Pas de rustines pour la jeunesse !
Dans un pays qui compte 4,5 millions de demandeurs d’emploi, ce sont 636 000 jeunes de moins de 25 ans qui sont officiellement inscrits au chômage. Privés de ressources, privés des moyens de se loger, d’étudier, et parfois de manger, ils sont confinés à la débrouille du quotidien pour ne pas sombrer. Surtout, surtout, ils sont privés de projets d’avenir, broyés par un système, le capitalisme.
Cette réalité dépasse de très loin les simples chiffres publiés chaque mois par Pôle Emploi. Car quel est vraiment le nombre de jeunes de moins de 30 ans privés d’emploi ? La statistique publique ne le dit plus. Elle englobe les plus de 25 ans dans une catégorie fourre-tout, les « 25 à 49 ans ». Enchaînant les temps partiels, les intérims, les CDD, ils accèdent pourtant à leur premier CDI bien au-delà de 25 ans, en moyenne autour de 30 ans… quand ils trouvent un emploi !
Ils subissent aussi un terrible effet de ciseau. D’un côté, ils n’arrivent plus à payer leurs études, et abandonnent progressivement leurs formations comme en témoigne le recul historique de l’accession des classes populaires à l’enseignement supérieur. En 10 ans, les « petits boulots », sous-payés, de quelques heures, sont devenus l’horizon « normal » de leur entrée sur le marché du travail. D’un autre côté, après des années de galère, ces jeunes actifs se retrouvent avec des niveaux de qualification et de formation insuffisants pour occuper les emplois disponibles.
La France de la jeunesse sert aujourd’hui de cobaye au système de la précarité généralisée.
Mais qui sont ces fous qui pensent que l’on pourra continuer encore sur ces chemins de misère pour nos jeunes générations ?
Sans doute ceux qui trouvent un intérêt à disposer d’un moyen de pression sur tous les salariés avec une main d’œuvre prête à tous les sacrifices. Sans doute ceux qui ont choisi de maintenir le maximum de jeunes au chômage, en allongeant l’âge légal de départ en retraite et la durée de cotisation, en exonérant de cotisations sociales les heures supplémentaires, en supprimant les moyens du service public de l’emploi, confiant aux missions locales ce qui est bien souvent mission impossible…
La situation que vivent nos jeunes n’est pas une conséquence de la crise. C’est un choix politique. Et c’est un autre choix politique qu’il faut faire pour ne plus accepter que notre jeunesse soit transformée en chair à profit la plus immédiate. Celle des quartiers populaires comme celle des territoires ruraux. Et ne laissons pas croire que quelques mesurettes, comme un joli lot d’emplois aidés, constituent la voix du retour à l’emploi stable pour un million de jeunes.
Non, les jeunes aspirent à prendre toute leur place dans la construction d’une autre société. Ils commencent à le dire. Comme ceux du Mouvement Rural de la Jeunesse Chrétienne (MRJC) qui ont interpellé les candidats à la présidentielle devant le Conseil Constitutionnel il y a quelques jours avec leurs propositions concrètes : rendre le service public accessible à tous, partager le travail, mettre le salarié au cœur de l’entreprise, faire entrer les jeunes dans le droit commun... « Pas de rustines », mais des mesures de fond !
Ces propositions nous vont bien au Front de Gauche ! Elles sont inscrites dans notre programme partagé. Alors disons aux jeunes : rendez-vous maître de votre destin ! Envahissez le Front de gauche ! Faites-en votre outil pour changer votre avenir !
Chronique publiée dans le journal La Terre.