"L'humain avant tout"...au coeur du résultat
Le coup est terrible. Mais il est tellement mérité ! Ce 1er tour des élections régionales confirme le désaveu massif de la politique désastreuse, disons même « inhumaine », conduite par le Président de la République et son gouvernement, avec le soutien d’une majorité parlementaire aux ordres. En Auvergne, la sanction infligée à la droite sarkozyste prend encore plus de relief, sa liste étant conduite par les ministres Marleix et Hortefeux.
Partout en France, la colère et la rancœur ont conforté une abstention massive, trop massive. Elles ont aussi conduit à un vote à gauche en nette progression, avec un rapport des forces clairement favorable au Parti Socialiste. La bipolarisation est cependant ébranlée par les résultats d’Europe Ecologie, en baisse pourtant sur les Européennes, et par les progrès du Front de Gauche qui gagne en crédibilité.
Je me suis beaucoup interrogé depuis l’annonce des résultats sur les raisons du succès plus marqué de la liste Front de Gauche en Auvergne.
Pour beaucoup, les 14,24 % que nous avons obtenus sont en effet un résultat qui fait événement, d’autant plus que le Front de Gauche recueille 6,95 % des voix dans les régions où il présentait une liste propre (contre 6,45 % aux européennes).
Tout d’abord, je dirai que notre résultat régional n’est qu’un succès relatif. Je ne me satisfais pas pour ma part d’un positionnement qui nous place à 13,79 % de la liste socialiste du Président sortant : le Front de Gauche n’a pas vocation à rester une force d’appoint d’un Parti Socialiste dominateur, une simple réserve de voix captive au nom du sacro-saint désistement républicain, le déversoir immuable d’un électoral de gauche déçu des travers d’une sociale-démocratie se refusant à transformer fondamentalement la société.
Pour ma part, je ne vois pas non plus dans le résultat auvergnat une simple validation des orientations du Front de Gauche. Certes, c’est la confirmation en Auvergne comme ailleurs qu’il est possible de créer un rassemblement crédible des organisations attachées à la transformation sociale, sur la base de propositions fortes portant le fer au cœur du système capitaliste.
Encore faut-il que ce rassemblement ne se limite pas au seul pré-carré des organisations qui la composent ou susceptibles de la rejoindre. Il doit s’ouvrir, comme nous l’avons fait, aux porteurs de mutations politiques que sont les militants du mouvement social, les bénévoles associatifs ou les élus progressistes sans appartenance de parti. Il doit aussi faire éclater les carcans de la pensée et des discours formatés qui sont si souvent ceux des dirigeants nationaux, souvent décalés des réalités locales dans la hantise des positions à maintenir et l’obsession des scrutins à venir. A les entendre, je mesure ce qui nous sépare…
Je crois vraiment que le résultat obtenu en Auvergne, et plus particulièrement le Puy-de-Dôme, tient pour beaucoup dans le parti-pris d’une façon vraiment différente de faire de la politique.
C’est l’impulsion que j’ai voulu donner dès le début de la campagne, dans la continuité d’une pratique que nous avons depuis longtemps dans la circonscription dont je suis devenu en 2002 le député. Car c’est bien pour l’essentiel cette pratique qui a permis alors mon élection et le renouvellement de 2007. Nous confirmons aujourd’hui qu’elle répond à une attente forte : les citoyens veulent se réapproprier la politique, la « chose politique », qui ne doit surtout pas être simplement déléguée à des élus ou responsables de parti, aussi vertueux soient-ils.
Voilà, pourquoi nous avons co-élaborés pendant plusieurs semaines nos propositions régionales, dans des échanges d’une très grande richesse, associant la construction d’un projet local à l’exigence de la transformation sociale, mêlant les grands enjeux nationaux à des orientations régionales concrètes, les uns se nourrissant de l’autre.
Avec un questionnement obsessionnel : les mesures que nous proposons sont-elles de simples airbags de la politique libérale ou sont-elles au contraire des leviers offensifs contre cette politique ?
Ce bouillonnement inédit a été une forme de révélations pour beaucoup d’entre nous, notamment nos partenaires, peu habitués à cette « démocratie active ». Il a abouti à un « pacte citoyen », support de notre campagne, mais en évolution constante puisqu’il s’est enrichi jusqu’à la veille du scrutin. Et il sera bien évidemment un mouvement permanent durant l’exercice du mandat des élus « Front de Gauche » : une campagne électorale n’est en aucun cas une parenthèse, mais simplement un mouvement plus intense dans le fil d’une pratique démocratique quotidienne.
Quant à l’appellation de notre liste « l’humain avant tout », ce n’était que l’expression verbale de l’essence même de notre rassemblement. Beau titre, beau slogan… mais pas seulement un titre et un slogan ! Je dirais, au risque de faire sourire, que c’est cela même qui justifie notre engagement politique. Cette évidence est trop souvent oubliée… et pas seulement dans les rangs de partis qui placent l’argent avant l’humain ! Ce choix de l’humain nous a donné un souffle et une pêche incroyable, d’autant plus qu’il a été ressenti comme tel par la population régionale. Au cœur de notre campagne, il est aujourd’hui au cœur du résultat.
Ces propos sont bien éloignés du microcosme parisien qui se gausse de ces analyses « au ras des pâquerettes » d’un élu de province « que l’on aime bien », mais qui n’est pas dans le moule, dont on salue bien sûr les résultats, mais avec un sourire entendu. Mais peut-être ces propos seront-ils un jour pris en compte. Peut-être…
Quant aux négociations pour le second tour, nous les avons conclues hier en nous rassemblant avec les listes socialistes et celle d’Europe Ecologie. J’en tirerai le bilan dans une prochaine expression. Ma volonté est en effet de continuer à faire vivre ce blog.