La noblesse de la politique
Quel contraste ! D’un côté, l’effet désastreux des affaires et scandales en tous genres, aggravé par les promesses trahies et les espoirs déçus entraînant la défiance et l’abstention. De l’autre, une autre réalité, celle de la défense de l’intérêt général, de l’engagement désintéressé, et le constat que la pratique politique peut être digne est respectable, avec un vote marquant un attachement toujours profond à la commune.
Cette campagne des élections municipales m’a en effet permis de vivre de vrais bonheurs dans les contacts que j’ai eus et à l’occasion des actions de soutien à des listes amies. L’enthousiasme des candidats, l’implication des citoyens rencontrés et le bouillonnement de la démocratie de proximité sont bien une réalité.
Ainsi, à Thiers, où la liste conduite par mon ami et camarade Claude Nowotny a obtenu au 1er tour 30 % des suffrages exprimés, malgré la présence de deux autres liste de gauche totalisant 31 %, contre 38 % à la municipalité sortante, affichée « sans étiquette ». Ce résultat est le fruit d’un travail d’équipe remarquable associant la population à l’élaboration du programme dans plus de 40 rencontres citoyennes. Réunissant près de 350 personnes, la dernière réunion de campagne du 1er tour a été un moment rare de fraîcheur démocratique, fait d’intelligence collective, d’écoute mutuelle, avec une grande humilité et dans le respect des approches différentes. Quel décalage avec l’image qui est aujourd’hui renvoyée de la politique !
J’ai eu un plaisir comparable à Ambert où la liste divers gauche conduite par une tête de liste de 38 ans, mère d’une famille de trois enfants, Véronique Faucher-Convert, a voulu exprimer que la politique peut concrètement changer quelque chose à la vie des gens. La réunion de fin de campagne a montré que la commune est un lieu de la politique vraie, un espace où s’organise concrètement une communauté humaine. Propositions réfléchies, précises, résultats de choix politiques forts : là-aussi une belle expression de démocratie locale, même si le résultat n’a pas été au rendez-vous.
Contrairement aux propos de ceux qui affirment que les citoyens ont été dépossédés de cette élection, limitant le débat politique aux « petits arrangements, combines et grosses ficèles politiques », de vrais enjeux politiques ont bien animé cette campagne. Parce que la politique ne se limite pas à l’expression de la colère et à la sanction du gouvernement en place ! Elle est construction continue, dans une prise de conscience à faire partager et par une élaboration collective de réponses à apporter aux attentes populaires.
Ainsi, à Thiers comme à Ambert, au cœur de la circonscription dont je suis le député, nos candidats ont porté de vraies questions politiques : notamment celles de la maîtrise publique avec l’objectif de reprendre la gestion de biens communs comme l’eau, l’éclairage public ou les espaces verts ; celles de l’écologie et du social avec la gratuité des transports ou l’isolation des logements ; celles de l’économie avec le développement d’espaces d’accueil pour les PME et les services.
Il existe bien dans notre pays une « noblesse de la politique ». Quoi que l’on dise, ces élections municipales ont offert à l’initiative citoyenne un moment d’expression privilégié, mêlant le local au national, avec demain, pour porter les propositions de transformation sociale du Front de gauche, des milliers d’élus municipaux et des centaines de maires, comme je l’espère à Thiers où tous les espoirs sont permis au 2ème tour.
Chronique publiée dans le journal La Terre.