Le compte n’y est pas
Je mesure chaque jour les conséquences de la perte de nombreux députés du Front de Gauche, en particulier communistes, aux dernières élections législatives : en progrès avec 7 % des suffrages, nous ne représentons plus que 1,7 % de l’Assemblée nationale. Les 10 sortants emportés par la vague des candidats labellisés « présidentiels » nous manquent énormément. Ils nous manquent d’autant plus que les enjeux de la session ordinaire qui vient de s’ouvrir sont colossaux ave le vote du traité européen et le budget 2013. Et la bataille est rude !
Durant les sessions extraordinaires de juillet et septembre, nous avons soutenu les avancées positives de la nouvelle majorité. Dans tous les débats, les députés du Front de Gauche ont une attitude offensive et positive. Nous ne spéculons pas sur l’échec du gouvernement. Nous agissons pour améliorer tout ce qui peut l’être, avec une seule obsession : être utiles aux gens dans leur vie quotidienne, être utiles à notre pays pour son développement, pour son rayonnement. Mais nous ne renonçons pas pour autant au changement si nécessaire.
Le constat que nous faisons au regard des premiers textes qui nous sont soumis est que le compte n’y est pas. La raison principale tient à un défaut majeur d’analyse de la situation : les déficits ne sont pas la cause de la crise et de l’aggravation du chômage, mais la conséquence de politiques financières qui privent le pays d’une croissance saine et durable.
Enfermé dans cette analyse pernicieuse, le gouvernement a fait adopter à la hussarde le traité européen élaboré par M. Sarkozy et Mme Merkel. C’est une véritable camisole de force, imposée aux autres peuples européens, qui servira à couper toujours plus dans les dépenses publiques utiles, mais aussi à remettre en cause tous les acquis sociaux. C’est aussi un transfert sans précédent de souveraineté nationale au profit d’instances non élues, qu’il s’agisse de la Commission européenne, de la Cour de justice européenne ou du futur Haut conseil des finances publiques, chargé de corriger tout écart dans les perspectives budgétaires du gouvernement.
Avec un tel corset budgétaire, et sans remise en cause de la priorité donnée à la finance, il n’y a aucune raison de penser que l’hémorragie de l’emploi que connaît notre pays, comme toute l’Europe, cesse. La création d’emploi devrait pourtant constituer notre priorité, pour faire face à la multiplication des plans de licenciement, à l’effondrement du travail intérimaire et aux difficultés toujours plus grandes à revenir vers l’activité.
Pour faire face à ce véritable cancer financier, il faut imposer des mesures d’urgence et de grande ampleur : l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font d’énormes bénéfices, la création de nouveaux outils financiers publics au service des TPE et PME, ainsi que de nouveaux droits d’intervention des salariés dans leur entreprise.
Dans la suite des mobilisations européennes contre l’austérité, avec la manifestation parisienne du 30 septembre qui a rassemblé 80 000 personnes, l’appui populaire autour de ces mesures est plus que jamais indispensable.
C’est dès aujourd’hui qu’il faut lutter contre la finance !
Chronique publiée dans le journal La Terre.