Pour les artisans et PME… qui est « incroyablement ringard » ?
En fidèle gardienne du veau d’or, la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, s’est une nouvelle fois engagée pleinement dans la campagne électorale, en fustigeant toute proposition tendant à revoir le partage des richesses dans notre pays. Sa dernière saillie verbale sur les ondes a surtout cherché à faire peur à quiconque s’intéresserait de trop près aux propositions économiques du Front de Gauche, affublé du qualificatif : « d’incroyablement ringard ».
Venant de la patronne des « grands patrons » français, la tirade est plutôt flatteuse, tant elle souligne la crainte de voir notre rassemblement gagner la bataille des idées économiques, chasse gardée de la bande du Fouquet’s.
Ce n’est pourtant pas le même son de cloche que j’entends depuis plusieurs années, à l’écoute des artisans et des responsables de PME de nos territoires, lorsque de façon partagée, ils soulignent les difficultés pour financer leur développement et la création d’emploi, ou pour se défaire de l’emprise des grands groupes dans leurs relations de sous-traitance.
Pis encore, la plupart sont quotidiennement étranglés par les frais financiers de banques de plus en plus rétives à accorder le fonds de roulement qui fait cruellement défaut pour payer les fournitures au comptant… et attendre le règlement des factures des donneurs d’ordre.
Mais de cela, curieusement la représentante de MEDEF ne parle pas. C’est pourtant sur ce terrain, déterminant pour l’avenir de milliers d’entreprises, que répond le programme économique du Front de Gauche. En affirmant tout d’abord que ce sont bien les « charges financières » qui pèsent sur le dynamisme des entreprises : oui ce sont près de 300 milliards d’intérêts de crédits contractés et des dividendes que les entreprises versent ! A qui, à quoi peuvent bien servir ces 300 milliards sinon à l’enrichissement personnel de quelques super riches, à la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux et aux délocalisations boursières ? A côté, l’ensemble des cotisations sociales pour notre protection sociale ne représentent que 145 milliards d’euros.
Pour accroître l'efficacité économique du tissu des PME-PMI et de l’artisanat, notamment ceux de nos petits bassins industriels, il ne faut plus laisser les banques faire seules la pluie et le beau temps sur leurs soutiens à l’activité. Il faut refonder une véritable politique vertueuse en matière de crédit. Cela passe inévitablement par la création d’un pôle public bancaire garantissant un accès aux emprunts à très faible taux d’intérêt pour les entreprises qui veulent se développer… ou d’abord survivre !
À tous les artisans avec lesquels nous sommes en contacts réguliers, et qui nous interpellent sur nos propositions en matière de salaires, il faut aussi nous expliquer. Oui, il faut revoir l’impôt sur les sociétés et le taux des cotisations sociales, afin d’inciter les entreprises à développer la valeur ajoutée, les formations, les salaires et l’emploi. Et il faut surtout pénaliser lourdement les entreprises qui délocalisent et développent leurs placements financiers.
Redonnons du souffle à ceux qui s’impliquent réellement dans la vie économique des territoires, voilà l’approche « moderne » de l’économie. Ce qui est certain, c’est que Madame Parisot est prête à tout pour ne pas toucher au grisbi de ses actionnaires adhérents et à leur domination sans partage sur le reste de l’économie. Et çà, c’est incroyablement réactionnaire… et donc « incroyablement ringard » !
Sur le même thème, retrouvez mon intervention devant le Club Produire en France (entrepreneurs) sur le programme du Front de Gauche concernant la politique industrielle.