Premières impressions de campagne
Au retour de Copenhague, ce dimanche à 14 h, il a fallu reprendre du collier avec la préparation du programme de la semaine. Et surtout se remettre, dès lundi, dans le bain des régionales.
Rendez-vous au Conseil général de l’Allier avec son Président mon « camarade » Jean-Paul Dufrègne. Le mot « ami » est plus juste tant le courant passe entre nous : moment rare où se tisse une confiance mutuelle sur des valeurs partagées que nous essayons de porter l’un et l’autre dans l’exercice de nos mandats respectifs. Je suis convaincu que nous allons former une doublette de campagne à tout casser dans ce Bourbonnais riche en luttes politiques, à la fois terre de résistance rurale et lieu d’exercice du pouvoir local.
Travail sur l’agenda de campagne avec les dirigeants de la Fédé. Heureusement, Corinne, ma collaboratrice, veille au grain. Dites, les copains, il faudrait m’en laisser un peu pour nos amis du Cantal et de la Haute-Loire ! Sans oublier « mes » terres du Puy-de-Dôme…
Puis nous accueillons Marie-George Buffet avant le meeting de fin d’après-midi à Cosne d’Allier. Elle est en forme MGB ! Je sais pourtant que sa tâche n’est pas facile pour « tenir la barque » en étant de marche alors que plusieurs conseillers régionaux communistes sortants ont fait le choix de s’affranchir des décisions majoritaires des communistes sur leur région.
La réunion n’est pas organisée par le Front de Gauche mais seulement par les communistes de l’Allier. Mais quel succès ! 300 personnes, une ambiance chaleureuse, un enthousiasme grandissant durant la soirée. Là-aussi, quelque chose se passe !
Des camarades de la Gauche Unitaire sont venus de Clermont-Ferrand avec Maïté Ballais, 25 ans, seconde sur la liste du Puy-de-Dôme. Elle demande à parler pour expliquer son parcours militant et les choix de la Gauche Unitaire : son discours est vif, déterminée, avec des mots très justes sur le rassemblement. Je me dis que la Gauche Unitaire a fait un bon choix.
Et tout naturellement, prennent ensuite la parole un syndicaliste enseignant membre du PS et un représentant du Parti de Gauche. Les analyses convergent. Décidément, il est bien parti ce Front de Gauche ! Quant aux communistes, ils parlent en nombre, mais les interventions sont courtes, percutantes, riches d’expression et d’espoir. Daniel Roussat (Maire de Cosne), Jean-Claude Mairal (vice-président du Conseil régional sortant), Luc Bourduge (conseiller régional, tête de liste dans l’Allier), Jean-Paul Dufrègne, Pascale Semet (conseillère régionale).
J’ouvre ensuite la voix à Marie-George pendant qu’elle fait un direct sur FR3 Auvergne. J’insiste sur le sens que je souhaite donner à cette campagne, autour d’une co-élaboration du projet régional. Je me limite à développer les principaux axes d’orientation : c’est en effet collectivement qu’il faudra construire. La salle accroche… même si j’ai le sentiment qu’il me faudra muscler mon discours et mieux développer l’articulation entre les choix politiques régionaux et la résistance à la politique nationale. La chaudière ne commence qu’à chauffer !
Marie-George est excellente : elle sait parfaitement bien allier les propos spontanés à l’argumentaire bien rodé. Elle lance des messages forts sur le rassemblement et la composition des listes du Front de Gauche. Elle appelle à faire le pas pour les rejoindre et a cette belle phrase : « Ces listes, elles vous ressemblent, et donc elle nous rassemblent ». Elle a aussi des mots forts sur la beauté des valeurs de la France à l’opposé de l’inepte concept « d’identité nationale ».
A l’écouter, me revient l’histoire, racontée par Joffo, de cette famille juive d’Europe centrale fuyant les pogroms, à la fin du 19ème siècle, et qui s’installe en France : « Un jour ils franchissaient une dernière frontière. Alors le ciel s’éclairait et la cohorte découvrait une jolie plaine sous un soleil tiède, il y avait des chants d’oiseaux, des champs de blé, des arbres, et un village tout clair, aux toits rouges, avec un clocher, des vieilles à chignon sur des chaises, toutes gentilles. Sur la maison la plus grande il y avait une inscription : liberté, égalité, fraternité. Alors tous les fuyards posaient le baluchon ou lâchaient la charrette, et la peur quittait leurs yeux, car ils savaient qu’ils étaient arrivés. La France ».