Pour un véritable front du peuple
Malgré les cinglantes défaites électorales des élections municipales et européennes, le Président de la République et son gouvernement s’obstinent à poursuivre et à amplifier l’austérité. De la réforme ferroviaire au charcutage territorial en passant par la remise en cause de l’indemnisation des intermittents du spectacle, le gouvernement est dans une fuite en avant devant les forces de l’argent. Sa soumission à la politique de restriction des dépenses publiques, dictée par la commission de Bruxelles, affaiblit un peu plus chaque jour ces boucliers sociaux que sont nos services publics, notre droit du travail et notre protection sociale.
Le refus du dialogue et l’autoritarisme, à l’égard des cheminots et des intermittents du spectacle, sont malheureusement les seuls arguments du Premier ministre et de son Gouvernement. Comment un gouvernement de gauche peut-il se couper des réalités, au point d’oublier qu’une grève n’est jamais déclenchée pour le plaisir de nuire. Celle des cheminots visait précisément à défendre et à améliorer le service public ferroviaire. Cette politique de renoncement alimente le désenchantement et continue d’éloigner les Français de la chose publique. Comment comprendre que l’interprétation de ces résultats par François Hollande se soit matérialisée par une accentuation de la politique d’austérité à l’opposé du message des urnes ?
Ainsi, d’ici 2017, 50 milliards supplémentaires devraient être ponctionnés dans le porte-monnaie des salariés et des retraités pour financer de nouveaux cadeaux fiscaux aux entreprises. Avec le seul pacte de responsabilité, 30 milliards sont offerts aux grands groupes… 30 milliards soustraits au financement des besoins populaires dont l’essentiel servira à augmenter les dividendes des actionnaires. Telle est l’implacable vérité des choix gouvernementaux. Quant aux 11 milliards d’euros supplémentaires ponctionnés aux collectivités, auxquels s’ajoute la fusion précipitée des régions, dont le but essentiel est de concentrer les richesses produites au cœur des métropoles et au détriment des espaces ruraux, ce sont de nouvelles décisions qui s’inscrivent dans la même logique d’adaptation de notre territoire aux exigences de l’Europe de la finance.
Devant cette fuite en avant, mortifère pour la gauche dans son ensemble, l’exigence de rassembler sur d’autres contenus doit prendre de l’ampleur et de la consistance. La démarche engagée par certains parlementaires socialistes, comme écologistes, qui ne se reconnaissent plus dans la politique gouvernementale est un premier pas. Comme nous l’avons toujours fait depuis 2012, les députés communistes et du Front de Gauche sont disposés à concrétiser une ligne de gauche, par un travail commun pour construire une issue nouvelle. Nous sommes prêts à créer les conditions d’un dialogue pour faire grandir la perspective d’alternatives aux politiques d’austérité.
Mais cette construction commune, ne doit surtout pas se limiter pas au Parlement ou aux responsables nationaux des partis et organisations de gauche. Un dialogue doit être initié aussi au plan local, entre militants des différentes organisations et avec le peuple de gauche. Que cette démarche irrigue les territoires ! En étant la force d’animation du travail de rassemblement et un espace d’investissement citoyen, le Front de gauche doit recouvrer son ambition initiale, servir de moteur à la constitution d’un véritable front du peuple.
Chronique publiée dans le journal La Terre.