Le scandaleux blocus de Cuba
A chaque séjour à Cuba, la première question qui revient est toujours la même : comment ce peuple fier et courageux parvient-il à résister au blocus américain qui tente d’asphyxier le pays depuis plus d’un demi-siècle ? Mis en place en 1962, renforcé en 1992 par la loi Torricelli, puis en 1996 par la loi Helms-Burto, il s’est durci sous l’administration Obama, le bureau du Trésor américain imposant des amendes élevées aux entreprises internationales, notamment les banques, travaillant avec Cuba. La sanction de 8,9 milliards de dollars prise à l’encontre de la BNP Paribas en est un exemple édifiant. Pourtant, depuis 1991, les Nations Unies condamnent cet embargo à l’occasion de chaque Assemblée Générale (à l’unanimité en 2013, moins deux voix : celles des Etats-Unis et d’Israël).
Le maintien du blocus est d’autant plus scandaleux qu’il a une application extraterritoriale et ne concerne donc pas les seules entreprises américaines. L’interdiction de commercer avec Cuba et d’investir sur le sol cubain concerne toute entreprise qui comprend plus de 10 % de technologie américaine. Il interdit aussi toute activité financière sur le sol cubain aux banques effectuant par ailleurs des transactions en dollars. Le cynisme du blocus va jusqu’à la caricature : ainsi, l’Ambassade de Cuba à Paris a été privée plusieurs années d’ascenseurs et a dû faire appel à un installateur chinois, toutes les entreprises européennes d’ascenseurs étant soumises à l’embargo !
Plus grave encore, le rachat de l’entreprise française Alstom par l’américain Général Electric aura des conséquences immédiates d’une extrême gravité pour l’économie et le peuple cubains. Alstom assure en effet en exclusivité la maintenance, avec fourniture de pièces de rechange, d’une centrale thermo-électrique qui fournit plus de 10 % de l’électricité cubaine, dont la quasi-totalité de la consommation domestique de La Havane. Toute solution de rechange est d’ores et déjà bloquée par le repreneur américain d’Alstom.
Après la « période spéciale » des années 1990, faisant suite à la chute du bloc socialiste, qui a entraîné une baisse de 35 % de son PIB, Cuba avait pu redresser de façon remarquable une situation catastrophique avec l’aide du Venezuela et la solidarité des pays progressistes d’Amérique Latine. Mais trois ouragans dévastateurs ont provoqué des pertes estimées à 10 milliards de dollars, dont elle se remet difficilement. La crise financière internationale s’est aussi fait sentir avec la chute des cours du nickel et la baisse des recettes du secteur touristique. Aujourd’hui, les graves difficultés de solvabilité et de liquidités provoquées par le blocus entravent la reprise économique.
Président du groupe d’amitié France-Cuba de l’Assemblée nationale, c’est donc très solennellement que je lance un appel à tous les progressistes de notre pays, à tous les amis du peuple cubain, pour qu’ils donnent un élan nouveau aux actions de solidarité et de coopération. Notre pays se doit aussi d’intensifier les relations économiques bilatérales par le développement de projets industriels et touristiques. Les gestes récents du gouvernement français, avec la visite de Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et du développement international, puis de Fleur Pellerin, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce extérieur et de la promotion du Tourisme, doivent trouver un prolongement concret. Que notre mobilisation soit à la hauteur des enjeux !