La vie chère au cœur des luttes
Comme ils le font depuis deux ans, les militants communistes de Thiers et de Courpière dans le Puy-de-Dôme ont organisé une distribution de fruits et légumes locaux à prix coûtant : la botte d’un kilo de poireaux de la région à 1,35 euros, le kilo de pommes de terre à 35 centimes, le kilo de pommes du Forez à 82 centimes… Comme à chaque fois, l’opération a été une réussite avec plus de 6 tonnes écoulées, et des échanges d’une grande richesse avec les habitants.
C’est bien sûr une coïncidence, mais à quelques jours d’intervalle, l’Observatoire des Prix et des Marges présentait son deuxième rapport sur les marges de la distribution… démontrant qu’elles ne sont pas si importantes. Après des mois de négociation pour obtenir certaines données de la part de nos champions nationaux de l’alimentaire, voilà que les conclusions de l’Observatoire les présentent presque pour de modestes commerçants ! Leurs résultats nets au premier semestre 2012 ne semblent pourtant pas confirmer une telle modestie.
Ce qui est certain en revanche, c’est que l’écart entre les prix payés aux producteurs et ceux aux consommateurs se creuse toujours. Et pour les couches populaires, les recommandations sanitaires de consommer cinq fruits et légumes par jour ne sont que des vœux pieux. Les ventes directes organisées s’appuient sur ce constat. Elles s’inscrivent dans une logique de solidarité à l’égard de tous les ménages qui connaissent les plus grandes difficultés dues au chômage, aux salaires trop faibles, aux fins de mois insurmontables, avec l’appui de producteurs locaux qui leur permettent de démontrer le prix de revient réel de leur production.
Alors que la résignation face à la vie chère gagne les esprits, il est plus que jamais utile de faire la démonstration que nos propositions sur l’encadrement des prix et la hausse du pouvoir d’achat sont bien concrètes. L’ambition d’une alimentation de qualité, accessible à tous, et permettant la rémunération du travail paysan, c’est possible. Au regard de l’explosion de la précarité dans notre pays, ce devrait même être l’objet d’une grande politique alimentaire, dotée de moyens et d’outils règlementaires contraignants.
Bien évidemment, ces actions concrètes sur le terrain ne se limitent pas à la question de l’alimentation. Elles doivent concerner l’ensemble des charges qui reposent injustement sur les ménages les plus modestes. Sur ce même bassin de Thiers, les militants sont ainsi à l’initiative de la demande gratuité de l’autoroute A 89 reliant le bassin thiernois à Clermont-Ferrand avec ce slogan : « Liberté, égalité, gratuité ». Il s’agit en effet du seul tronçon autoroutier payant du département pour rallier la capitale régionale. Avec la concession à ASF-VINCI, les tarifs pratiqués procurent au groupe une véritable rente de situation. Ils constituent une double peine pour des habitants aux revenus parmi les plus faibles de la région, et qui vont de plus en plus travailler sur l’agglomération faute d’emploi dans le bassin thiernois. De quoi là-aussi mettre en perspective les choix alternatifs que nous portons en matière de transports, avec l’exigence d’une maîtrise publique des tronçons autoroutiers.
Chronique publiée dans le journal La Terre.