L’esprit de Grenelle : encéphalogramme plat
Un ministère sans ministre. Depuis fin février, avec le départ de la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet, le grand ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement tourne à vide. C’est le dernier signe politique que laisse le Président de la République comme symbole de son engagement en faveur de l’écologie. C’est dire l’intérêt que ce Président-candidat accorde à des problématiques fondamentales pendant sa campagne.
Il n’échappe à personne que le départ de la ministre, son non-remplacement, et le transfert de ses prérogatives au Premier ministre pendant trois mois est en décalage complet avec l’agitation médiatique qui avait prévalu autour d’un mystérieux « esprit de Grenelle ». Car, que reste-t-il en 2012 de l’ambition politique affichée en 2008 par le Grenelle de l’environnement ? Beaucoup d’intentions, des centaines de pages de textes législatifs et règlementaires, mais une cruelle désillusion. Celle de n’avoir jamais voulu mettre les moyens humains et financiers nécessaires en face des ambitions affichées. Au final, l’esprit de Grenelle… un encéphalogramme plat !
En effet, depuis 2007, l’application stricte de la Révision Générale des Politiques Publiques dans les administrations du ministère ont siphonné les moyens humains pour conduire des politiques ambitieuses sur le terrain. Budget après budget, le volontarisme de façade du Grenelle de l’environnement s’est heurté à la cruelle réalité des suppressions de postes, quelques 1300 pour le ministère rien que pour l’année 2012.
D’année en année, les effectifs des agents des établissements publics et instituts qui concourent à mettre en œuvre nos politiques publiques au service de la politique de l’eau, de la protection des milieux et des espèces ont vu leurs effectifs fondre au détriment de la continuité de leurs missions. A Météo-France, à l’Institut Géographique National, à l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques, à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, partout les mêmes méthodes conduisent aux mêmes effets : moins de présence sur le terrain, moins de concertation avec les usagers, des conditions de travail dégradées, des missions abandonnées.
D’année en année, les chercheurs dans le domaine du développement durable ont vu leurs crédits de recherche se restreindre.
Et puis, il y a aussi des revers très lourds de sens pour notre pays, comme la baisse de la part du transport de marchandises par des voies alternatives à la route. Alors que le Grenelle affichait l’ambition de passer « à 25 % de fret non routier d’ici 2020 », elle n’a eu de cesse de baisser tout au long de ces 5 années, jusqu’à 11,5 % seulement en 2012, en lien direct avec la casse du service public du fret SNCF.
Sur la scène internationale également, c’est la voix de la France qui s’est progressivement effacée, pour rejoindre le rang des puissances hypocrites, où curieusement, tout est bon pour repousser l’échéance de la « dette écologique » des plus riches. En décembre dernier à Durban en Afrique du Sud, c’est ainsi que presque rien n’est sorti pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.
Il faudra le dire clairement dans quelques jours, choisir l’austérité c’est renoncer à une politique écologique résolue. Pour redonner du sens et des moyens à ce ministère, quel meilleur outil que la planification écologique proposé par le Front de Gauche ?