L’indispensable mobilisation populaire pour la réussite du changement
Trois jours après ma réélection avec 67,6 % des suffrages exprimés, je tenais bien ente ndu, avec mon suppléant Eric Dubourgnoux, à remercier les 37 303 électrices et é lecteurs de la 5ème circonscription du Puy-de-Dôme, qui m’ont accordé, ou m’ont renouvelé leur confiance. Dans une circonscription très élargie, avec plus de 30 000 électeurs inscrits supplémentaires, je mesure la responsabilité qui m’incombe pour relayer à l’Assemblée nationale les attentes d’habitants qui m’ont souvent confié leurs difficultés de vie au quotidien. Comme je l’ai dit dans cette campagne, il reste tant à faire.
Au sortir de ces élections législatives, le bilan est à la fois sans appel pour une droite largement battue, et particulièrement inquiétant lorsque l’on fait le constat de l’effacement des frontières entre la droite parlementaire et l’extrême droite. Elle préfigure sans aucun doute de nouvelles alliances des forces conservatrices et xénophobes, comme nous l’avons déjà vu ces dernières années dans toute l’Europe.
Cette situation nouvelle appelle également plusieurs constats sur le rôle que va tenir le Parlement dans les mois et les années qui viennent.
Tout d’abord, le cadre électoral dans lequel se situe désormais ce scrutin, placé volontairement après l’élection présidentielle, porte atteinte au rôle de la représentation nationale. Il affaiblit le poids du travail d’élaboration des lois de l’Assemblé e nationale.
Cette situation renforce ensuite la polarisation de la vie politique de notre pays, autour des deux partis les plus influents à gauche et à droite, conduisant à amplifier l’abstention pour un scrutin qui est pourtant le plus déterminant pour l’avenir des Françaises et des Français.
Dans ce contexte, le Front de Gauche a cependant progressé nettement depuis 2007, passant de 4,3 % à 6,9 % des voix sur l’ensemble du pays. Mais cette progression remarquable, qui en fait la deuxième force à gauche, n’a pas permis de contrebalancer la progression encore plus importante des candidats du parti socialiste qui ont ainsi devancé les députés sortants du Front de gauche dans un certain nombre de circonscriptions. Le nombre de députés du Front de Gauche à l’Assemblée nationale va nous permettre cependant de constituer un groupe de la majorité parlementaire avec une seconde composante autonome de députés progressistes d’outre-mer. J’ai accepté d’en assurer la présidence. Les députés Front de Gauche continueront de porter les engagements essentiels de notre programme l’Humain d’abord.
L’espoir d’une gauche qui réponde enfin aux besoins populaires ne doit pas être une nouve lle fois déçu. Pour cela il faudra, dès la rentrée parlementaire en juillet, que les nouveaux députés s’attaquent avec courage aux puissances financières, dans ce pays comme en Europe, afin de rétablir une juste répartition des richesses. Il faudra aussi que la nouvelle représentation nationale fasse preuve d’une très grande détermination politique pour que notre pays renoue avec la création d’emplois stables, pour faire reculer durablement le chômage. C’est la préoccupation prioritaire des Françaises et des Français. J’ai la conviction que cette exigence prioritaire de la création d’emploi, ne peut être déliée de deux enjeux fondamentaux : la création de nouveaux leviers financiers avec une politique du crédit sur des bases radicalement opposées aux logiques de spéculation à l’œuvre dans toutes les institutions bancaires et financières, et la mise en œuvre d’un nouveau pacte avec le monde du travail donnant aux salariés les moyens d’intervention suffisants pour orienter les grandes décisions industrielles, les choix d’investissement et de développement des entreprises. Sur ces enjeux, nos députés, en lien avec nos sénateurs, seront bien entendu force de propositions concrètes au sein de la majorité parlementaire.
Mais l’essentiel sera dans la mobilisation populaire : nos députés auront besoin d’un véritable appui citoyen, pour réussir le changement en s’appuyant sur les mesures portées par le Président de la République dans sa campagne. Nos exigences sur les salaires, sur les retraites, sur la répartition des richesses, sur la création d’un autre levier financier avec des banques nationalisées et sous contrôle pour un autre développement économique ne pourront avancer qui si elles sont partagées largement par le mouvement social.
Nous avons toujours fermement contesté la dérive présidentialiste de notre système politique. Mais comme je l’ai affirmé pendant toute cette campagne, n’attendons pas d’être passés à une VIème République, pour faire comme si nous étions déjà en VIème République. N’attendons pas un retournement politique spontané en notre direction. Notre pratique politique, en lien direct avec les habitantes et les habitants, fondée sur la construction collective des réponses indispensables à notre peuple, constitue la meilleure des garanties pour un changement profond de société.
Bien au-delà des seules expériences de démocratie active que pourront porter sur leurs circonscriptions les députés élus du Front de Gauche, il faut que notre rassemblement se saisisse de la force nouvelle qu’il représente pour irriguer tous nos territoires d’une nouvelle pratique politique. C’est ce travail de soutien populaire, de « coopérative politique » qui pourra aider au mieux notre groupe à l’Assemblée nationale, et être son relais indispensable sur le terrain.