits par une majorité de gauche, et imposer de réels changements. Si oui, comment ? Ce qui me fait dire que l’important n’est pas de savoir ce que l’on ferait au gouvernement mais ce que l’on fera du gouvernement.
➢ La deuxième question : pour quels mobiles précis le peuple de France a-t-il intérêt à faire de nous ses représentants à l’Assemblée nationale ?
Ces deux questions et leurs réponses s’inscrivent dans un contexte où nous aurons plus particulièrement affaire à deux offres politiques concurrentes :
➢ D’un côté, Hollande et le Parti Socialiste. Ils demanderont aux électeurs de leur donner les moyens indispensables pour mettre en œuvre le changement annoncé, en offrant une majorité au nouveau président dans le contexte d’une extrême-droite menaçante.
➢ De l’autre côté, Marine Le Pen et l’extrême-droite. Forte d’un vote de contestation du système et des élites qui le dirigent, elle va poursuivre son entreprise démagogique en réclamant aux couches populaires de porter à l’Assemblée ses candidats pour inviter « la France à la table des élites ». Une formule qui nous choque dans la bouche de cette national-socialiste mais qui, nous le savons, fait mouche dans les couches populaires en souffrance. Comme ont fait mouche ses propos où elle déclare vouloir faire « imploser les deux partis de la banque, de la finance, des multinationales, du renoncement et de l’abandon ». Les études d’opinion font en effet apparaître que si seulement 48 % des suffrages du FN sont un vote d’adhésion, cela représente quand même plus de 3 millions de voix pour ses idées et propositions, voire bien davantage au regard du glissement quasi mécanique de la simple contestation au positionnement idéologique.
En ce qui nous concerne, si le vote d’adhésion est plus large (65 %), il concerne au final 500 000 électeurs de moins, sans pour autant occulter la reconquête politique et idéologique que nous avons initiée et dont le rayonnement dépasse le vote Front de gauche.
Voilà le contexte concurrentiel direct dans lequel nous nous trouvons. Comment, dans ces conditions, avec des arguments simples, des propositions simples mais fortes, nous allons amener les électeurs à nous désigner -nous- comme leurs nécessaires représentants à l’Assemblée nationale, comme les indispensables défenseurs de leurs intérêts ?
Dans le contexte de la crise que nous connaissons, nous sommes dans une élection à caractère historique. Elle exige de la part de notre parti, de notre organisation, et plus largement du Front de gauche, des réflexions et des mesures exceptionnelles. Si nous n’incarnions pas la possibilité d’un changement positif immédiat pour le peuple, si nous n’apparaissions pas comme immédiatement utiles au mieux-vivre, nous serions à juste titre balayés par l’histoire.
La simple fonction de contestation, même porteuse de mesures fortes de transformation sociale, ferait long feu auprès des couches populaires. En aucun cas, notre stratégie ne peut être dans le repli dans un nouveau pré-carré idéologique, nourri de déclamations, et d’attente du grand soir, même porté par l’aura d’une personnalité charismatique, et même musclé par un apparent soutien populaire.
L’argument d’avoir un groupe Front de gauche fort à l’Assemblée nationale, pour être utile à la mise en œuvre d’une politique vraiment à gauche, sera déterminant. Mais il ne suffira pas. Il faut donner à voir ce que sera une pratique politique complètement différente, hors du commun comme l’a été notre campagne des présidentielles, articulant la construction collective du travail législatif à l’indispensable mobilisation populaire pour porter les exigences citoyennes. Donnons à nos slogans de « révolution citoyenne » et de « pouvoir au peuple » une réalité palpable dès aujourd’hui.
Soyons donc très attentifs aux circonscriptions où nous devrons faire porter nos efforts organisationnels et rendre visible notre nouvelle pratique politique, là où une chance existe de l’emporter, là où des rendez-vous électoraux positifs se dessinent. Dans le même temps, et partout bien évidemment, il s’agira de faire valoir nos objectifs immédiats et à moyen terme pour créer des majorités d’idées et d’actions et en intensifiant notre campagne de recrutement au Parti Communiste Français.
L’avenir et la place même de notre parti, dans le cadre du Front de gauche, dépendront des semaines à venir. Notre force de proposition et d’action doit être décuplée. Je le dis solennellement : il en va de l’avenir de notre peuple.