Le début d'une nouvelle réalité ?

Publié le par André Chassaigne

 

Alors qu’il reste moins de 2 semaines de campagne, je ressens de plus en plus fortement un décalage entre ce que je vis et dis sur le terrain et certains propos rapportés par la presse.


Je mesure ainsi le chemin à parcourir pour faire admettre qu’il est possible de faire de la politique autrement, c’est-à-dire honnêtement, sans mensonges et coups bas, sans être obsédé par l’exercice du pouvoir ou la recherche des honneurs.


Premier exemple, j’explique, réunion après réunion que nous aurons des exigences pour participer à l’exécutif d’une majorité de gauche si les électeurs ne nous placent pas en tête au 1er tour pour conduire le rassemblement. Chacun mesure que le rapport des forces sera alors déterminant pour que soient retenus des points essentiels du programme coélaboré avec les citoyens et défendu devant les électeurs pour le premier tour. Je dis aussi que cela n’impliquerait absolument pas de voter ensuite toutes les mesures proposées, et plus particulièrement le budget.


Alors que ce positionnement a toujours été affirmé sans ambiguïté par les différentes composantes du Front de Gauche, la fable circule depuis des semaines que le vote automatique du budget régional aurait été la condition d’un accord avec le NPA. A défaut de programme, c’est même devenu le leitmotiv d’une campagne de communication anti Front de Gauche, ou plutôt anti-Chassaigne. Car là serait l’adversaire à abattre, ce pelé, ce galeux, porteur de tous les maux, car responsable de la désunion.


La vérité falsifiée et ce positionnement rabougri sont certes dérisoires au regard des enjeux mais sont assez révélateurs d’une terrible déliquescence de ceux qui ont refusé d’être nos partenaires dans un Front de Gauche élargi en rejetant le texte qui a servi de base aux accords passés dans d’autres régions.


Deuxième exemple, j’ai une pratique, je pourrai même dire une éthique, qui s’efforce de redonner à la politique ses lettres de noblesse : écoute et respect du citoyen, franchise du discours et des actes, transparence dans les relations politiques et institutionnelles. Et je lis dans la rubrique « Indiscrétions » de La Montagne de dimanche dernier que je ferais nationalement des pieds et des mains pour conduire au second tour la liste de rassemblement de la gauche en Auvergne… même si les électeurs ne plaçaient pas le Front de Gauche en tête ! Bien sûr, la ficelle est grosse et l’on devine ce que recherche l’initiateur de cette affirmation calomnieuse, qui serait semble-t-il une tête de liste concurrente. Elle n’en ait pas moins insultante à mon encontre et je suis meurtri par une telle mise en cause de mon intégrité.


Aussi, nous faut-il rétablir la vérité. Si nous avons l’ambition de gagner la Région, jusqu’à en assumer la Présidence, c’est par l’acceptation majoritaire de nos propositions, en nous plaçant en tête de la gauche au 1er tour. Toutes les autres supputations sortent de l’imaginaire des seuls adeptes de la cuisine politicienne.


Mais au final, ce qui est le plus lamentable, c’est cette volonté systématique de rabaisser la politique et d’encourager ainsi l’abstention ou un vote de rejet de toute perspective politique pour ne pas bousculer le système dominant. Et surtout : n’est-ce-pas aussi faire le lit de l’extrême droite ?


Soyons donc attentifs à porter le débat sur le fond en soulignant l’enjeu naturel des ces élections : la lutte sans merci contre la politique de Sarkozy exige une gauche de combat avec l’objectif incontournable de changer la société.


Faisons aussi connaître les propositions du Front de Gauche en Auvergne présentées dans notre second journal à l’issue de plusieurs semaines de co-élaboration démocratique. Elles sont aussi consultable sur notre site : www.lhumainavanttout.fr.


Corrigeant ce mardi matin, ces quelques lignes écrites dimanche après-midi, me revient la journée d’hier : marché de Billom, portes de Limagrain, repas de travail à la Fédération, échanges avec un syndicat agricole, rencontre avec des occitanistes, réunion à Beaumont.


Je sais d’expérience que les campagnes électorales peuvent faire grandir des illusions… mais je vis après plus de 40 ans d’engagement politique des rapports d’une force que je n’aurais pas imaginée.


Je rencontre chaque fois avec émotion la réalité grandissante de ce qui est l’essence même de notre liste : « l’humanité »… « l’humanité avant tout ».

Je me dis alors que rien n’est impossible, qu’aucun socle électoral n’est immuable, que le vote du 14 mars peut réserver bien des surprises.


Mais me revient aussi ce que disait le peintre autrichien Friedrich Hundertwasser : « Lorsqu’un seul homme rêve, ce n’est qu’un rêve. Mais si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité ».


Et si nous rêvions ensemble ?

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I
<br /> d'accord pleinement avec Sylvie. Tout ça veut dire que tu les "gênes aux entournures", la fébrilité gagne... alors redoublons d'ardeur pour labourer, labourer, encore labourer et recueillir les<br /> fruits de la victoire.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Bonsoir André,<br /> les jours à venir vont être rudes… les tensions s'exacerbent, les vernis craquent… il faut des nerfs d'acier et une grande rigueur morale pour mener une campagne électorale digne. Certains n'ont ni<br /> cette rigueur, ni ce mental, opposons leur notre détermination et la sérénité apporté par notre sincérité.<br /> A vendredi !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Qu'ils sont forts ces mots de l'inusable laboureur du "bien commun"... ces mots qui sans cesse épongent la bave acide du crapaud, frustré de ne pouvoir jouer dans la cour des grands<br /> La foi du tribun n'est-elle pas le meilleur sérum contre la morsure sournoise du cobra?<br /> Pour que la rhétorique du slogan retrouve quelques vertus morales, répondons dans les urnes: "A 100% d'indignité, 100% d'authenticité"<br /> <br /> <br />
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R
<br /> De la part d'une camarade de Paris qui fait aussi ce rêve, au camarade qui ne sera jamais un spectateur. Ces quelques mots de Césaire en partage:<br /> <br /> Et je lui dirais encore :<br /> "Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affassent au cachot du désespoir."<br /> Et venant je me dirais à moi-même :<br /> "Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un<br /> proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse..."<br /> <br /> <br />
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