Refuser l’échec de la gauche : trois batailles prioritaires

Publié le par André Chassaigne

 

 Avec la situation économique et sociale dramatique que connaissent toute l’Europe et notre pays, la gauche est placée devant ses responsabilités. Trois enjeux politiques déterminants se dessinent, qui nécessitent de mettre toutes les forces progressistes, et celles du Front de Gauche, au service d’un vrai changement.

 Le premier, c’est celui du traité européen Sarkozy-Merkel et de sa règle d’or. Ce « coup d’Etat à froid », décrypté par Patrick Le Hyaric dans son dernier ouvrage « L’Europe des peuples nous appelle », est le véritable cheval de Troie de l’austérité généralisée. Il nous faut mobiliser sur le contenu de ce texte, sur ses implications dramatiques pour la vie future des Européens. Nous avons besoin d’expliquer le plus clairement possible la contradiction totale entre ce qui figure dans ce texte, c’est-à-dire le corset budgétaire à durée indéterminée imposé par la Commission européenne aux Etats, et la volonté affichée par les différents gouvernements européens de relancer la croissance et l’emploi. De la rue jusqu’au Parlement, cherchons avec le Front de Gauche le rassemblement le plus large des citoyens, avec comme première exigence, la tenue d’un référendum.

 Le deuxième, c’est celui de l’emploi, avec le besoin de réponses urgentes face au chantage des responsables des grands groupes, de leurs actionnaires et des marchés financiers. Poussons très loin l’exigence de mesures législatives sur l’interdiction des licenciements boursiers, en faveur de nouveaux droits pour les salariés, et de nouveaux outils financiers de développement. Nos députés et sénateurs du Front de Gauche ont déjà travaillés sur plusieurs textes avec des mesures immédiatement applicables. Cherchons des majorités populaires et politiques pour avancer dans ce sens dans les semaines et mois à venir.

 Le troisième, c’est celui de la relance budgétaire et de la refonte fiscale, avec le débat à venir sur le projet de loi de finances pour 2013, en cherchant à aller beaucoup plus loin que les premières intentions du Président de la République.

 Sur ces trois enjeux politiques essentiels, nous n’avons aucune raison valable de renoncer à porter nos exigences dans le débat public, dans le mouvement social et dans les institutions. Les millions de voix du Front de Gauche, les Françaises et les Français, n’attendent pas de nous d’être des spectateurs impuissants, voire des soldats adoptant la « position du tireur couché » face à la ligne social-libérale d’un Gouvernement de gauche. Ne serais-ce d’ailleurs pas l’objectif d’un Gouvernement qui rêve d’être totalement libre de ses mouvements ? Au contraire, je crois qu’il nous faut poursuivre et amplifier, avec les citoyens, avec le mouvement social, avec les élus locaux et les parlementaires, le mouvement d’appropriation de nos propositions, initié au cours des deux dernières campagnes électorales. Il nous faut user de tous les moyens pour être utiles, pour prouver que le changement est possible, avec la volonté féroce de faire avancer des mesures concrètes pour changer la vie dès maintenant. Alors que le MEDEF et les privilégiés de la fortune mènent un lobbying intense pour affaiblir toute dynamique de progrès social, notre travail de fond devient une condition essentielle pour modifier les rapports de force… et refuser l’échec de la gauche.

 

Chronique publiée dans le journal La Terre.

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