Ne pas laisser le champ libre
Je reprends souvent, dans ma chronique hebdomadaire, les sujets forts des interventions des députés Front de gauche, épine dorsale de leur activité parlementaire. Porter les propositions communistes et du Front de gauche est en effet la priorité quand le nivellement sur la pensée unique du libéralisme sert de ligne de conduite de la droite à la gauche de gouvernement. Je dis souvent que le travail des consciences est aujourd’hui une tâche de salut public au regard des enjeux pour notre société.
Bien évidemment, nous nourrissons nos interventions de ce beau programme de « l’Humain d’abord », qui était celui de notre campagne des dernières élections présidentielles et législatives. Malheureusement, l’antidémocratique scrutin majoritaire et l’appel d’air provoqué par l’élection de François Hollande en faveur des candidats socialistes et alliés ne nous ont pas permis d’obtenir un groupe suffisamment étoffé pour peser efficacement sur les choix gouvernementaux : seulement 10 députés du Front de gauche, alors qu’un scrutin proportionnel nous en aurait donné 4 fois plus, et sans doute bien davantage dans la dynamique d’une campagne nationale.
Notre groupe est cependant actif dans la quasi-totalité des débats, portant une politique alternative en s’appuyant sur le mouvement social et les mobilisations, décortiquant les textes en discussion, bousculant les choix gouvernementaux, arrachant par amendement quelques avancées, certes minimes mais concrètes. Quant aux votes émis, toujours en lien avec nos collègues sénateurs communistes, ils sont décidés sans concession, sur le seul contenu du texte final, au regard de ses avancées ou reculs. Certes, le résultat est insuffisant, souvent même dérisoire au regard du rouleau compresseur d’une majorité soumise aux choix d’un Président qui oublie ses engagements de campagne et se soumet à la domination de la finance plutôt que de la combattre.
A un niveau complètement différent, c’est la même volonté d’être utile qui anime les candidats du Front de gauche aux élections municipales, quels que soient les choix d’alliance qu’ils ont faits dans la situation particulière propre à chaque commune. L’essentiel est bien d’avoir demain des élus nombreux et à l’offensive sur tout le territoire. Nous savons que la tâche sera difficile, que des divergences seront constantes au sein de majorités plurielles, que les choix politiques locaux ne sont pas hermétiques aux orientations nationales. Mais nous savons aussi que les populations ont besoin d’élus du Front de gauche pour relayer et faire avancer leurs attentes. Cette implication est aussi indispensable pour faire vivre une pratique politique citoyenne, attentive au plus grand nombre, exigeante quant aux décisions à prendre et dans leur mise en œuvre.
C’est bien cela qui doit nous animer en dépassant des approches stratégiques différentes. Je comprends en effet que la politique conduite par la majorité socialiste entraîne chez beaucoup d’entre nous un rejet brutal de toute alliance avec ceux qui trahissent le peuple de gauche par une succession d’abandons qui conduisent notre pays à un désastre économique et social. Pour autant, du plus petit village à la plus grande ville, notre responsabilité est de ne pas laisser le champ libre à la politique du renoncement. Nous devons être présents et à l’offensive partout où se prennent les décisions, pour apporter des réponses concrètes aux difficultés quotidiennes, sans renoncer à ce qui anime tous les militants progressistes : l’indispensable transformation sociale.