La Banque de France, essentielle aux territoires et aux citoyens !
J’ai pris la parole le 29 janvier dernier à Paris, au rassemblement des agents de la Banque de France, qui manifestaient pour dénoncer le nouveau projet de « modernisation » présenté par le Gouverneur de la Banque de France. Ce projet poursuit deux objectifs : la recherche de « gains de productivité », avec la suppression de 2500 emplois, et la poursuite d’un plan d’adaptation des implantations territoriales (PAIT), engagé en 2003, remettant en cause les implantations à l’intérieur des départements, ainsi qu’un grand nombre des 71 caisses au service de l’entretien et de la circulation de la monnaie fiduciaire.
Arc-bouté sur un schéma de libéralisation, le Gouverneur avait renouvelé il y a quelques semaines sa présentation de la réforme de la Banque devant la Commission des Finances de l’Assemblée nationale. Cette réforme traduit une stratégie de repli de la Banque. Elle réaffirme l’application de la règle de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux, héritée de la droite au pouvoir. La réduction drastique des effectifs sert ensuite d’argument pour justifier la fermeture d’implantations sur les bassins de vie, au contact direct avec les usagers.
Dans un contexte de crise économique et sociale, où les pouvoirs publics, les entreprises et les ménages ont plus que jamais besoin du service de cette institution, cette vision dogmatique est contraire à l’efficacité de l’économie nationale et locale. La Banque de France, c’est bien sûr d’abord un garant de la sécurité de la monnaie et de la gratuité de son usage par le public. Le choix de la réforme, c’est de se désengager à terme de 50 % de l’entretien de la monnaie fiduciaire au profit d’opérateurs privés. Mais la Banque de France, c’est aussi un outil essentiel pour connaître les entreprises et évaluer leurs difficultés. Elle est ainsi un appui essentiel pour les collectivités territoriales et leur apporte des éléments essentiels à la prise de décision. Elle est de plus un acteur déterminant pour la supervision des banques, des assurances et des mutuelles. Elle est enfin devenue un acteur essentiel dans les relations entre les particuliers et le système bancaire, avec une mission déterminante en terme de médiation et de gestion du surendettement des ménages.
Comment comprendre un tel projet de sape dans le contexte que nous vivons, si ce n’est pour donner de nouveaux gages au secteur privé et aux financiers ?
Au contraire, les moyens de la Banque de France devraient lui permettre de renforcer ses actions pour répondre aux besoins des acteurs économiques et sociaux, pour soutenir l’économie réelle et participer pleinement aux objectifs de redressement du pays. Mais une Banque de France mobilisée pour sortir le pays de l’ornière de la finance mondialisée suppose une présence renforcée sur tous les bassins d’emploi et les territoires en crise, pour accueillir les usagers, construire un dialogue permanent avec les acteurs économiques et sociaux. C’est autour de cette vision d’avenir que l’ensemble des organisations syndicales représentatives de la Banque de France ont travaillé à un « projet pour une Banque de France à l’horizon 2020 ». Tout le contraire d’une concentration aveugle, laissant le champ libre aux intérêts particuliers. Leurs 46 propositions concrètes méritent une véritable considération par toutes celles et tous ceux qui veulent redresser le pays. Les parlementaires du Front de Gauche en sont.
Chronique publiée dans le journal La Terre.