« Pour une ruralité choisie »… en 2012 !

Publié le par André Chassaigne

 

La France rurale de 2020 se détermine en 2012. C’est une évidence. Pourtant, bien peu d’organisations politiques affichent clairement leurs intentions. Voilà qui aurait sans doute déplu, en 1994, aux auteurs de l’ouvrage auquel j’emprunte ce titre. Pour que la ruralité soit au cœur du changement indispensable dont notre pays a besoin, il faut d’abord que l’espace rural soit l’objet d’un véritable projet transformateur.

 

Cinq années d’abandon politique de la droite ont profondément affecté les territoires ruraux. Avec la RGPP bafouant l’égalité d’accès aux services publics, avec la réforme des collectivités territoriales, avec la libéralisation du secteur agricole, et sans politique industrielle et d’aménagement du territoire, ces territoires ont été des victimes privilégiées de l’injustice sociale imposée par le Président de la République.

 

À entendre, la semaine dernière en Ariège, le Président de la République lors de ses vœux au monde rural, on le croirait volontiers atteint d’amnésie. Car c’est bien cette politique du pire qu’il a imposée pendant tout son mandat aux populations de ces territoires. Voilà qu’il reviendrait soudain pour les défendre ? Sa « pantomime » a « petite mine » quand les difficultés du monde rural sont notre quotidien.

 

La réalité, c’est que la majorité sortante n’a pas de projet pour le monde rural, pas plus qu’elle n’en a pour l’agriculture française. Dans les deux cas, la droite se propose simplement de servir un discours de circonstance : sur les bienfaits d’une économie agricole contractualisée, c’est-à-dire totalement individualisée et soumise aux exigences de la grande distribution ; sur le miracle qu’incarnerait une industrie rendue soudainement compétitive par des baisses de cotisations sociales.

 

Devant ce discours mystificateur, le Parti Communiste et le Front de Gauche doivent avancer leurs propositions concrètes pour tous les habitants de l’espace rural, qu’il s’agisse des familles d’agriculteurs, des foyers installés de longue date ou des « néoruraux ».

Les campagnes de France bouillonnent d’initiatives collectives : investissements pour l’innovation et l’emploi dans les petits bassins industriels avec des PME aux savoir-faire reconnus ; liens nouveaux entre agriculteurs et consommateurs ; projets culturels ou touristiques ancrés dans les territoires ; réponses aux besoins d’accueil et d’accompagnement des personnes âgées dépendantes…

Mais rien n’est possible si l’on ne s’attaque au verrou que la finance internationale impose à tous ces acteurs en mouvement. Seule une autre politique du crédit, sélective et vertueuse envers les initiatives économiques et sociales valorisant l’humain avant la rentabilité, est à même de donner un nouveau souffle à nos territoires.

 

N’est-il pas temps aujourd’hui pour le monde rural, de faire le choix de « l’humain d’abord » ?

Après cette chronique plus générale, c’est à cette question que je m’efforcerai de répondre dans les prochaines semaines en partant de mon vécu quotidien au cœur du monde rural.

 

 

 

Chronique publiée dans le journal La Terre du 31 janvier au 6 février.

 

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