Quatre semaines pour bouger les montagnes !
Je ne sais pas si des ouvrages ont été écrits sur les campagnes électorales… Je ne parle pas bien sûr des productions de journalistes suivant pas à pas un candidat. Mais le témoignage d’une femme ou d’un homme qui aurait vécu par lui-même un de ces morceaux d’existence.
Traduire par exemple cette tension permanente de l’esprit où se bousculent constamment l’exigence du déroulé quotidien à respecter, les ressentis des échanges et rencontres réalisés, alternant satisfaction et regrets de n’avoir pas été « à la hauteur », mais aussi une constante anticipation de ce qui va suivre, faite d’appréhension ou d’impatience.
En fin de semaine, les moments les plus marquant me reviennent, se mêlant au fil habituel de mon quotidien d’élu. Et dans cette tension où l’esprit est comme la corde d’un arc, l’exigence de ce qu’il faudrait faire, de ce qu’il faudrait proposer pour bouger la réalité, est comme une obsession.
Un engagement régional, en sus de mon mandat de député, mais en abandonnant mon mandat de maire, me permettra-t-il d’être plus efficace, plus utile… davantage « colporteur de bonheur » ?
Bien sûr, le fait d’être la tête de liste Front de Gauche dans notre région participe déjà à cette exigence prioritaire de transformer notre société pour apporter des réponses durables aux droits humains tellement bafoués aujourd’hui. Je pense alors à plusieurs de ceux qui m’ont apporté leur témoignage durant cette semaine :
- Devant une école de Cusset, cette dame qui vit seule avec sa fille m’expliquant son quotidien, le cahier d’écolier sur lequel elle tient scrupuleusement ses comptes, l’impossibilité d’avoir des vacances et même de simples loisirs, l’espoir que le contrat aidé pour « faire le ménage des bureaux de la mairie » aboutisse à une embauche.
- Dans la campagne cantalienne, le cri de cet éleveur me disant qu’il entre dans son étable le matin en étant « dégoûté » de son travail, qu’il ne peut plus supporter de vivre avec le seul salaire de son épouse. Il me dit son rejet des « politiques » mais aussi cette violence qui monte en lui. Il me parle des suicides qui se multiplient dans le milieu agricole.
- Ce jeune ouvrier de St-Yorre nous interrogeant sur ce que nous pourrions faire, concrètement, pour des salariés comme lui, après la fermeture de son entreprise qui a déménagé dans une autre région pour être « plus compétitif ». Il nous décrit le comportement de patrons voyous, sans foi ni loi, et ce sentiment d’impuissance à bloquer la machine infernale.
- Au téléphone, Hilario Gonzalès me faisant le compte-rendu de son audience au Tribunal de Commerce : le mépris affiché du Procureur de la République, la volonté des administrateurs judiciaires de liquider l’entreprise et les 7 emplois, sa volonté à lui de reprendre sa grève de la faim et de se battre jusqu’au bout. Il lui fallait plusieurs mois de prolongement d’activité pour mobiliser les fonds nécessaires au maintien de son entreprise : une semaine lui est accordée ! La petite pièce jaune du cynisme… qui nous donne envie de vomir.
Ce ne sont là que quelques flashes disparates parmi des dizaines d’autres. Et quand nous disons « l’humain avant tout », c’est justement pour dire que tous nos raisonnements, toutes nos actions doivent avoir l’objectif d’essayer d’apporter des réponses à ces réalités.
Certes, une campagne électorale sert à « gagner des voix » en essayant de convaincre les électeurs. Pour cela, il faut élever les consciences en donnant à voir ce que l’on propose, expliquer, apporter des arguments pour qu’ils se démultiplient, s’amplifient et fassent la différence.
Mais l’essentiel n’est pas là. Je crois davantage à la richesse de l’écoute, de l’échange simple, de cette imprégnation qui nous oblige à réfléchir ensemble aux solutions à apporter. C’est ce que nous avons notamment fait vendredi soir à St-Pourçain-sur-Sioule, avec le président du conseil général de l’Allier, sur ce que pourrait être une politique agricole régionale. Passionnant, enthousiasmant même. Le Forum du 20 février a justement pour but de faire converger et établir la synthèse de nos multiples échanges citoyens.
Je me mets à rêver d’une région où le pouvoir autoritaire d’un homme serait remplacé par un vrai travail d’équipe fondé sur le respect mutuel. Un travail collectif qui serait alimenté à feu continu par un bouillonnement citoyen porteur de réflexions et de propositions concrètes.
Arriverons-nous pour cela à faire bouger suffisamment le socle électoral des deux partis dominants ? Pourrons-nous créer le rapport des forces nécessaires pour mettre en œuvre une nouvelle façon de faire de la politique ? Le citoyen auvergnat « osera »-t-il le Front de Gauche et un nouveau Président de région porteur des valeurs d’une gauche de combat ? Il nous reste quatre semaines. Quatre semaines pour confirmer que l’enjeu ne se limite pas aux listes UMP et PS. Quatre semaines pour faire grandir le rassemblement que nous avons crée en le maintenant en dehors des chamailleries politiciennes si éloignées des enjeux de ces élections régionales et de l’exigence de transformer la société.
Quatre semaines pour bouger les montagnes d’Auvergne !