Le choix n'est pas entre le coeur et la raison

Publié le par André Chassaigne

    Depuis sa création, à la veille des élections européennes de 2009, le Front de Gauche a réalisé des résultats électoraux encourageants, matérialisant ainsi un réel besoin de propositions transformatrices pour la société et d’horizon nouveau pour la gauche.

 

    A l’initiative de ce rassemblement, les communistes partagent majoritairement l’idée que le Front de Gauche est un outil qui doit chercher à rassembler largement à gauche.

 

    Je pense, pour ma part, qu’il ne doit pas se limiter à une stratégie d’alliance électorale de forces et structures politiques constituées. Il doit prioritairement viser un enjeu essentiel : être le moyen d’implication populaire dans le débat politique et le lieu d’élaboration collective des contenus de la transformation sociale et écologique que nous entendons porter. Il faut donc nous tourner davantage vers celles et ceux qui luttent, qui espèrent, qui s’engagent, mais aussi vers celles et ceux qui doutent, qui ne nous entendent pas, qui ont perdu confiance dans toute perspective d’un changement de société.

 

    Nous concrétiserons ainsi une autre pratique politique et redonnerons en quelque sorte « ses lettres de noblesse à la politique ». J’en suis en effet convaincu : le choix de l’implication populaire, associé aux luttes, est déterminant pour matérialiser pas à pas le changement de société que nous envisageons.

 

    A la veille des échéances de 2012, les conditions du débat démocratique s’inscrivent toujours plus profondément dans une dérive présidentialiste de la Vème République, que les communistes ont toujours combattue. La personnalisation à l’extrême rend quasiment inaudible la construction d’autres démarches politiques misant sur l’intelligence collective, le travail commun, la reprise en main de leur avenir par les citoyens, alors même que cette aspiration à faire autrement trouve aujourd’hui un écho retentissant en Europe, que ce soit en Espagne, au Portugal, en Grèce ou même au Royaume-Uni.

 

    Dans ce contexte, même si nous constatons la difficulté de construire une alternative politique novatrice avec le plus grand nombre, elle est cependant prometteuse en terme de contenus transformateurs, alors que la social-démocratie européenne n’en finit pas de payer à la fois son incapacité à répondre aux attentes populaires et son absence de volonté de s’attaquer au système capitaliste. Aussi, dans le même temps, la classe dominante cherche-t’elle, par tous les moyens, avec les forces conservatrices, à maintenir l’ordre ancien, à rétablir la bonne marche du système capitaliste, comme en Tunisie ou en Egypte.

 

    C’est sur cette appréciation du Front de Gauche comme instrument d’une dynamique populaire nouvelle, permettant aux communistes d’apporter leurs propositions politiques et leurs valeurs à la réflexion et à l’action communes, que je me suis proposé pour accompagner une campagne collective de notre rassemblement à l’élection présidentielle. Je me suis investi dans cette démarche avec mes idées propres sur l’objectif d’une « démocratie active », ou encore sur la nécessaire implication des classes populaires dans la résolution des enjeux environnementaux de notre siècle. Je continue aussi de penser que nous devons porter une grande ambition collective pour notre peuple, une ambition collective qui se construira dans le temps, et qui est aussi importante que le fut le programme du Conseil National de la Résistance. Nous avons besoin d'un changement de civilisation, d'un changement fondamental qui s’attaque à la fois aux problématiques de la production et de la répartition des richesses, à la place des marchés et du travail dans la société, à la conception même de la société avec l’exigence de pousser le plus loin possible l’émancipation des individus. La présidentielle, bien au-delà de la personnalisation et du seul objectif électoral, sera l'occasion de porter un projet de société qui redonne de l'espoir à nos compatriotes. C'est aussi cela qui doit guider le Front de gauche.

 

    Portant cette conception du Front de Gauche, je n’ai jamais cherché à dissimuler mes convictions communistes, ni à les considérer comme un quelconque atout ou inconvénient dans les rencontres auxquelles on m’a invité ces derniers mois. Les multiples initiatives auxquelles j’ai été associé m’ont permis de confirmer un sentiment : il n’y pas de bons ou de mauvais communistes. Les convictions des uns et des autres n’ont rien à voir avec les raccourcis et interprétations qui peuvent être faites régulièrement par la presse, voire au sein même de notre maison commune. Il y a partout des communistes qui cherchent la voie la plus féconde pour porter la transformation sociale. Ils doivent toutes et tous avoir leur place, et la possibilité de s’inscrire pleinement dans le débat d’idées au sein de notre organisation, comme dans le rassemblement du Front de Gauche. Nous ne pouvons pas prétendre rassembler au-delà de nos rangs et ne pas être capable de nous rassembler nous-mêmes.

