Pour l'encadrement des prix alimentaires
La campagne électorale révèle quelques satisfactions : selon un sondage paru dans le journal L’Humanité-Dimanche la semaine dernière, 68 % des Français souhaitent un blocage des prix des produits alimentaires de première nécessité. C’est la mesure qu’ils plébiscitent et j’ai pu le constater dans les réunions que j’anime au jour le jour. Cette attente sociale très forte s’appuie sur une réalité concrète : pour beaucoup de ménages, toutes les charges augmentent sans que leurs revenus ne bougent. La hausse des prix alimentaires, supérieure à 4 % en moyenne en 2011, est aujourd’hui avec celle des prix de l’énergie une injustice devenue insupportable.
L’encadrement des prix alimentaires est pas une mesure de justice que l’on peut prendre dès aujourd’
hui pour redonner du pouvoir d’achat aux plus modestes. Mais soyons attentifs à expliquer que ce doit aussi être un bon moyen d’agir concrètement pour redonner un vrai prix rémunérateur pour les productions agricoles de base. L’intérêt des consommateurs n’est pas contraire à celui des producteurs !
Alors l’encadrement des prix, cette mesure est-elle vraiment d’un autre temps, comme le professent en coeur nos économistes libéraux ?
Inapplicable, diront bie
n évidemment les distributeurs et le secteur de l’agroalimentaire. Car, s’ils s’autorisent de telles hausses annuelles des prix, en vidant les poches des plus modestes, c’est d’abord parce que l’Etat s’est défaussé de toutes ses prérogatives sur la fixation des prix du panier de la ménagère. C’est un choix politique, qui consiste à laisser aux appétits financiers toute latitude pour augmenter ses m
arges entre les prix qu’ils payent aux producteurs, et celui auquel il revend aux consommateurs.
J’ai pu porter durant mon mandat, cette exigence d’encadrement des prix des produits alimentaires, avec une proposition de loi qui a pu être débattue en séance publique.
Certes sans résultat… Nous avons en effet à notre disposition des outils immédiatement applicables, concrets et efficaces. Un premier outil simple, c’est celui du coefficient multiplicateur appliqué de 1945 à … 1986 ! Jusqu’à ce le gouvernement de Jacques Chirac l’abandonne pour ouvrir en grand le champ des possibles aux financiers de la distribution, suivi en cela de très près par les mesures du gouvernement Fillon. Le principe en est simple : l’État fixe un coefficient, sous la forme d’un taux plafond, entre le prix d’achat au producteur et le prix de vente au consommateur. Pour une efficacité optimale, cette mesure s’appliquerait évidemment à toute la chaîne des intermédiaires et aux productions importées.
Nous touchons là à une question fondamentale. Pendant combien de temps allons-nous l’Etat va t-il laisser les groupes de la distribution augmenter leurs marges, pour toucher jusqu’à 55 % du prix final de certains produits de base comme le porc ?
Disons-le à nos interlocuteurs : une gauche courageuse doit s’attaquer dès maintenant à ces intérêts particuliers, qui se bâtissent en vidant les poches des plus pauvres de nos concitoyens. Il n’y a pas de fatalité à ce que des millions de Français, des dizaines de millions d’Européens soient contraints de rogner sans cesse sur la qualité et la diversité de la nourriture qu’ils donnent à leurs enfants. C’est un enjeu déterminant et immédiat pour construire une nouvelle politique agricole et alimentaire en France et en Europe. Nous le prendrons à bras le corps au sein de la nouvelle Assemblée.
Chronique publié dans le Journal La Terre.