"Jamais ils ne seront maîtres du printemps"
Les échanges directs avec les journalistes me sont toujours agréables. Disons que j’éprouve un réel plaisir à essayer de communiquer ce que je ressens : faire passer « le fluide » en quelque sorte. Les équipes locales sont habituées au style direct qui est le mien, souvent décapant, parfois démesuré. Et je crois que nous partageons ce plaisir avec une forme de jeu complice de la provocation.
Certes, le chemin est parfois semé de sympathiques embûches. Ainsi, dans « la voix est libre » de France 3 Auvergne (consultable sur internet), quand je suis interrogé dès le début de l’émission sur un sondage reléguant notre liste en 3ème position des listes de gauche. Il me faut quelques instants pour intégrer que ce sondage n’existe pas mais qu’il s’agit en fait d’un sondage… national… mécaniquement transféré à l’Auvergne !
Ainsi, toutes les régions de France, quelle que soit leur spécificité, quelles que soient les listes en présence, quelles que soient les têtes de liste, seraient alignées sur cet incroyable postulat qu’un sondage national se déclinerait partout en France.
La diversité des régions françaises, de leur histoire propre, des femmes et de hommes qui participent à son identité… tout serait ainsi gommé par le formatage national : le rêve d’une France uniformisée, standardisée, autour de deux grands partis dominants, avec l’amusement saisonnier du tourniquet de petits partis mis subitement en exergue, et ensuite relégués pour valoriser la dernière trouvaille miraculeuse : Modem et Bayrou, NPA et Besancenot, Europe écologie et Cohn-Bendit, Front National et Marine Le Pen…
« Curieusement », jamais le Front de Gauche. Au point de le faire même disparaître des commentaires politiques nationaux.
Il existerait ainsi un socle électoral immuable. La volonté de convaincre, de changer les consciences serait une simple velléité. Une nouvelle façon de faire de la politique, sortant des schémas pré-établis, plaçant l’humain au cœur du débat, ne serait qu’un artifice inutile. Le désir de rassembler en faisant de la politique autrement, dans le respect de chacun, avec l’objectif de faire vivre une région et son institution différemment, serait un beau rêve sans lendemain possible.
Fort heureusement, ce que nous vivons durant cette campagne électorale est aux antipodes de cette dérive, certes médiatique, mais en fait voulu et entretenu par les pouvoirs en place.
Me reviennent alors ces deux vers de Pablo Neruda :
« Ils pourront couper toutes les fleurs.
Jamais ils ne seront maîtres du printemps ».
Car la réalité est là : jour après jour, échanges après échanges, je constate que « l’humain avant tout » est bien au cœur des attentes.
D’abord parce que ces trois mots sont à l’opposé de la politique inhumaine conduite par le Président de la République et ses ministres, destructrice de vies, d’activités humaines et de territoires. Conduite pour le profit de quelques privilégiés, cette politique génère souffrance et mal-vivre. Elle sacrifie aussi les générations à venir. En plaçant « l’humain avant tout », c’est cette société-là que nous voulons transformer avec le Front de Gauche.
Ces trois mots ne sont donc pas là pour embellir notre campagne électorale. Ils sont au cœur des engagements, et donc du quotidien, de toutes celles et ceux qui constituent notre liste.
Ils sont aussi le fil conducteur du programme que nous avons co-élaboré avec des centaines d’habitantes et habitants d’Auvergne, déclanchant un mouvement citoyen inédit, d’une ampleur inespérée, et qui grandit de jour en jour.
Ces trois mots seront naturellement aussi notre raison d’être dans l’exercice de notre mandat régional et pour assumer les responsabilités au niveau que les Auvergnates et les Auvergnats décideront de nous confier par leur vote.
Nous pensons en effet qu’il n’existe pas de socle électoral immuable. Nous savons que le rassemblement de toute la gauche se fera au second tour. Mais ce sont aux électrices et aux électeurs de choisir quelle liste du premier tour sera la plus rassembleuse et quelle tête de liste portera le mieux ce rassemblement, dans le respect et l’équilibre de toutes les composantes. J’assumerai pour ma part cette responsabilité avec passion si elle m’est confiée.
Mais le plus important est de nous permettre de mettre en œuvre le programme que nous avons co-élaboré avec les citoyens d’Auvergne.
Le prochain mandat du Conseil Régional ne durera que 4 ans. Nous demandons aux Auvergnats de partager avec nous ces quatre années pour faire la démonstration que la politique, « la chose publique », peut être belle, enthousiasmante, fidèle aux engagements, respectueuse de la diversité des uns et des autres. Avec eux, nous voulons faire de l’Auvergne l’exemple d’une collectivité pétrie d’humanité.
« L’humain avant tout » : faisons de ces trois mots une aventure commune.