 

    Le débat qui se poursuivra à la Conférence nationale du Parti Communiste Français ouvre de réelles interrogations, non pas seulement sur la question rétrécie de la candidature, mais plus salutairement sur la conception et la vocation du Front de Gauche à plus long terme. Je m’en félicite. Je pense que nous devons profiter de ce débat pour pousser plus loin notre réflexion sur l’essence même du Front de Gauche, sur ce qu’il doit être, sur la place et le rôle de notre parti dans sa dynamique. De mon point de vue, c'est un rassemblement qui doit s'élargir massivement aux syndicalistes, aux associatifs, aux citoyens engagés, aux jeunes qui aspirent à d’autres perspectives. Il faut donc s'adresser à eux, non pas en cherchant à les transformer en supporter d’un homme providentiel ou d’une personnalité, quelles que soient ses qualités, mais bien pour les inviter à prendre leur place à nos côtés et à devenir acteurs de leur avenir.

Pour cela, le Front de Gauche doit se situer au cœur de la gauche. Il doit parler à tout le peuple de gauche pour faire monter dans les luttes et au sein des consciences l’exigence incontournable de contenus transformateurs et la possibilité de les mettre en oeuvre.

 

    Enfin, il doit veiller à ce que la diversité de notre rassemblement existe et soit visible, que la parole soit collective et que chacun soit respecté.

    Ce sont ces idées qui doivent être au coeur de la campagne du Front de gauche. L'important est qu'elles soient portées dans cette campagne. L’essentiel n’est donc pas la candidature en elle-même, mais, dans le cadre de cette candidature, l’orientation que nous pourrons donner au Front de Gauche.

 

    Le choix du candidat n’est donc pas une affaire de cœur ou d’opportunité politicienne. Il est bien au contraire un acte de raison et d’orientation politique.

 

