La ligne blanche…
« Ne franchissez pas la ligne blanche »… ou la ligne verte… la couleur est secondaire ! C’est le message que j’envoie aujourd’hui à l’équipe gouvernementale. Des signes inquiétants me font craindre en effet que l’abandon du monde rural gagne au sein de ceux qui ont pris les rênes de notre pays avec l’apport des 4 millions de voix du Front de gauche à l’élection présidentielle.
Je pourrais revenir sur un premier signal aux conséquences gravissime pour nos territoires ruraux : le maintien du gel des dotations d’Etat aux collectivités territoriales, dont nos petites communes, qui signifie de fait, avec l’inflation, une baisse des recettes. Pour ceux qui sont impliqués, et c’est mon cas, dans la gestion de nos villages, cette mise en application de l’austérité signifiera des difficultés accrues à répondre aux besoins des populations. Je me suis déjà plusieurs fois exprimé sur ce point mais il faut bien rappeler que nous avons là une traduction concrète du carcan budgétaire voulu par l’adoption du Traité européen (TSCG). Dans ce contexte, quel sera désormais le rôle de l’Etat, garant de l’égalité des citoyens ?
Je veux aujourd’hui exprimer ma colère sur des décisions scandaleuses, prises en pleine nuit, sous forme de cavaliers législatifs, sans débats en commission, à l’occasion d’un texte de loi sur la tarification de l’énergie : la libéralisation de l’installation d’éoliennes dans nos campagnes en réduisant la participation des investisseurs au raccordement au réseau (ce sera au consommateur de payer sur sa facture), en permettant un mitage du territoire avec des mâts isolés (suppression de la régle des 5 mâts minimum), en garantissant désormais le tarif d’achat de l’électricité produite hors des périmètres de ZDE (les Zones de Développement de l’Eolien intégraient des critères environnementaux, de sécurité publique et de potentiel de production). Le mépris des populations concernées est à la hauteur du mépris affiché à l’encontre des députés, dont je suis, qui se sont opposés à ce coup de force.
Indignation aussi en apprenant que ne serait pas reconduite l’aide apportée aux agriculteurs pour être remplacés pendant leurs congés. Le crédit d’impôt accordé (sous forme de remboursement ou de réduction) couvrait 50 % des dépenses de remplacement effectivement réalisées, dans la limite annuelle de 14 jours. Comme la mesure était liée à une obligation de présence quotidienne sur l’exploitation, ce sont bien évidemment les petits éleveurs sans salariés qui sont les premiers concernés. Je ne doute pas que d’autres auront les moyens de passer des heures dorées sur un yacht avec les profits tirés de leurs niches fiscales sauvegardées et des exonérations de cotisations sociales élargies.
Plus que jamais, il nous faut être vigilant quand le monde rural est ainsi méprisé. Mais aussi réagir en créant un front commun de résistance regroupant élus et citoyens de sensibilités diverses. C’est ce que nous avions fait, durant la mandature précédente, quand la droite était majoritaire, avec mon ami Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, en lançant notre mouvement « Campagnes de France, grande cause nationale ». C’est ce même mouvement que nous allons réactiver au regard de l’urgence à réagir. Non pas par opposition à la nouvelle majorité de gauche, mais pour faire prendre tout simplement au gouvernement un autre chemin que celui vers lequel il s’engage.
Chronique publiée dans le journal La Terre.