Rejet de l’amnistie sociale : où sont passées les valeurs de la gauche ?

Publié le par André Chassaigne

 Le 27 février dernier, la majorité de gauche au Sénat avait adopté la proposition de loi d’amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux et d’activités syndicales, déposée par les sénateurs communistes, républicains et citoyens. À l’issue de ce vote au Sénat, la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, soulignait que les parlementaires avaient fait « œuvre de justice ».

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 En effet, cette proposition de loi défendue par les parlementaires du Front de gauche vise à rendre justice à celles et ceux qui ont décidé d’agir pour sauver leurs emplois et leurs entreprises. Elle vise à faire un geste en direction des salariés en lutte. Elle vise à donner raison aux militantes et militants qui ont agi pour le droit au logement ou la défense des services publics. L’amnistie que nous avons proposée ne concernait pas les atteintes aux personnes. Elle concerne en revanche ces agents et syndicalistes d’EDF qui ont refusé de couper l’électricité à des familles précaires ; elle concerne ceux qui se sont opposés au licenciement d’une intérimaire handicapée ; elle concerne ces fonctionnaires de Roanne qui ont tagué des slogans sur la voie publique pendant un mouvement sur les retraites ; elle concerne ce jeune syndicaliste du Gard qui a jeté un œuf sur les grilles d’une préfecture ; elle concerne cette jeune employée de PSA qui a élevé la voix contre un huissier ; elle concerne ce cheminot qui a donné un coup de pied dans un objet en direction d’une voiture de police ou encore ces syndicalistes qui ont refusé de se soumettre à des tests ADN. Nous sommes ici bien loin des caricatures véhiculées par la droite et par le patronat, et que le Gouvernement a choisi de relayer, selon lesquelles les syndicalistes ou les militants associatifs seraient de dangereux criminels !

 En deux mois pourtant, la position des socialistes sur l’amnistie sociale est passée de l’approbation au Sénat à un rejet pur et simple en commission à l’Assemblée. Nous l’avons répété : pour enterrer une proposition de loi, il faut le renvoyer en commission. Cette procédure, votée par la majorité des députés socialistes à l’Assemblée ce jeudi 16 mai, a ainsi permis d’éviter de se prononcer sur le fond, alors que près de 80 députés étaient prêts à voter le texte, contre le souhait du gouvernement. En colmatant cette brèche dans la majorité gouvernementale, elle bloque de plus la navette parlementaire en empêchant un retour au Sénat.

 Oui, il s’agissait bien de faire « œuvre de justice ». Car derrière cette loi d'amnistie se jouait d’abord la condamnation de la politique sarkozyste, dont la brutalité avait été soulignée par toute la gauche. Ce rejet en commission marque ainsi un criant désaveu des valeurs de la gauche, en cédant à la rhétorique de la droite et du MEDEF.

 Dans la tempête des plans de licenciements et des suppressions d’emploi abusives, le Gouvernement, loin de porter secours au monde du travail, continue à faire le choix de la pensée libérale. Le Chef de l’Etat vient quant à lui de réaffirmer son cap : l’austérité. Dans la tourmente, la gauche ne peut pas et ne doit pas abandonner celles et ceux qui se sont battus face au MEDEF et à la droite, et qui agissent aujourd’hui pour le bien commun et pour la relance économique de la France.

 

Chronique publiée dans le journal La Terre. 

 

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Intervention générale lors de l'examen de la proposition de loi d’amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux et d’activités syndicales, le 16 mai 2013 à l'Assemblée nationale

 

Retrouvez tout le dossier sur cette proposition de loi, ici. 
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C
Le FDG doir être beaucoup plus offensif sur l'Europe. Il lui faut désormais oser affronter courageusement la question suivante: vaut-il mieux moins d'Europe plutôt que cette Europe-là?
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M
La Commission pour nous enterrer , pour nous rendre invisibles et criminels , là c' est la goutte déjà trop plein du vase débordant . Le changement dans la continuité libérale en ultra<br /> réactionnaires des bourgeois de droite et de gôche . Sûr ils ont le pouvoir et nous le font sentir avec un tel mépris de suffisance que la fracture est telle et définitive , nous n'avons plus aucun<br /> lien avec ces casseurs de vie décente , et que si ils pensent qu' ils ont gagné leur guerre de classe , que tout est dit dans ce "meilleur des mondes" c' est à Nous , forces vives du peuple citoyen<br /> en mouvement de s' opposer et d' être aux commandes , mais quel boulot tant ils surfent sur nos divisions et sur l' intox distillé sur toutes les lucarnes et radios en boucle : pas d' alternative<br /> que de l' alternance avec souvent les contre -réformes des droites avalées et aggravées par ce social-libéralisme un machin issu de cette social-démocratie qui se peint en rose tout en se déclarant<br /> socialiste. A quand notre peuple votera avec enthousiasme en s' impliquant pour notre rassemblement ? Là ça urge.<br /> Ces "élites" de classe possédantes ne sont après tout qu' une poignée et normal nous ne pouvons que grandir par la lutte , les mobilisations , les actions , les revendications urgentes et le vote à<br /> la fois sanctionnant les mutants et construire ensemble unis pour des objectifs concrets. Là sur le banc des Ministres les petits sourires méprisants seraient ravalés.
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