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L
<br /> Ce bref message, camarade Chassaigne pour soutenir votre démarche. Je regrette que la direction du PCF ne vous soutienne pas davantage comme candidat à la présidentielle. J'ai été membre du parti<br /> de gauche de Mélenchon. Mais je regrette le jeu malsain, excessif, que ce dernier joue avec les médias, l'ultra personnalisation de sa campagne. Si la direction du PCF intrônise Mélenchon, ce sera<br /> sans doute en grande partie par calcul à court terme... sauver quelques députés, lors des législatives qui suivront la présidentielle. Une tactique à courte vue qui affaiblit la politique qui doit<br /> d'abord être un projet collectif, qui par du terrain. Le front de gauche, trois fois oui. Mais comme projet de fond et non comme un élément purement tactique. Bien cordialement, Jean Lemaître.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> A cette heure 14 h 45 mon commentaire n'a pas été publié, je me permets de l'écrire à nouveau.<br /> Je suis agé de 891 ans et abonné à l'huma (nous ne sommes pas nombreux) j'ai toujours, comme mon père, voté communiste.<br /> J'ai supporté toutes les erreurs comme la négation par Thorez et Duclos du rapport Kroutchev, des déclarations de Marchais sur l'Afghanistan, la candidature de MG.Buffet contre l'avis de nombreux<br /> comités antilibéraux. Tout le monde peut faire des erreurs sincèrement, mais je ne comprends pas que pour toi le Fronts de gauche doit-être representé à la présidentielle par un communiste.<br /> En Italie le pc a soutenu un indépendant et la gauche a gagné les élections, comme à Naples (le pc italien a fait 4 ou 5%) Au Pérou c'est une alliance analogue qui a permis de rejeter la<br /> candidature de Fujimori.<br /> Au Portugal il n'y a pas eu d'union et malgré la disparition du bloc de gauche le PC n'a pas progressé et les portuguais se sont réfugiés dans l'abstention.<br /> <br /> Avec le stalinisme, le cambodge, la chine et d'autres bien des français n'ont pas confiance de le PC d'autant que les mauvais compromis sous Mitterand et Jospin ont défiguré notre image.<br /> Le front de gauche suppose un soutien fort du PC, mais un partage avec les autres.<br /> C'est avec cette politique que nous remontons la pente.<br /> Il nous faudra du temps pour retrouver la confiance de tous ceux qui nous ont abandonné.<br /> Si la candidature proposée par la direction avait été soutenu, elle aurait eu un écho qui se trouve limité par ta candidature qui de fait, malgré tes succès locaux, remet en cause le Front de<br /> gauche.<br /> <br /> Si deux cent responsables ont quitté le pari sans pour cela renier leur conviction il doit bien avoir un certain nombre de raison.<br /> <br /> Je n'ai pas pardonné à Gorbatchov d'avoir cédé devant Eltsine qui a détruit l'Union soviétique sans laquelle, malgré le stalinisme, nous seruins peut-être sous le joug nazi; il a laissé la place à<br /> Poutine !!!<br /> Je ne pardonnerais pas à ceux qui par une courte vue ferait échouer le Front de gauche.<br /> On peut-être sincère et se tromper lourdement.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je suis consterné par la caricature qui consiste à classer les adhérents entre réalistes et doux rêveurs sentimentaux,<br /> La candidature de Mélanchon ne me satisfait en aucune façon, j'éprouve une répulsion instinctive pour les candidats autoproclammés, exerçant un chantage permanent du style , c'est moi ou le front<br /> éclate, je suis d'autant plus sceptique que ce candidat bénéficie de la promotion des médias, ce qui est toujours un signe d'allégeance au système, ayant lu ton livre et participé à un débat que tu<br /> conduisais, je suis persuadé que ta candidature correspond à L'EXIGEANCE de la grande majorité des ADHERENTS<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Je suis unancien communiste, un d eceux qui ont quitté le Parti sur la pointe des pieds sans que celà n'émeuve personne et qui sont aujourd'hui trois à quatre fois plus nombreux que les membres du<br /> parti. Je t'ai lu et écouté attentivement ces derniers mois (pardonne le "tu" mais 22 ans de parti m'ont donné le tutoiement facile avec ceux dont je partage l'ambition transformatrice). Ta petite<br /> musique m'était agréable, faite d'engagement et de sincérité, sachant privilégier les idées sur les destins. Et puis, il y a cette interview ce matin dans Libé, où ta sincérité, ton sens du<br /> collectif se brise en morceaux : "je ne serai pas le porte-parole de Mélenchon" !<br /> Oubliés les grandes envolées contre les "ego" la main sur le coeur ! L'échéance approche et pour toi aussi, camarade, tout devient question d'ego. Dommage. Vraiment dommage...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Tout à fait d’accord avec André Chassaigne.<br /> Faire confiance aux acteurs du mouvement social est bien plus important qu’aux politiciens de gauche. De plus Mélenchon n’est pas un présidentiable, il ne s’adresse pas au peuple, même pas au<br /> peuple de gauche, il est dans la radicalité, et il joue avec les médias. La présidentielle n’est pas un spectacle. Elle doit être pour nous le moment d’affirmer ce que nous sommes, notre sérieux,<br /> notre efficacité et la voie pour que le peuple se reconnaisse dans notre action. Si nous impulsons dans cette campagne un débat sur la permissivité de l’idéologie capitaliste, et mettre la notre<br /> celle du sens du bien commun en pleine lumière, celle qui parle au peuple les politiciens de tout poil seraient battus.<br /> <br /> Pour construire avec le mouvement populaire c’est bien d’aller vers un Front Populaire, il se constituera au fur et à mesure que nous lui permettrons de s’étoffer.<br /> <br /> <br /> <br /> Le mot « gauche » est tellement teinté de social libéralisme, qu’il empêche notre propre démarche populaire se s’épanouir. Mélenchon a cherché d’attirer à lui des militants du PS, il ne peut pas y<br /> arriver. Il apparait comme un diviseur et laisse des milliers de socialistes dans une impasse. S’il y a de la défection dans les rangs du PS ce n’est pas pour se retrouver dans un camp qui divise.<br /> Eux aussi cherchent une autre voie. A nous de leur en permettre la possibilité.<br /> <br /> <br />
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